tournoi des Six-Nations ou tournoi des 6 Nations
Compétition annuelle de rugby qui oppose, depuis 2000, l'Italie et les pays de l'ancien tournoi des Cinq-Nations, créé en 1910 : Angleterre, Écosse, Irlande, pays de Galles et France.
1. Fonctionnement du tournoi
Le tournoi des Six-Nations se dispute chaque année, opposant les équipes d'Angleterre, d'Écosse, d'Irlande, du pays de Galles, d’Italie et de France, qui se rencontrent chacune une seule fois. Le cas de l’Irlande est particulier : les joueurs de l’Irlande du Nord, britanniques, jouent avec ceux de l’Irlande du Sud, indépendante, défendant ainsi un pays qui n’existe pas. Traditionnellement, les lieux de rencontre changent chaque année, les hôtes de l'année précédente devenant les visiteurs l'année suivante. Chaque équipe jouait deux fois à domicile et deux fois à l'extérieur, mais cette égalité de traitement a pris fin avec le passage à six équipes lorsque l'Italie a rejoint le tournoi en 2000. Une victoire vaut 2 points, une défaite 0 point et, en cas d'égalité, chaque équipe marque 1 point. La différence entre les points marqués et les points encaissés (le goal-average) départage les équipes ayant obtenu le même nombre de points. Le grand chelem récompense l'équipe qui a battu tous ses adversaires. On décerne la « cuillère de bois » à l'équipe qui a perdu tous ses matchs.
2. Historique du tournoi
2.1. La plus ancienne compétition internationale de rugby
La plus ancienne et la plus célèbre des compétitions internationales de rugby a commencé avec la première rencontre entre nations britanniques, remportée par l'Écosse devant l'Angleterre, en 1871 (ce match conserve une aura particulière puisqu'il donne lieu, chaque année, à la mise en jeu de la Calcutta Cup entre les deux équipes). Cette rencontre faisait suite à la fondation de la Football Rugby Union. Mais c'est seulement à partir de 1883 que le fameux tournoi prend forme, sous le nom d’International Championship, en opposant tout d'abord les quatre nations britanniques (Angleterre, Écosse, Irlande, pays de Galles). La Triple Couronne est alors décernée à l’équipe qui remporte ses trois matchs.
2.2. 1910 : le Tournoi s'ouvre à la France
En 1910, le Tournoi s'étend à la France. Malgré une victoire précoce sur l’Écosse dès 1911, à Colombes, par 16 à 15, la première période internationale du rugby français est marquée par de très lourdes défaites, l'équipe de France manquant de joueurs d'expérience. Les incidents du match France-Écosse du 1er janvier 1913 au parc des Princes, où l'arbitre anglais échappe de peu au lynchage par une foule vengeresse qui avait mal apprécié la subtilité des règles britanniques, provoquent une crise grave et une première rupture avec l'Écosse.
Cette époque est dominée par le pays de Galles, qui réalise le grand chelem (c'est-à-dire remporte tous ses matches dans le tournoi des Nations) en 1908, en 1909 et en 1911, et par l'Angleterre, auteur d'un même exploit en 1913 et en 1914. Le tournoi est interrompu de 1915 à 1919, à cause de la Première Guerre mondiale. Après 1918, le rugby connaît un développement considérable en France. Le rassemblement à Joinville des meilleurs joueurs sous les drapeaux permet de remarquables progrès, notamment chez les trois-quarts, où René Crabos, F. Borde et Adolphe Jauréguy sont considérés comme les meilleurs spécialistes d'Europe. Les victoires de 1920 à Dublin (première victoire à l’extérieur), de 1921 à Inverleith (Écosse), le match nul de 1922 à Twickenham illustre cet après-guerre. Un déclin se manifeste ensuite, qui est suivi d'une remontée. En 1927, la France bat l’Angleterre pour la première fois. Plusieurs évènements vont mettre un terme à cette embellie.
2.3. 1931 : la France est exclue du Tournoi
En 1930, un match heurté, disputé un état d’esprit déplorable, entre Gallois et Français, et plus généralement les brutalités nombreuses dans le championnat de France, ainsi que le professionnalisme à peine voilé de certaines équipes, amène les Britanniques à rompre en 1931 (entraînant l’exclusion de la France du Tournoi). Le professionnalisme entraîne la dissidence des plus grands clubs, créant une fédération rivale, l'Union française du rugby amateur, fidèle au code de l’éthique britannique. La génération sacrifiée, d’où ressort le nom de Max Rousié, est alors contrainte de disputer des matchs sans intérêt contre l’Allemagne ou l’Italie. Cet entre-deux-guerres voit la domination de l'Écosse (avec les rudes avants de J. M. Bannerman et ses fameux trois-quarts I. Smith et G. P. S. MacPherson), cinq fois vainqueur de 1920 à 1929, et de l'Angleterre, conduite par l'avant-aile W. Wakefield. Celui-ci, après avoir battu le record des sélections, devient lord Kendal. Dans cette équipe anglaise, qui devait terminer dix fois en tête de 1920 à 1939, on remarque tour à tour la paire de demis W. Davies et C. A. Kershaw ainsi que les avants A. T. Voyce, R. Covesmith, J. S. Tucker et C. N. Lowe.
Les relations entre les Français et les Britanniques ne vont reprendre qu'en 1939, après que l'unité ait été refaite en France et que le championnat ait été supprimé par le congrès de la F. F. R.
2.4. Les années 1950 et 1960 : la France au sommet
Après l’interruption du fait de la Seconde Guerre mondiale, la France réintègre le Tournoi l’année de la reprise, en 1947, et affirme sa maturité, en l'emportant pour la première fois au pays de Galles, à Swansea, en 1948, et en Angleterre, à Twickenham, en 1951 : il a fallu attendre un demi-siècle pour que la France obtienne une victoire qui la place parmi les meilleures nations mondiales. Le XV de France est alors bien près de terminer à la première place, qu'il obtient enfin en 1954, ex-aequo avec le pays de Galles. Les avants Robert Soro, A. Moga, Jean Prat, G. Basquet et Jean Matheu avec les demis de mêlée Yves Bergougnan et Gérard Dufau marque particulièrement cette période. Sur le plan international, c'est surtout le pays de Galles (qui réalise le grand chelem en 1950 et en 1952) et l'Irlande (auteur d'un semblable exploit en 1948) qui se distingue. Les Gallois possèdent alors de remarquables lignes arrière avec H. Tanner, W. B. Cleaver, K. Jones, B. Williams, J. Matthews, et les Irlandais des avants généreux, K. Mullen, J. W. McKay ainsi que J. S. McCarthy et aussi un des plus grands demis d'ouverture de l'histoire du rugby, J. Kyle.
Le tournoi 1954, où la France partage la première place avec l'Angleterre et le pays de Galles, marque l'avènement du rugby français. En 1955, la France s'impose pour la deuxième fois à Twickenham. Après avoir battu les Springboks en Afrique du Sud pour leur première grande tournée en 1958, les Français, conduits par un de leurs plus grands capitaines, Lucien Mias, remportent seuls, enfin, le tournoi 1959 grâce à une suprématie totale d'un jeu d'avants remarquablement organisés et disposant de riches individualités, comme Alfred Roques, Roger Vigier, Aldo Quaglio, Bernard Momméjat, Jean Barthe, François Moncla, Michel Celaya, Michel Crauste en avants, Pierre Danos, R. Martine, Maurice Prat, Jacky Bouquet, Jean Dupuy et Michel Vannier à l'arrière.
Sur sa lancée, tour à tour sous le capitanat de François Moncla, de P. Lacroix, de Michel Crauste, de Christian Darrouy et de Christian Carrère, le XV de France remporte encore le tournoi en 1960 (avec l'Angleterre), en 1961, en 1962 et en 1967, avant de réussir son premier grand chelem en 1968, ce qui l’arrime définitivement au gotha du rugby mondial, et de terminer encore en tête en 1970 (avec le pays de Galles). Il dispose toujours d'avants d'une rare qualité athlétique et d'une grande aisance dans le jeu à la main (avec Amédée Domenech, A. Gruarin, Benoît Dauga, André Herrero et Walter Spanghero) ainsi que de lignes d'arrières de talent (Pierre Albaladejo, André et Guy Boniface, Jean Gachassin, Pierre Villepreux, Jo Maso, Lilian et Guy Camberabero).
2.5. Les années 1970 : la domination galloise
Devant cette montée française, seule l'Angleterre, avec sa grande équipe de 1957 et de 1958, celle des D. Marques, de P. G. D. Robins, de C. R. Jacobs, de J. D. Currie, de D. Jeeps, de J. Butterfield, de P. Jackson, avait fait front. C’est ensuite l'ascension galloise, avec les succès accumulés en 1966, en 1969, en 1970, 1971, 1975, 1976, 1978 et 1979. Le Tournoi de 1972 n’a pas fait l’objet d’un classement, l’Écosse et le pays de Galles ayant refusé de se rendre en Irlande pour cause de guerre civile. Cette année-là a lieu la dernière rencontre à Colombes, l’occasion d’une victoire contre l’Angleterre. Les matchs suivants ont eu lieu au Parc des Princes. Le Tournoi de 1973 se termine par une curiosité : les cinq équipes ayant toutes gagné et perdu 2 matchs, elles se retrouvent à égalité.
Cette période des années 1970 est marquée par le jeu très élaboré des Gallois, les premiers à adopter un système collectif de préparation pour leur équipe nationale et qui dispose d'atouts de premier ordre avec une paire de demis exceptionnelle, Gareth Edwards et Barry John, auquel succède Phil Bennett, le phénoménal pilier Graham Price, des trois-quarts bien menés par J. Dawes et un arrière offensif aux prodigieux moyens athlétiques, J.P.R. Williams.
2.6. Les années 1980 : les hommes de Fouroux
Seule l’équipe de France a pu alors résister au pays de Galles, en s’appuyant sur un pack exceptionnel autour de Jean-François Imbernon, Gérard Cholley, Michel Palmié, Robert Paparemborde, Jean-Pierre Rives, Jean-Pierre Skrela, et emmenée par un capitaine à poigne, Jacques Fouroux, au grand chelem en 1977, avec les quinze mêmes titulaires et sans encaisser un seul essai, s'imposant notamment 4-3 à Twickenham.
Les années 1980 sont dominées par la France, qui l’emporte à six reprises, réalisant deux grands chelems, en 1981 et en 1987 (avec ces deux années une victoire à Twickenham). L'équipe de France, entraînée désormais par Jacques Fouroux, possède d’excellentes lignes arrières menées par Philippe Sella (qui marque un essai par match en 1986) et Patrice Lagisquet pour les trois-quarts et par l'arrière Serge Blanco – considéré comme le meilleur au monde à ce poste. Les victoires écossaises sont rares et le grand chelem réussit par cette équipe en 1990 est à signaler, avec des joueurs comme le troisième ligne John Jeffrey et l’arrière Gavin Hastings, digne successeur du grand Andy Irvine. Le début des années 1990 voit le retour au premier plan de l’Angleterre, qui s’appuie sur la botte de Rob Andrew à l’ouverture, derrière un pack formidable emmené par le géant Peter Winterbottom qui peut fournir de bons ballons aux talentueux Will Carling, Jeremy Guscott et Rory Underwood : l’équipe empoche deux grands chelems d’affilée, en 1991 et en 1992. L’équipe de France sélectionnée par Pierre Berbizier remporte le Tournoi en 1993, année où un classement officiel est instauré.
Entraînée par la paire Skrela-Villepreux, la France réussit ensuite deux grands chelems, en 1997 (en battant les Anglais à Twickenham) et en 1998 (en écrasant les Gallois 51 à 0 à Wembley), année où le Stade de France prend le relais du Parc des Princes. Le premier tournoi des Cinq-Nations féminin a lieu en 1999. Chez les hommes, l’Écossais Greg Towsend marque un essai par match.
2.7. 2000 : l'arrivée de l'Italie dans le Tournoi
L’Italie s’immisce dans le concert des nations en battant en 1997, à Grenoble, la France, alors auréolée de son grand chelem : les Italiens se rapprochent du Tournoi, qu’ils rejoignent en 2000. Pour ce premier Tournoi des Six-Nations, ils battent l’Écosse chez eux. L’Angleterre est présente avec des victoires en 2000, 2001 et 2003, cette dernière assortie d’un grand chelem, en s’appuyant sur la solidité de Martin Johnson à la touche et de Lawrence Dallaglio en troisième ligne et sur l’immense talent de Jonny Wilkinson à l’ouverture. La France maintient son rang, avec quatre victoires dont deux grands chelems, en 2002 et en 2004, dans une époque marquée par la rigueur défensive prônée par son sélectionneur Bernard Laporte (en fonction de 1999 à 2007) et s’appuyant sur des joueurs de devoir comme Fabien Pelous, le plus capé des joueurs français.
Le Tournoi devient de plus en plus un spectacle et s’ouvre à un nouveau public. La France améliore ses installations en inaugurant le centre international du rugby de Linas-Marcoussis en 2002. En 2004, on assiste au premier match en nocturne, au Stade de France, contre l’Angleterre. La fin de la décennie voit le réveil du pays de Galles, qui remporte deux fois le tournoi, assorti de deux grands chelems, après une décennie de disette, en 2005 et en 2008, avec une équipe emmenée par l'ailier Shane Williams. En 2009, l'Irlande réussit le grand chelem, qu'elle attendait depuis 1948, avec O'Gara à l'ouverture et les talentueux D'Arcy et O'Driscoll en trois-quarts, et l'Italie décroche sa quatrième cuillère de bois (cinq matchs, cinq défaites) en dix Tournois. Pour la première fois, un match est joué un vendredi soir. En 2010, pour ses 100 ans de présence dans le Tournoi, la France remporte le neuvième grand chelem de son histoire, avec notamment Sylvain Marconnet et Sébastien Chabal. En 2011, L'Italie bat la France pour la première fois. En 2013, pour la première fois depuis le début du tournoi des Six-Nations, la France termine à la dernière place.
3. Le palmarès du tournoi des Six-Nations (ex tournoi des Cinq-Nations)
Le palmarès du tournoi des Six-Nations
RUGBY : TOURNOI DES SIX-NATIONS (TOURNOI DES CINQ-NATIONS JUSQU'EN 1999) | |
Palmarès | |
Année | Vainqueur |
1910 | Angleterre |
1911 | pays de Galles |
1912 | Angleterre et Irlande |
1913 | Angleterre |
1914 | Angleterre |
1920 | Angleterre et Écosse |
1921 | Angleterre |
1922 | pays de Galles |
1923 | Angleterre |
1924 | Angleterre |
1925 | Écosse |
1926 | Irlande et Écosse |
1927 | Écosse et Irlande |
1928 | Angleterre |
1929 | Écosse |
1930 | Angleterre |
1931 | pays de Galles |
1947 | pays de Galles et Angleterre |
1948 | Irlande |
1949 | Irlande |
1950 | pays de Galles |
1951 | Irlande |
1952 | pays de Galles |
1953 | Angleterre |
1954 | Angleterre, France et pays de Galles |
1955 | France et pays de Galles |
1956 | pays de Galles |
1957 | Angleterre |
1958 | Angleterre |
1959 | France |
1960 | France et Angleterre |
1961 | France |
1962 | France |
1963 | Angleterre |
1964 | Écosse et pays de Galles |
1965 | pays de Galles |
1966 | pays de Galles |
1967 | France |
1968 | France |
1969 | pays de Galles |
1970 | France et pays de Galles |
1971 | pays de Galles |
1972 | classement non établi (deux rencontres non jouées) |
1973 | Angleterre, Écosse, France, pays de Galles, Irlande |
1974 | Irlande |
1975 | pays de Galles |
1976 | pays de Galles |
1977 | France |
1978 | pays de Galles |
1979 | pays de Galles |
1980 | Angleterre |
1981 | France |
1982 | Irlande |
1983 | Irlande et France |
1984 | Écosse |
1985 | Irlande |
1986 | France et Écosse |
1987 | France |
1988 | France |
1989 | France |
1990 | Écosse |
1991 | Angleterre |
1992 | Angleterre |
1993 | France |
1994 | pays de Galles |
1995 | Angleterre |
1996 | Angleterre |
1997 | France |
1998 | France |
1999 | Écosse |
2000 | Angleterre |
2001 | Angleterre |
2002 | France |
2003 | Angleterre |
2004 | France |
2005 | pays de Galles |
2006 | France |
2007 | France |
2008 | pays de Galles |
2009 | Irlande |
2010 | France |
2011 | Angleterre |
2012 | pays de Galles |
2013 | pays de Galles |
2014 | Irlande |
4. Le grand chelem dans le tournoi des Six-Nations (ex tournoi des Cinq-Nations)
Le « grand chelem » est le fait de remporter tous les matchs du tournoi.
Le grand chelem dans le tournoi des Six-Nations
RUGBY : GRANDS CHELEMS DANS LE TOURNOI DES CINQ-SIX-NATIONS | |
Angleterre | 12 grands chelems : |
pays de Galles | 11 grands chelems : |
France | 9 grands chelems : |
Écosse | 3 grands chelems : |
Irlande | 2 grands chelems : |