identité
(bas latin identitas, -atis, du latin classique idem, le même)
Caractère permanent et fondamental de quelqu'un, d'un groupe, qui fait son individualité, sa singularité
PHILOSOPHIE
Sens de l’identité
La confrontation entre le mot identité, l’adjectif identique et le participe passé identifié permet de clarifier le sens du substantif identité.
Identité et identique semblent s’opposer : est identique ce qui est semblable à autre chose ; or, le mot identité, dans son emploi politique et social, signifie ce par quoi l’on différencie une communauté d’une autre ou un individu d’un autre. Par ailleurs, identité et identifié relèvent de la même logique : la différence, qui constitue l’identité, repose toujours sur ce qui est propre et exclusif à un être ; il faut donc que celui-ci soit identifié par un caractère qui le singularise. La relation entre similitude et différence s’éclaire : un être est différent d’un autre si ses caractères propres sont stables et connaissables ; il est donc différent s’il est semblable à lui-même : son identité avec lui-même lui permet d’être identifié par différence d’avec les êtres dont il est distinct ; il est identifié parce qu’il est identique à lui-même et non pas identique aux autres.
Enjeux politiques et idéologiques
La question de l’identité s’est posée chaque fois qu’un individu ou un groupe a eu besoin de faire valoir ses droits propres contre une puissance hégémonique. Les identités régionales ont été revendiquées au cours du xixe s. en réaction contre le jacobinisme centralisateur. Les identités autochtones ont pris davantage conscience d’elles-mêmes dans la période de la décolonisation. De nos jours, la question de l’identité se fait brûlante dans les sociétés dites « multiculturelles ». Le modèle républicain est jugé par certains comme inadapté au pluralisme de fait comme aux légitimes revendications du droit à la différence. En effet, la citoyenneté républicaine est très éloignée de la considération de l’identité des individus concrets : l’égalité de droit, l’égalité devant la loi, fait abstraction des caractéristiques particulières des individus. Qu’ils soient homme ou femme, jeune ou âgé, noir ou blanc n’intervient en rien dans le fait qu’ils participent également à l’exercice de la souveraineté. Dans cette logique, chacun a le droit d’être différent, mais personne n’a le droit à la différence. Par définition, la différence ne fait l’objet d’aucun droit particulier : le droit, en égalisant, rend possible la liberté individuelle dans le cadre de la loi. Ainsi, du point de vue de ce modèle républicain, considérer que la différence est objet de droit revient à octroyer des privilèges ou, pire, suppose une intrusion du politique dans la sphère privée.
Toutefois, les circonstances concrètes et les nouvelles visions du monde semblent imposer un changement de point de vue : il n’est plus possible de faire l’économie des travaux des ethnologues qui ont montré à quel point il existe une diversité de coutumes et pratiques ; en conséquence, aucune manière de construire sa relation à l’autre et au monde ne peut prétendre valoir universellement. Il faut donc faire droit à la différence et promouvoir une reconnaissance juridique des différentes communautés, quand bien même leurs pratiques seraient contradictoires.
L’intitulé du ministère « de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement », créé en 2007, a mis en évidence une ambiguïté de l’idée d’identité. Cette notion peut être rattachée à des logiques contraires : elle peut être associée à une revendication libertaire de la diversité comme elle peut être le fondement d’un discours patriotique, voire nationaliste. Cette ambiguïté tient pour une large part au fondement de l’identité : son sens varie en fonction de ce qui la fonde.
Le défi politique contemporain est sans doute d’articuler entre elles les différentes formes de l’identité. Telle est la problématique de l’intégration.
PSYCHOLOGIE
Très souvent, l'identité sociale se crée au contact avec un autre groupe, qui rend l'appartenance à son propre groupe saillante et qui, du fait de son existence même, provoque chez l'individu des processus d'identification. On peut citer le cas extrême de groupes (minoritaires) qui se définissent même en assumant les stéréotypes du groupe majoritaire à leur égard. De façon générale, le sentiment d'appartenir à un groupe conduit l'individu à exagérer les différences par rapport à des individus d'autres groupes et à minimiser les différences entre individus d'un même groupe. Il en résulte un comportement spécifique à l'intérieur du groupe (intra-groupe) et entre groupes (inter-groupes), si bien que le sentiment d'appartenir à une catégorie sociale est suffisant chez l'individu pour produire un comportement caractéristique de cette catégorie.