la Nuit de la Saint-Sylvestre

Sylvester

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame de Lupu-Pick et Carl Mayer, avec Eugen Klöpfer (le patron du café), Edith Fosca (sa femme), Frieda Richard (sa mère), Harbacher, Julius E. Hermann, Rudolf Blümmer.

  • Scénario : Carl Mayer
  • Photographie : Guido Seeber, Karl Hasselmann
  • Musique : Klaus Pringsheim
  • Pays : Allemagne
  • Date de sortie : 1923
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 529 m (environ 57 min)

Résumé

Pendant le réveillon de la Saint-Sylvestre, dans l'arrière-salle d'une brasserie berlinoise où les clients font bombance, un violent conflit éclate entre la mère et l'épouse du cabaretier : celui-ci, objet de la jalousie maladive des deux femmes, finit par se suicider.

Commentaire

Cette « tragédie de la nuit » s'ouvre par un carton qui présente sobrement l'intrigue et les trois personnages : « L'homme écartelé entre les tendances tyranniques et jalouses de la femme et de la mère ». Aucun sous-titre ne vient rompre le déroulement des images, la progression du « suspense ». C'est l'apogée du « Kammerspiel », pendant exact du Dernier des hommes de Murnau (mais sans le génie visuel de celui-ci). Les trois unités sont scrupuleusement respectées : tout se joue un 31 décembre, autour de minuit, dans le décor clos d'un café populaire. Plutôt que d'expressionnisme, on parlera de naturalisme, en raison de l'appesantissement de la caméra sur les accessoires de la vie quotidienne (fourneau, miroir, pendules…), rompu à intervalles réguliers par des plans symboliques de mer démontée ou de cimetière, censés traduire la tourmente intérieure du personnage central. Tout cela, qui a bien vieilli, frappa durablement les contemporains. Jean Epstein y vit un exemple achevé de narration filmique, apte à décrire « un pôle des passions humaines ».