savane

(espagnol sabana, du taïno zavana)

Savane
Savane

Formation végétale propre aux régions chaudes ayant une saison sèche marquée, telles que les régions tropicales au sens strict du terme, et caractérisée par la dominance des hautes herbes. (On distingue la savane boisée, la savane arborée, la savane arbustive et la savane herbeuse, par ordre décroissant de densité du peuplement.)

Flore et faune

Les graminées (Androgon, Penisetum, Imperata, Aristida...) à structure xéromorphe occupent une place importante, même en forêt claire ; leur taille, en moyenne de 1 m (Pennisetum purpureum, plus de 2 m), est réduite dans les régions très sèches, où l'on trouve même alors parfois des plantes annuelles. Les arbres, absents ou rares, comme dans les campos d'Amérique du Sud, sont quelquefois abondants (campos cerrados brésiliens) : on arrive à la forêt claire si les arbres deviennent contigus ; on trouve en Afrique des légumineuses (acacias, Albizzia, Prosopis), des Celtis, des Combretum, des Butyrospermum (B. Parkii, le karité), des Adansonia digitata (le baobab), des balanites et des palmiers comme les roniers (Borassus flabellifer), les Hiphoene et les Mauritia, en Australie des eucalyptus, en Asie des Dipterocarpus et en Nouvelle-Calédonie le niaouli (Melaleuca leucodendron). Ces arbres ont, comme les herbes, une structure xéromorphe : les feuilles, caduques (perte des feuilles généralement au cours de la saison sèche), sont ordinairement coriaces, bien adaptées à la sécheresse (faible transpiration) ; les troncs sont bas et tortueux, une écorce épaisse les protège des incendies de la saison sèche et le système radiculaire est extrêmement important (en profondeur comme en surface), même pour les plantes relativement petites (Andira humilis). Toutes des espèces de la savane, tant herbacées que ligneuses, ne sont pas, le plus souvent, proches parentes de celles des peuplements forestiers contigus. Il en est de même pour la faune, très abondante, qui est nettement différente de celle des forêts voisines : des herbivores capables de déplacements rapides (antilopes, girafes, buffles, rhinocéros, éléphants et zèbres), et des grands fauves carnivores vivant à leurs dépens (tigres d'Asie, panthères et lions d'Afrique) ; marsupiaux en Australie ; oiseaux coureurs, telles les autruches et les outardes ; rapaces ; lézards, serpents et insectes (sauterelles, fourmis, termites : les termitières font partie intégrante des paysages de savane). Certaines sauterelles migratrices, en masses énormes, sont l'aliment prépondérant des oiseaux et des reptiles.

Localisation

La savane se développe entre les zones arides (déserts, steppes), d'une part, et les forêts intertropicales, d'autre part, sous un climat tropical à longue saison sèche. Elle se trouve aussi dans des régions plus pluvieuses, soit parce que le sol est trop pauvre pour permettre le développement d'une forêt, soit parce qu'elle succède à une forêt défrichée. Dans les régions à alternance de saison sèche et de saison pluvieuse, la première impose le repos de la végétation, mais, dès qu'elle se termine, les herbes se développent rapidement et les réserves d'eau du sol sont généralement trop faibles pour permettre aux arbres de subsister. L'extension actuelle de la savane déborde très largement le cadre géographique naturel dans lequel elle se trouverait confinée sans l'intervention de l'homme : par l'incendie des herbes, à la fin de la saison sèche, celui-ci redonne au sol des éléments fertilisants, mais le feu condamne la forêt dans tous les milieux où elle est en équilibre précaire.

Les savanes du monde (Afrique, Amérique du Sud, ouest de l'Inde, Australie) couvrent des étendues beaucoup plus vastes que celles des forêts tropicales. Les savanes se rencontrent jusqu'à des altitudes élevées : 3 000 m au mont Cameroun et même 4 000 m dans les Andes au nord de l'équateur (paramos).

Des taches de savanes alternent ainsi avec la forêt dans certaines régions du globe soumises à un climat de type tropical humide (Venezuela, Guyanes, Trinité, Veld). La savane est limitée par la forêt humide, toujours verte, du côté de l'équateur ; à l'opposé, elle s'étend jusqu'à la brousse à épineux. Elle couvre de vastes étendues en Afrique, notamment dans le bassin congolais, dans les régions intérieures encerclées dans la boucle du Niger et dans la région des lacs ; elle occupe des espaces restreints en Asie (sud de l'Arabie, péninsule du Deccan) et en Australie (une bande au S. de la zone forestière qui borde le littoral septentrional du continent). Enfin, la savane est bien développée sur le continent américain, tant au Brésil qu'au Venezuela et dans les Guyanes.

L'exploitation par l'homme

Dans les régions de savane, l'homme se fait souvent éleveur, mais l'élevage traditionnel des bovins dans le cadre tribal, tel qu'il est pratiqué en Afrique, au S. du Sahara, n'a rien de commercial ; il correspond beaucoup plus à une forme de capitalisation et à une manifestation de richesse qu'à une source de revenus. Au contraire, les grands élevages de l'Amérique du Sud, de l'Australie et de l'Afrique australe prennent souvent un caractère spéculatif. Les cultivateurs des régions de savane situées en Afrique et en Inde pratiquent une agriculture extensive, axée sur une céréale vivrière de base, le mil, à laquelle s'ajoute souvent une culture commerciale (arachide et coton en Afrique). L'exploitation se fait sous forme de culture itinérante sur brûlis, les champs étant rapidement abandonnés à une longue jachère. Les villages des pays de savane rassemblent à proximité des points d'eau des paillotes de torchis ; auprès des champs, parfois très éloignés, sont installés de petits hameaux, souvent temporaires, et de simples abris. Cultivateurs, éleveurs ou chasseurs, les hommes de la savane utilisent les feux de brousse pour défricher leurs champs, pour faire brouter à leurs troupeaux, à la saison sèche, les touffes basses du regain (qui poussent après le passage du feu), ou, simplement, pour forcer le gibier. Mais la multiplication de ces feux nuit à la végétation et entraîne la détérioration des sols, condamnés à la latéritisation, c'est-à-dire à l'apparition d'une cuirasse dure formée par accumulation, cristallisation et déshydratation d'oxydes de fer, qui ne permettent plus la régénération de la forêt, la savane herbacée pouvant alors seule subsister.