Arènes de Lutèce

Monument gallo-romain (le plus remarquable de Paris, avec les thermes de Cluny), construit aux alentours de l'an 200, et découvert lors du percement de la rue Monge (Ve arrondissement), à partir de 1869.

LE PLUS ANCIEN MONUMENT DE PARIS

Édifié vraisemblablement à la fin du ier s. après J.-C., cet amphithéâtre était implanté à l'écart de l'agglomération, sur le versant oriental de la montagne Sainte-Geneviève, dominant la Bièvre et, plus loin, la Seine.

Ce type d'édifice à double usage, arène et théâtre, est particulier à la Gaule ; celui de Lutèce est le plus vaste (environ 130 m sur 100 m) et le plus représentatif. Grâce aux restitutions de J. Formigé et aux études de P.-M. Duval, on peut se faire une idée de l'ensemble de cette construction en pierre calcaire de la région parisienne, bien qu'il en reste peu de chose : des trente-cinq gradins supposés, aucun n'a été retrouvé. Comparable, avec un étage en moins, aux arènes de Nîmes ou d'Arles, l'arène parisienne pouvait contenir plus de dix mille personnes (alors que la ville ne comptait que vingt mille habitants) et était pourvue d'une façade percée de 41 baies séparées par des demi-colonnes ; deux grandes entrées en plan incliné donnaient accès à l'intérieur de l'arène proprement dite (ou cavea) à l'ovale irrégulier (56 m x 48 m) ; un mur de podium en faisait le tour, surmonté d'un parapet (ou balteus) ; cinq réduits y étaient aménagés dont trois, auprès des grandes entrées, pouvaient être des cages à animaux. Interrompant les gradins, la longue scène (41 m) était creusée de neuf niches qui avaient pour effet d'améliorer l'acoustique et de participer au décor dont on a retrouvé de nombreux fragments.

Il serait plus précis de parler d'amphithéâtre à scène pour désigner les arènes de Lutèce. En effet, les gradins étaient interrompus (côté Est) par une scène de théâtre et l'ensemble pouvait ausi bien convenir aux jeux du cirque et aux jeux de la scène, pour des raisons d'économie et peut-être de mélange des genres.

HISTOIRE

Les grandes invasions de la seconde moitié du iiie s. marquèrent le début de la ruine du monument : certaines de ses pierres de taille furent alors prélevées pour servir aux fondations de l'enceinte de l'île de la Cité. Au début du ive s., des sépultures furent installées dans les ruines de l'arène qui devint ainsi une petite nécropole païenne. Le site sera peu à peu effacé, enseveli pour longtemps, en particulier par les terres de remblai du fossé recreusé au xive s. autour de l'enceinte de Philippe Auguste.

Jusqu'au milieu du xixe s., on ignorait toujours l'emplacement exact des arènes ; on en avait gardé le souvenir par des textes anciens et la toponymie (le lieu fut appelé longtemps clos des Arènes). Avec les travaux d'Haussmann, le percement de la rue Monge et le lotissement des terrains riverains allaient mettre au jour ces vestiges en 1869.

La conservation et la restauration de ce monument de l'occupation romaine ne se firent pas sans mal : la Compagnie générale des omnibus occupait le terrain et il fallut attendre 1883 (et le soutien de Victor Hugo et de Victor Duruy) pour entreprendre une deuxième vague de fouilles. Entre 1915 et 1918, on entreprit un nouveau dégagement et la restauration définitive du monument.

Le tiers occidental de l'amphithéâtre est aujourd'hui effacé par les constructions de la rue Monge et, malgré une restauration paradoxalement un peu excessive, il faut à présent beaucoup d'imagination pour se représenter les arènes telles qu'elles étaient. Derrière la scène, des éléments lapidaires d'édifices gallo-romains ont été rassemblés, provenant de l'enceinte de la Cité dans laquelle ils avaient été réemployés.