image d'Épinal
Gravure à usage populaire, de style assez naïf, dont Épinal a été l'un des principaux centres de fabrication ; présentation qui donne d'un fait une version simpliste et exagérément optimiste.
Art populaire né au xve s., l'imagerie recouvre la production de gravures sur bois (xylographies) ou sur métal (aux xviie et xviiie s.) et de lithographies, largement coloriées et destinées surtout au public illettré des campagnes. Jusqu'au xixe s., les motifs religieux (ayant valeur de protection) ou à caractère didactique dominent, remplacés sous Napoléon par des sujets à résonance politique ou sociale, faisant de l'imagerie un puissant véhicule idéologique auprès des masses.
Avec la diffusion, après 1815, de la « légende napoléonienne », Épinal s'imposa, en France, comme le centre le plus important, éclipsant la production de villes comme Strasbourg, Lille, Orléans, Chartres. Vendues autrefois par les colporteurs qui couraient villes et campagnes avec un chargement varié (allant du livre au ruban, en passant par des images ou chansons en tout genre), les images d'Épinal donnent une idée des goûts et de l'imagination populaires.
Les images en couleurs de Pellerin
Jean Charles Pellerin (1756-1836) fut le premier à imprimer et à vendre en série de telles images, et comme il les fabriquait à Épinal, (chef-lieu du département des Vosges), on leur donna le nom d'« images d'Épinal ».
Jusqu'à la Révolution française, les fabricants d'images n'avaient pas le droit d'utiliser de caractères d'imprimerie en fonte ; aussi, les figures et les mots étaient-ils d'abord gravés sur des planches de bois, que l'on enduisait d'encre (xylographie), puis, plus tard, sur des plaques de pierre (lithographie). Rarement en noir et blanc, les images ainsi obtenues étaient le plus souvent colorées au pochoir, en trois ou quatre couleurs : rouge, bleu, jaune et brun.
L'évolution des thèmes
Les premières images, réalisées peu de temps avant la Révolution française, avaient un caractère essentiellement religieux, issu de la tradition populaire. Puis apparurent des sujets qui s'inspiraient des événements de la Révolution, et de la chute de la royauté. Avec le Concordat (1801) qui réconcilia l'Église et l'État, les images de la Vierge et des saints retrouvèrent la faveur du public.
Mais, à côté de ces thèmes pieux, les scènes de la Révolution et de l'Empire continuèrent à connaître un très vif succès, et en particulier celles des batailles : la campagne d'Égypte (pyramides), la bataille d'Austerlitz, la retraite de Russie, etc. Ajoutons qu'à partir de cette époque, plusieurs séries de planches soigneusement coloriées représentèrent, avec un grand souci d'exactitude, toute la gamme des uniformes militaires français et étrangers : chasseurs à cheval, grenadiers, cuirassiers, hussards, infanterie française, cavalerie turque, Bédouins, Tartares, etc. Mais le retour de la censure en 1835 favorisa l'apparition d'autres thèmes : scènes de genre, portraits de saints, histoires édifiantes.
Enfin, les romans à succès, les récits populaires et les événements de la vie quotidienne furent autant de sources d'inspiration pour les illustrateurs d'Épinal : des sujets tels que Paul et Virginie ou le Retour du soldat ne pouvaient que plaire à une clientèle populaire curieuse, essentiellement composée d'adultes, et rarement alphabétisée.
Très artisanale à ses débuts, l'imagerie d'Épinal allait se transformer peu à peu en une véritable industrie, dont la production devait être diffusée dans de nombreux pays. Bien que des ateliers semblables se soient ouverts dans d'autres villes de France (Paris, Orléans, Rennes, Toulouse, par exemple), et d'Europe, la capitale incontestée de l'imagerie est toujours Épinal, où les Pellerin se sont succédé de père en fils. Le musée international de l'Imagerie, situé dans l'île de la Moselle, rassemble de précieux témoignages.