corporatisme

(de corporation)

Doctrine qui, répudiant à la fois l'individualisme et le collectivisme, est fondée sur l'organisation des professions en organismes permanents et institutionnels qui élaborent des décisions sanctionnées par les pouvoirs publics et qui sont représentés auprès du gouvernement.

Une idéologie anticapitaliste

Dès le début du xixe s., des doctrinaires, chrétiens ou socialistes, regrettent la suppression des associations corporatives décidée par la Révolution française. Mais leurs aspirations positives demeurent assez vagues et, de 1830 à 1848, il sera davantage question de ressusciter les compagnonnages ouvriers que les corporations d'Ancien Régime.

En Grande-Bretagne, après l'adoption des lois de 1824-1825 favorisant le développement des Trade Unions, un certain corporatisme de fait se rétablit. En France, certains se prononcent contre le capitalisme libéral en faveur d'un patrimoine corporatif, idée à laquelle le comte de Chambord, prétendant au trône de France, se montre favorable. Ces diverses influences y aboutissent à la théorie du « corporatisme d'association », professé par les fractions les plus importantes du mouvement catholique social.

Une idéologie d'extrême droite

Après la Première Guerre mondiale, le fascisme italien définit et entreprend de réaliser un corporatisme d'État, dont la formule est très différente du corporatisme professé par la tradition catholique sociale ; il n'ira d'ailleurs jamais très loin sur la voie des réalisations. Le Portugal de Salazar, l'Autriche de Dollfuss et Schuschnigg se veulent corporatifs : dans les deux cas, les affirmations l'emportent sur les réalisations.

En France, le corporatisme déborde le cadre du catholicisme social et gagne les idéologies de droite fascisantes pour devenir une tendance du régime de Vichy. Dans le secteur industriel, la Charte du travail présente un projet assez poussé d'organisation corporative, mais qui ne sera pas mené à terme. En revanche, la corporation paysanne, rapidement réalisée, fonctionne, jusqu'à sa suppression, en 1944, par le Gouvernement provisoire de la République.