révolution des œillets
Insurrection militaire qui mit fin au régime dictatorial au Portugal, le 25 avril 1974.
Au Portugal, en 1974, la révolution des œillets abolit, sans effusion de sang, le régime de Marcelo Caetano, issu de la dictature de Salazar. Le Portugal était alors un pays aux structures archaïques, doté d'une puissante police politique – la PIDE – et qui refusait d'accorder l'indépendance à ses anciennes colonies. Or, au sein même des forces armées, grandissait un sentiment de malaise : nombre d'officiers engagés à partir du début des années 1960 contre les rebelles angolais, guinéens et mozambicains jugeaient impossible de gagner ces guerres coloniales, et l'idée de restaurer la démocratie au Portugal tout en octroyant l'indépendance aux colonies gagna du terrain parmi eux. Certains de ces officiers mirent alors sur pied une organisation secrète, le Mouvement des forces armées (MFA), dont le but était de rétablir la démocratie – et non de fomenter un coup d'État puisqu'il ne s'agissait pas de remplacer un pouvoir dictatorial par un autre. Les conjurés s'assurèrent la neutralité bienveillante du plus titré des généraux portugais, Antonio Spínola, ancien gouverneur de Guinée-Bissau ; en 1974, celui-ci fit paraître un livre, le Portugal et son futur, qui entraîna son limogeage le 14 mars, ce qui illustre le blocage de la société portugaise de l'époque.
L'insurrection fut déclenchée le 25 avril 1974 à 0 h 30. Le signe de ralliement des conjurés était un œillet rouge, fixé à la boutonnière, qui devint le symbole de cette révolution. Le MFA annonça dans la journée du 25 avril qu'il avait pris le pouvoir, demandant à la police et à l'armée de ne pas quitter leurs casernes, tandis que la population de Lisbonne en liesse envahissait les rues. Le Premier ministre, invité à abandonner le pouvoir, fut exilé, tandis que le général Spínola assuma dans un premier temps la direction d'une junte composée de sept officiers supérieurs. Dès le 26 avril, les prisonniers politiques furent libérés, tandis que la Direction générale de la sécurité et la PIDE furent supprimées. La révolution des œillets apparut ainsi comme un modèle de passage de la dictature à un régime démocratique, même si la suite des événements, et notamment la tentative de coup d'État du général Spínola, en 1975, montra que les tendances dictatoriales n'avaient pas totalement disparu.