les Kabylies ou la Kabylie
Ensemble de massifs (Djurdjura), de vallées (Soummam) et de bassins littoraux du nord-est de l'Algérie.
Les Kabylies sont en contact à l'Ouest avec la Mitidja et la région d'Alger, au Nord avec la Méditerranée, au Sud avec les Hautes Plaines algéroises et constantinoises, à l'Est avec la région des collines et bassins des confins algéro-tunisiens. Les Kabylies constituent des régions aux reliefs variés et très contrastés, où de hautes montagnes (telle la chaîne calcaire du Djurdjura, en Grande Kabylie, qui culmine à 2 308 m) se trouvent à proximité immédiate de grands bassins intérieurs, comme la vallée de la Soummam, ou de bassins littoraux, comme ceux de Bejaia, de Jijel, d'Annaba... Très humides, surtout sur les massifs les plus élevés, les Kabylies portent encore de vastes forêts, souvent dégradées, notamment quelques forêts de cèdres dans le Djurdjura, des forêts de chênes verts en Petite Kabylie. De tradition, les Kabyles sont des ruraux, arboriculteurs (figuiers et oliviers), céréaliculteurs (orge et blé) et éleveurs (moutons et chèvres). À l'Ouest, en Grande Kabylie, la langue et les coutumes berbères ont été conservées jusqu'à nos jours ; les hommes vivent dans de gros villages agglomérés sur les lignes de crête ; l'arboriculture constitue traditionnellement l'activité principale, complétée par le commerce et l'artisanat, surtout l'artisanat d'art (bijouterie). À l'Est, au-delà de la coupure de la vallée de la Soummam, en Petite Kabylie, ou Kabylie des Babors, l'arabisation s'est imposée aux dépens du vieux fonds berbère ; plus dispersée, dans des hameaux de clairières, la population vit plutôt de la céréaliculture et de l'élevage.
Mais cette distinction ancienne entre Grande Kabylie berbérophone et Petite Kabylie arabophone tend à s'effacer sous des influences plus modernes. En outre, un puissant mouvement d'émigration a entraîné vers les villes la majeure partie des hommes adultes, d'abord vers la France et vers Alger ou Constantine, ensuite dans les villes en voie d'industrialisation aux portes mêmes de la Kabylie (Alger et Constantine encore, mais aussi Tizi-Ouzou, Bejaia, Jijel, Skikda, Annaba, pour ne citer que les plus importantes). La société kabyle contemporaine vit entre la tradition de ses villages et de ses hameaux (principalement habités par des femmes, des enfants, des personnes âgées, lieux de séjour temporaires pour beaucoup d'hommes) et les nouveaux attraits d'une civilisation urbaine et industrielle, qui se manifestent dans le développement des usines et des services, des équipements et des grands ensembles d'immeubles collectifs. Toujours très peuplées (avec des densités souvent supérieures à 100 ou 200 habitants par km2), les Kabylies n'en ont pas moins très profondément changé après 1950.