Papouasie ou Papouasie-Occidentale

de 1969 à 2002, Irian Jaya

Papous, Mount Hagen
Papous, Mount Hagen

Province d'Indonésie depuis 1969, occupant la partie occidentale de la Nouvelle-Guinée.

  • Superficie : 422 000 km2
  • Population : 3 612 854 hab. (recensement de 2010)
  • Chef-lieu : Jayapura

La moitié occidentale de la Nouvelle-Guinée, deuxième île au monde (884 000 km2) après le Groenland, constitue la plus vaste des provinces indonésiennes : le quart de la totalité du pays. Cependant, avec moins de deux millions d'habitants, elle n'en représente que 1 % de la population, et sa densité moyenne (4 habitants par km2) n'est pas le centième de celle de Java. La répartition des hommes est inégale : les puissantes montagnes et les hauts plateaux du Nord, qui culminent à 5 039 m au Puncak Jaya (plus haut sommet de l'île, et de l'Asie du Sud-Est), concentrent la plupart des autochtones, désignés sous l'appellation de Papous, quoiqu'ils aient toujours vécu divisés en des dizaines de peuples relativement isolés et utilisant chacun leur propre langue. Pratiquant depuis des millénaires une agriculture sur brûlis apparentée au jardinage, ils vivent de patates douces, d'ignames, de taro, de maïs ; le principal élevage est celui du cochon, également unique signe de richesse. Le Sud est occupé par une vaste plaine mal drainée, malsaine ; ce qui, en climat équatorial, signifie désert humain. L'humidité est partout élevée, et une épaisse forêt primaire couvre encore l'essentiel du territoire, partiellement protégé du déboisement par les difficultés de communication : il n'y a ni chemin de fer, ni axe routier praticable en permanence. Les quelques infrastructures modernes se concentrent autour des rares bourgades côtières (dont la moins médiocre est Jayapura), elles-mêmes mal reliées entre elles. Plus de 240 aéroports de campagne parsèment l'intérieur, souvent entretenus par les missions chrétiennes. Les villes et les zones minières ont vu s'installer des centaines de milliers de transmigrants (spontanés ou encadrés par l'État) venus pour l'essentiel de Java. Ils formeraient aujourd'hui le tiers de la population, et occupent la plupart des postes administratifs et des emplois du commerce.

Le bois (généralement non travaillé), les produits de la mer (thons, crevettes…) et, plus encore, les productions minières (pétrole, or, nickel, cuivre surtout) constituent l'essentiel des exportations provinciales. Mais celles-ci ne rentrent que pour 3 % environ dans celles du pays. Elles n'enrichissent guère la population, tout en participant à la destruction de l'environnement : la pollution issue de la gigantesque mine de cuivre Freeport provoque en 1994 des manifestations durement réprimées (une soixantaine de tués), et en retour la montée en puissance de l'Organisation de la libération papoue (Organisasi Papua Merdeka, OPM).

La lutte pour l'indépendance

L'Organisation de la libération papoue (OPM) lutte les armes à la main pour l'indépendance de l'Irian, ancienne colonie néerlandaise placée par l'ONU sous administration indonésienne en 1963, sous le nom d'Irian Bayat.

En 1969, une consultation électorale truquée a entraîné son rattachement à l'Indonésie sous le nom d'Irian Jaya (« Irian victorieuse »). La chute du président Suharto, en 1998, permet un début de liberté d'expression, et l'élargissement d'emprisonnés. En décembre 1999, en signe d'apaisement envers le mouvement indépendantiste papou, l'Irian Jaya est rebaptisé Papua.

Ce mouvement, pacifique, réunit en 2000 un congrès de 3 000 représentants qui réclame un référendum sur l'indépendance du territoire. Le président du présidium papou, Theys Eluay, est arrêté et traduit en justice. En novembre 2001, il est assassiné par des militaires indonésiens, qui sont condamnés deux ans plus tard à des peines de prison relativement légères.

Une loi de janvier 2002 officialise le nom de Papua et l'autonomie spéciale qui lui est accordée mais l’année suivante, sa partie la plus occidentale en est séparée, une décision vivement contestée, prise en violation du statut d’autonomie, destinée notamment à diviser les indépendantistes et finalement entérinée avec la création officielle de la seconde province de Papouasie occidentale (Papua Barat) en 2007. L'armée renforce sa présence dans la région, procédant à plusieurs reprises à des arrestations dans les rangs du mouvement séparatiste (OPM et « armée de libération ») qui cherche avec difficulté à attirer l'attention de la communauté internationale tandis que l'apparition de milices et l’escalade de la violence font craindre une évolution comparable à celle du Timor oriental.

En mars 2006, à Jayapura, la répression d'une manifestation demandant la fermeture de la mine de cuivre et d'or de Freeport fait ainsi plusieurs morts et une quarantaine de Papous se réfugient en Australie, suscitant des tensions entre ce pays et l'Indonésie.

Marquées par l’appel au boycott de certains groupes indépendantistes et des heurts avec la police, les élections législatives d’avril 2009 se soldent par la forte progression (plus de 19 % des voix en Papouasie, à égalité avec le Golkar) du parti démocrate de S. B. Yudhoyono qui recueille 74 % des suffrages au scrutin présidentiel de juillet dans les deux provinces. Mais celui-ci reste sourd aux offres de discussion réitérées après ces élections par la West Papua National Coalition for Liberation (WPNCL), la nouvelle organisation (basée au Vanuatu) fédérant depuis avril 2008 une vingtaine d’associations politiques et civiques.