écureuil roux

Ecureuil
Ecureuil

Avec sa longue queue en panache, son superbe pelage roux et ses grands yeux vifs et malicieux, l'écureuil roux est l'un des hôtes les plus familiers de nos forêts. Apparu il y a plusieurs millions d'années, ce petit rongeur est aujourd'hui présent dans le monde entier, là où la forêt est susceptible de l'héberger.

Introduction

Regroupant aujourd'hui près de 2 000 espèces, l'ordre des rongeurs fait partie des mieux fournis et des plus répandus de tous les mammifères. Ses origines sont lointaines et mal connues.

Le genre le plus ancien décrit à ce jour est Acritoparamys. Cet ancêtre aurait vécu en Amérique du Nord au paléocène, il y a 70 millions d'années. Ce genre, et surtout la famille des ischyromyidés, à laquelle on le rattache, pourrait bien être la souche commune de tous les rongeurs. À l'éocène, il y a 50 millions d'années, le genre Paramys (que l'on a pu reconstituer dans son intégralité, ou peu s'en faut) présentait déjà les principales caractéristiques de l'écureuil. L'ancêtre direct de l'écureuil semble être une espèce du genre Protosciurus apparue au début de l'oligocène (il y a environ 40 millions d'années). C'est à peu près à cette époque que s'effectue la transition entre la famille des ischyromyidés et celle des sciuridés. Cette dernière rassemble des animaux aussi différents que les marmottes, les chiens de prairie, les écureuils volants américains et asiatiques et les autres écureuils. À cette époque, la dentition des représentants du genre Protosciurus est encore primitive ; en revanche, le squelette et l'oreille osseuse ressemblent à s'y méprendre à ceux de nos écureuils contemporains. Au miocène (il y a entre 30 et 10 millions d'années), le genre Sciurus est déjà présent et certains n'hésitent pas à le qualifier de « fossile vivant ». Ce genre est encore directement représenté aujourd'hui par une trentaine d'espèces ; et les 260 espèces de sciuridés actuelles qui en sont issues se répartissent sur l'ensemble des terres émergées, à l'exception de l'Australie et de l'Antarctique.

L'écureuil roux, Sciurus vulgaris, arboricole, apparaît relativement tard en Europe de l'Ouest, il y a 3 millions d'années. Ce décalage est sans doute imputable aux glaciations, le froid étant propice à la steppe mais non à la forêt, indispensable à cette espèce. D'origine paléarctique, celle-ci n'a colonisé l'ouest du continent qu'au moment où la faune steppique a laissé la place à une faune forestière, avant la dernière glaciation. Elle a survécu en se réfugiant dans les zones boisées du sud du continent, puis a gagné le nord avec le recul des glaces.

L'écureuil roux est aujourd'hui largement répandu dans les forêts françaises, excepté en Corse et dans les îles méditerranéennes.

La vie de l'écureuil roux

Des graines, des baies, et même des œufs

L'écureuil roux vit de préférence à proximité des forêts de conifères, dont son alimentation dépend en grande part. Les graines que l'on trouve à la base des cônes constituent l'essentiel de sa nourriture, à tel point qu'il n'hésite pas à se déplacer pour profiter de la fructification des conifères. Ainsi, une récolte médiocre peut provoquer des migrations massives – généralement de jeunes animaux – sur des kilomètres.

Un menu par saison

L'alimentation de l'écureuil ne se limite pas aux seules pommes de pin. Il sait aussi profiter de ce qu'apporte chaque saison.

Au printemps, il apprécie les tendres rameaux et les bourgeons, ronge l'écorce des jeunes pousses. L'été, il recherche les fruits de la forêt, qu'il s'agisse de baies ou de fruits secs. Grâce à ses dents puissantes, il ouvre les noix comme les noisettes pour en consommer l'amande. Mais il lui arrive aussi de faire quelques entorses à son régime herbivore et granivore.

À l'occasion, il peut s'emparer d'oisillons ou d'œufs reposant dans des nids mal cachés ou mal protégés, ou encore capturer quelques insectes. Cette déviation carnivore n'est pas l'apanage des écureuils mais se rencontre souvent chez les rongeurs quand les autres aliments se font rares.

Un gourmand habile

Un gourmand habile



Pour manger une noisette ou une noix, l'écureuil la saisit avec ses deux mains et ses incisives supérieures, puis il mord dans la coque et la perce avec ses incisives inférieures, qui servent alors de levier pour fendre la coque en deux. On remarque seulement quelques traces de dents en un point précis. Pour les cônes, il faut remarquer que les écureuils les arrachent, alors que les mulots ou les campagnols doivent les ronger pour les faire tomber. Les écureuils laissent généralement quelques écailles non rongées à l'extrémité opposée au point de fixation du cône à la branche.

Une route jalonnée de cachettes

L'écureuil descend fréquemment à terre. C'est en effet au sol qu'il constitue ses cachettes, le plus souvent sur les trajets qu'il emprunte régulièrement. Les écureuils adultes repèrent à l'odorat les cônes qu'ils ont enfouis précautionneusement à 30 cm de profondeur en prévision de l'hiver. Mais il arrive qu'ils oublient parfois l'endroit exact où ils ont amassé les graines ! Comme leurs parents, les petits accumulent et enterrent leurs aliments par un réflexe inné.

L'écureuil peut encore profiter de sa présence au sol pour ramasser les fruits tombés ou pour cueillir quelques champignons, dont il semble apprécier tout particulièrement certaines espèces. S'il descend, c'est aussi pour s'installer sur une souche, où il pourra tranquillement se restaurer d'une pomme de pin ou d'une noisette. L'observation des restes de son repas est riche d'une multitude d'enseignements.

On peut ainsi distinguer le passage d'un campagnol de celui d'un écureuil,  et déterminer si l'animal est adulte ou encore jeune. Le travail de l'écureuil, en effet, est plus grossier que celui des campagnols ; de plus, un jeune écureuil, beaucoup moins habile qu'un adulte, entame le cône par plusieurs côtés, ou perce un gros trou dans une coquille de noix.

De branche en branche

Plutôt solitaires, les écureuils vivent sur des territoires individuels dont la superficie varie, en moyenne, entre 2 et 5 hectares. Il arrive cependant qu'un couple partage un même espace vital. Quand deux adultes vivent séparément, le territoire du mâle est plus grand que celui de la femelle. La surface exploitée par un mâle est de l'ordre de 3 à 5 hectares, alors que celle habitée par une femelle est de 2,5 à 4,5 hectares. Si le mâle occupe réellement toute la superficie de son territoire, on observe que la femelle limite son domaine vital à une partie de celui-ci. Pour un domaine de 3,4 hectares, 1 ou 2 hectares seulement seront activement défendus contre un congénère.

Domaines privés

L'étendue de ces domaines dépend de la proximité d'une forêt et de ses ressources nutritives. Plus les graines sont nombreuses, moins le domaine est grand. Ainsi, les écureuils habitant des forêts de feuillus prospecteront une surface nettement plus vaste que ceux vivant dans une forêt de conifères ou une forêt mixte feuillus-conifères.

Les densités varient autour de un animal par hectare. Cependant, on a observé que, sur des périodes de 5 à 6 ans, ce chiffre change, peut-être en fonction de l'abondance de nourriture. Quel que soit l'habitat, plus les mâles sont puissants, plus ils sont aptes à défendre de vastes surfaces et à entretenir des relations avec un plus grand nombre de femelles en périphérie.

Un logement douillet

Sur chaque territoire, on peut remarquer un ou plusieurs nids, soit intégralement construits par l'animal lui-même, soit aménagés à partir d'un nid abandonné de corneilles ou d'un trou d'arbre.

Ce nid se trouve souvent en haut d'un arbre et peut mesurer jusqu'à 50 cm de diamètre. L'extérieur est composé de petites branches et de feuilles, tandis que l'intérieur est tapissé de mousse et de brins d'herbe.

L'orifice d'entrée se trouve sur le côté du nid et il est le plus souvent fermé. Les nids où mettent bas les femelles et où se replient les écureuils pour affronter les rigueurs de l'hiver ne sont pas essentiellement différents des nids utilisés le reste de l'année. Ils ne présentent que des différences qualitatives, étant plus confortables et mieux entretenus.

Une tolérance relative

Des voisins de sexe opposé sont plus tolérants entre eux que des voisins de même sexe. Les incursions chez les uns et les autres sont alors plus fréquentes.

Au printemps et en été, les mâles parcourent presque tout leur territoire, à la recherche d'une nourriture encore rare et de femelles voisines peut-être en chaleur.

En automne, quand les glands, les faines et les cônes abondent, les écureuils se déplacent beaucoup moins. L'hiver, si la plupart des écureuils terrestres hibernent, l'écureuil arboricole, lui, sort de son nid pour se ravitailler. Il arrive toutefois qu'il soit contraint de rester quelques jours à l'abri, quand le temps devient par trop rigoureux.

Une course effrénée pour séduire

Avec l'arrivée du mois de janvier commence généralement la saison des amours.

La femelle n'est fertile que 1 ou 2 jours par cycle. Lorsqu'elle est en chaleur, elle signale sa présence en laissant des traces d'urine et de sécrétions vaginales sur son territoire. Plusieurs mâles peuvent alors entrer en compétition, voire même s'affronter. Habituellement, le plus fort emporte les faveurs de la femelle. Il tourne alors autour d'elle et se lance dans de longues poursuites dans les branches, ponctuant sa course et ses bonds, souvent spectaculaires, de cris. Au terme de cette cérémonie, la femelle accepte la présence du mâle, et l'accouplement peut avoir lieu.

Chaleur d'hiver

Si le mâle partage le nid un jour ou deux avec la femelle, il l'abandonne totalement pour l'élevage des jeunes à naître. La gestation durant environ 38 jours, la femelle met bas en mars si l'accouplement a eu lieu à la fin de janvier. Les conditions climatiques sont souvent rigoureuses à cette époque de l'année ; toutefois, le nid est bien tempéré. On a enregistré des températures intérieures de + 20 °C, alors que le thermomètre indiquait 0 °C dehors.

Un mois pour voir

Il naît 3 ou 4 petits, nus et roses, pesant de 8 à 12 g chacun. S'ils sont encore peu développés, ils possèdent des membres déjà vigoureux. Le premier pelage apparaît au bout de 10 à 13 jours, et, vers 20 jours, leur corps est totalement couvert de fourrure. Les yeux ne s'ouvrent qu'à l'âge de 1 mois ; 15 jours plus tard, la femelle peut cesser d'allaiter car les petits commencent à explorer les alentours du nid et à ingurgiter leur première nourriture solide. Ils risquent alors d'être confrontés à un problème d'alimentation, les fruits en forêt étant encore rares. Le sevrage est effectif à 8 semaines, et les jeunes quittent alors le nid familial pour s'élancer dans la forêt en quête d'un territoire personnel.

Portée de printemps

Les femelles connaissent une seconde période de chaleur en mai. La portée conçue alors naît en juillet. Les jeunes s'émancipent en septembre, époque où les ressources sont plus abondantes.

Cette génération a un taux de survie plus important que la première. En effet, les nouveau-nés ont le temps de faire des réserves de graisse sous-cutanée et de cacher leur nourriture au pied des grands arbres. Malgré cela, un quart seulement des écureuils atteint l'âge de 1 an, alors que la longévité moyenne de l'espèce est au minimum d'une dizaine d'années.

Pour tout savoir sur l'écureuil roux

Écureuil roux (Sciurus vulgaris)

Animal diurne, l'écureuil roux est toujours sur le qui-vive grâce à ses sens développés. Il a, en effet, une vue puissante et un large champ de vision. Il distingue sans doute les couleurs, tout du moins certaines d'entre elles. Il discerne particulièrement les formes verticales, aptitude essentielle pour ces animaux arboricoles qui doivent estimer avec précision les distances entre les arbres.

Il possède également un excellent sens du toucher, en partie grâce aux vibrisses sensorielles de sa tête, de ses pieds et de la face externe de ses membres.

Son odorat est très puissant : il communique avec ses congénères à l'aide de signaux olfactifs. Il repère sa nourriture par le flair, notamment les graines enterrées à l'automne en prévision de l'hiver.

Le pelage de l'écureuil roux ne permet pas de distinguer le mâle de la femelle (seul l'emplacement des ouvertures anales et génitales les différencie). En hiver, le poil est très dense et sa couleur varie du rouge sombre au gris brunâtre. Les oreilles sont prolongées par des pinceaux de poils bien marqués, puisqu'ils peuvent mesurer de 2 à plus de 3 cm de long. Le dos et la queue sont de la même couleur, tandis que le ventre est plus pâle, blanc ou crème. Le pelage d'été est plus léger, plutôt noisette sur le dessus ; les pinceaux disparaissent des oreilles, et la queue, nettement plus fine, peut être de la même couleur que le dos, ou presque blanche. Les écureuils à queue blanche sont répandus en Grande-Bretagne. Ailleurs en Europe, on rencontre des écureuils roux au pelage très sombre. On parle alors d'animaux mélaniques (caractérisés par la présence de pigments noirs). En Scandinavie, les écureuils arborent trois teintes de pelage : une rouge, une brune et une noire (mélanique). Manifestement, les formes sombres disposent d'une meilleure isolation thermique que les formes rouges, car le sous-poil est plus long, ce qui expliquerait que l'on rencontre plutôt ces animaux sombres dans la zone froide de leur aire de répartition, au nord ou en montagne.

L'écureuil possède des vibrisses. Sur la tête, elles forment quatre ensembles répartis au-dessus et au-dessous des yeux, sous le menton et sur le bout du museau. Les autres vibrisses sont implantées le long du corps de l'animal, en particulier sur les pieds, sur l'extérieur des bras, sous le corps et à la base de la queue. Ces longs poils jouent probablement un rôle essentiel dans l'équilibre général de l'écureuil lors de ses déplacements aériens.

La mue se produit 2 fois par an. Celle du printemps va de l'avant du corps à l'arrière ; celle de l'automne procède en sens inverse. Cependant, les choses sont plus complexes dans le détail. En 1940, un chercheur russe, S.I. Ognev, a divisé le corps de l'écureuil en 23 portions et repéré dans quel ordre muent ces différentes parties. Cela commence par le bout du nez, puis par le tour des yeux, les joues, les pattes, la gorge et les flancs. En automne, c'est la base de la queue qui est la première touchée. Cependant, dans une même région, chaque animal mue à son propre rythme. Les poils du bout des oreilles et de la queue ne changent qu'une fois. Les nouveaux poils commencent à pousser pendant l'été et parfois jusqu'en décembre.

          

ÉCUREUIL ROUX

Nom(genre, espèce) :

Sciurus vulgaris

Famille :

Sciuridés

Ordre :

Rongeurs

Classe :

Mammifères

Identification :

Petit rongeur au pelage le plus souvent roux, blanchâtre sur le ventre ; longue queue touffue et « pinceaux » aux oreilles en hiver

Taille :

De 20 à 25 cm tête et corps ; queue de 15 à 20 cm

Poids :

De 230 à 480 g. Mâles et femelles comparables

Répartition :

Zone tempérée paléarctique. Europe et Asie

Habitat :

Forêts de feuillus et plus souvent de conifères

Régime alimentaire :

Essentiellement granivore

Structure sociale :

Plutôt solitaire et territorial

Maturité sexuelle :

À 1 an

Saison de reproduction :

Janvier-février et mai-juin

Durée de gestation :

38-39 jours

Nombre de jeunes par portée :

De 1 à 10, le plus souvent de 3 à 5

Poids à la naissance :

De 8 à 12 grammes

Longévité :

Environ 12 ans

Effectifs :

Inconnus. Très rare par endroits ; très nombreux ailleurs et de manière cyclique

Statut, protection :

Espèce totalement protégée en France

Remarque :

Encore chassé pour sa fourrure d'hiver dans certains pays

 

Signes particuliers

Tête

L'allure éveillée de l'écureuil est due à sa tête ronde, à ses grands yeux sombres et à ses oreilles aux pavillons mobiles. Le museau n'est pas très long. L'écureuil possède la denture classique des rongeurs, c'est-à-dire 22 dents définies : I : 1/1 ; PM : 2/1 ; M : 3/3. Il faut noter que la première prémolaire supérieure est vraiment toute petite et peut manquer. Seules la seconde et la prémolaire inférieure sont présentes dans la dentition de lait. Elles sont remplacées vers la seizième semaine. Les molaires sont assez aplaties et présentent des crêtes transverses. La mâchoire ne compte qu'une unique paire d'incisives et un diastème important avant les prémolaires, puisque les canines manquent. Les incisives ont une croissance continue tout au long de la vie de l'écureuil et s'usent en rongeant.

Empreintes

Se déplaçant souvent à terre, l'écureuil roux peut laisser des traces de pattes sur la terre ou sur la neige. Les pattes postérieures marquent à l'avant et à l'extérieur des pattes antérieures. Si le sol est vraiment meuble, on peut distinguer l'empreinte des cinq doigts des pattes postérieures et celle des quatre des pattes antérieures. L'empreinte trace un trapèze plus large devant que derrière. Chaque ensemble de traces est séparé du suivant par environ 60 à 150 cm. Les traces mesurent chacune de 3,5 à 5,5 cm. Souvent, elles conduisent d'un arbre à l'autre. Quand l'écureuil évolue au sol, il est rare que la queue laisse des marques car elle est en général relevée. On peut encore observer d'autres traces du passage de l'écureuil. Ainsi, à certains endroits, notamment sur les trajets fréquemment empruntés par l'espèce, l'écorce des arbres, en haut des troncs ou sous les grosses branches, a été grattée.

Pattes

L'écureuil est plantigrade, c'est-à-dire qu'il marche sur toute la plante des pieds, et non sur les seuls doigts. Ceux-ci sont au nombre de quatre aux pattes antérieures, de cinq aux pattes postérieures (le pouce de la main est moins développé que les autres doigts). Tous se terminent par des griffes allongées et incurvées. Les doigts sont mobiles les uns par rapport aux autres. Les pattes elles-mêmes sont plutôt longues et musclées, les postérieures en particulier : leur musculature développée permet l'impulsion initiale lors des sauts ou pour l'escalade.

Les autres écureuils arboricoles

La famille des sciuridés comporte 260 espèces, dont l'écureuil roux, regroupées en 50 genres. Elle est divisée en 2 sous-familles : les sciurinés, composés des écureuils terrestres (10 genres, 92 espèces) et des écureuils arboricoles (26 genres, 131 espèces), et les  ptéromynés ou écureuils dits « volants », en fait planeurs (14 genres, 37 espèces).

Les 6 principaux genres d'écureuils arboricoles sont :

Genre Sciurus

28 espèces dont l'écureuil roux.

Identification : morphologie semblable à celle de l'écureuil roux européen. De 20 à 31,5 cm tête et corps, queue de 20 à 31 cm parfois de couleur différente de celle du dos ; poids de 200 g à 1 kg. Dos et flancs gris ou rouges, ventre le plus souvent clair. Parfois touffes sur les oreilles.

Répartition : zones tropicales d'Amérique, excepté 3 espèces qui peuplent l'Ancien Monde (écureuil roux, S. vulgaris, en Eurasie ; écureuil perçant, S. anomalus du Caucase au Proche- et au Moyen-Orient, et écureuil japonais S. lis au Japon).

Quelques espèces : écureuil gris de l'est des États-Unis, S. carolinensis, très commun dans la moitié est du continent nord-américain. Introduit en Grande-Bretagne à partir de la fin du xixe siècle, il a éliminé l'écureuil roux de presque toute l'Angleterre et du pays de Galles. Écureuil renard, S. niger, très commun aux États-Unis ; et écureuil de Guyane. S. aestuans.

Genres proches : Microsciurus et Sciurillus, qui rassemblent des espèces plutôt petites et assez mal connues d'Amérique du Sud.

Genre Tamiasciurus

3 espèces.

Identification : de 16,5 à 23 cm tête et corps ; queue de 9 à 16 cm ; poids de 140 à 310 g. Pelage roux-brun ; petits pinceaux de poils au bout des oreilles.

Répartition : forêts de conifères mais aussi forêts d'arbres à feuilles caduques ou mixtes. États-Unis et Canada (T. hudsonicus) ; ouest des États-Unis et Californie.

Comportement : arboricoles, passent cependant beaucoup de temps à terre. Nettement diurnes, mais sortent les nuits de pleine lune.

Alimentation : récoltent des cônes de pins et enterrent de nombreuses graines pour l'hiver. Participent à la régénération des forêts, beaucoup de ces graines n'étant jamais consommées.

Statut : au Canada, chaque année, de 1 à 3 millions de T. hudsonicus sont capturés pour leur fourrure. Dans les monts Graham du sud-est de l'Arizona, la sous-espèce T. h. grahamensis (environ 150-200 individus) est menacée par l'exploitation trop intense des forêts et a été classée par l'U.I.C.N. dans la catégorie « en danger critique d'extinction ».

Autres espèces : écureuil de Douglas, T. douglasii (Colombie britannique, Californie, Nevada, Oregon, Washington) et écureuil roux de Basse-Californie, T. mearnsi.

Genre Callosciurus

15 espèces.

Identification : de 12,7 à 28 cm tête et corps, queue de 7,6 à 25,4 cm ; poids de 150 à 500 g ; couleurs toujours très brillantes et vives, variables : blanc, noir, rouge ou tricolore.

Répartition : forêts, mais aussi parcs et jardins. Îles indonésiennes, de Sumatra à Sulawesi (Célèbes), péninsule indomalaise, entre l'Assam à l'ouest, le sud de la Chine à l'est et la Malaisie vers le sud.

Comportement : arboricoles, diurnes et bruyants. Plutôt solitaires, ils vivent parfois en petites familles.

Alimentation : surtout végétarienne, fruits, graines, bourgeons. Les insectes forment une part importante du régime de certaines espèces. Ils sont bruyants et poussent de nombreux cris.

Reproduction : mal connue, sans doute toute l'année avec un pic des naissances entre juin et août pour certaines espèces.

Statut : espèces menacées à terme par la destruction des forêts. Deux espèces classées comme vulnérables par l'U.I.C.N. : C. pygerythrus (Banglasdesh, Birmanie, Chine, Inde et Népal) et C. quinquestriatus (Birmanie, Chine).

Quelques espèces : écureuil de Finlayson, C. finlaysoni, d'un blanc pur étonnant, vit de l'est de la Birmanie au sud du Viêt-nam ; écureuil de Prévost, C. prevostii, tricolore, dessus de la tête, dos, queue et flancs noir de jais ; dessous brun-rouge ; entre les deux, ligne blanc pur ou grise. Se rencontre à Sumatra, Bornéo, à Sulawesi et sur d'autres îles de l'archipel de la Sonde.

Genres proches : écureuils des îles de la Sonde (genre Sundasciurus), et écureuils rayés asiatiques (genre Tamiops).

Genre Funambulus

5 espèces.

Identification : de 7,8 à 11,5 cm tête et corps, autant pour la queue : poids d'environ 200 g ; 3 ou 4 lignes longitudinales claires parcourent le corps, sur le dessus du dos et sur les flancs ; reste du pelage brun avec des nuances ; ventre clair.

Répartition : habitats divers du nord au sud de l'Inde : des forêts denses aux savanes arborées et aux buissons ; on les rencontre tous depuis le Pakistan jusqu'à Sri Lanka.

Comportement : sans doute grégaires ; dans certaines villes indiennes, on peut les voir le matin se chauffer au soleil, les pattes écartées, sur les troncs des gros arbres des parcs et des jardins.

Alimentation : à terre et dans les arbres ; graines, fleurs, bourgeons et quelques insectes. Apprécient le nectar des fleurs du chêne soyeux Grevillea robusta. Jouent peut-être un rôle dans la pollinisation de ces fleurs.

Reproduction : toute l'année, mais en fait 2 ou 3 pics saisonniers des naissances. Jusqu'à 3 portées dans l'année ; de 1 à 5 jeunes par portée (moyenne générale de 3). Gestation de 40 à 45 jours ; sevrage à 2 mois environ.

Quelques espèces : écureuil à 5 raies, F. pennanti, se reproduit entre mars et avril puis entre juillet et septembre dans le Rajasthan ; écureuil palmiste indien, F. palmarum.

Genres proches : les genres Rhinosciurus, Menetes, Lariscus, ou Dremomys, qui regroupent des écureuils d'Asie tropicale, sont assez peu connus.

Genre Ratufa

Les 4 plus grandes espèces d'écureuils arboricoles.

Identification : de 25 à 46 cm de long tête et corps, queue au moins aussi longue. Poids de 1,5 à 2 kg, parfois 3 kg.

Pelage brillamment coloré sans marque ni tache ; soit noir de jais, soit rouge profond, d'autres sont gris ou bruns. Dessous très clair ; oreilles plutôt courtes et rondes ; l'une des espèces, l'écureuil géant gris indien, R. macroura, possède de petits pinceaux de poils au bout des oreilles.

Répartition : depuis l'Inde jusqu'à Bornéo, à travers l'Indochine.

Comportement : animaux puissants, bien équipés pour grimper et sauter entre les branches. Ils descendent peu souvent à terre. Nichent dans des arbres creux mais construisent aussi, pour élever les jeunes, des nids faits de branches, de feuilles et de rameaux, de la taille d'un nid d'aigle. Ils vivent seuls ou par couple.

Alimentation : fruits, écorce, bourgeons, noix, insectes ; parfois œufs d'oiseaux. Ils mangent en tenant leur nourriture dans leurs mains, assis perpendiculairement à une branche, la queue faisant contrepoids à la tête et aux mains.

Reproduction : 2 fois par an ; gestation de 28 à 35 jours. Les jeunes naissent peut-être très peu développés.

Statut : Les 4 espèces sont inscrites à l'annexe II de la Convention de Washington. R. Indica ainsi que deux de ses sous-espèces, R. indica dealbata et R. indica elphinstonei, sont classées « en danger » ; R. macroura est considérée comme « vulnérable ».

Autres espèces : écureuil géant commun ou ratufe dorée, R. affinis (Indonésie, Malaisie, Thaïlande) ; écureuil géant de Malaisie, R. bicolor(Asie du Sud et du Sud-est)

Genre Protoxerus

2 espèces.

Identification : de 22,8 à 33 cm tête et corps ; queue parfois annelée de 25 à 38 cm ; poids de 540 à 730 g. Coloration variable : olive, noire, brun-gris.

Répartition : du Libéria au Ghana (P. aubinnii) ; de la Sierra Leone au Kenya et à l'Angola (P. stangeri).

Comportement : arboricoles, descendent rarement à terre.

Alimentation : noix, graines diverses, fruits. Par endroits, ces écureuils semblent ne consommer que les noix orange du palmier à huile, qui colorent parfois leur pelage en orange, d'où leur nom. Descendent quelquefois à terre ronger des os ou de l'ivoire, peut-être par besoin de matières minérales.

Reproduction : nids dans des trous d'arbres ; 3 ou 4 jeunes par portée. En Afrique de l'Est, on a observé des femelles gestantes de P. stangeri en décembre et en janvier, des femelles allaitantes de décembre à août et de jeunes écureuils en octobre.

Genres proches : Epixerus, Funisciurus, Paraxerus, Heliosciurus.

Milieu naturel et écologie

L'écureuil roux construit de préférence son nid dans les pins sylvestres et l'épicéa commun. En Asie, il est essentiellement attaché aux conifères, alors qu'en Europe du Sud et de l'Ouest, on le trouve davantage dans les forêts mixtes de feuillus et d'épicéas ou de pins. Les forêts où les essences sont mélangées lui apportent une plus grande sécurité alimentaire.

Les densités d'écureuils roux sont très variables selon les secteurs ; certaines sont relativement élevées et d'autres témoignent d'une quasi-disparition de l'espèce sur de larges zones. Ces différences tiennent probablement à de multiples raisons encore inconnues. Parmi elles, le facteur alimentaire est sans doute important, mais certaines épidémies virales pourraient aussi jouer un rôle.

Un ami des forêts

Si l'écureuil roux peut localement provoquer certains dégâts, notamment en abîmant quelques pieds d'arbres, il joue un rôle globalement positif dans l'équilibre général de la forêt. Il est vrai néanmoins que les forestiers ne l'apprécient pas toujours, à cause de la fâcheuse habitude qu'il a d'écorcer les troncs et les branches. Des rubans d'écorce restent souvent accrochés en spirale sur les branches. Les arbres le plus souvent attaqués ont entre 10 et 40 ans. Toutefois, il faut que la densité d'écureuils atteigne 2 animaux à l'hectare pour que les problèmes soient manifestes, et ce cas est relativement rare.

Inversement, l'habitude de l'écureuil roux de cacher des graines et des champignons en les enfouissant dans le sol (à une profondeur d'environ 30 cm) peut être bénéfique pour la forêt. En effet, s'il se rappelle bien les zones de son domaine où les graines sont amassées, en revanche, il lui arrive d'oublier la localisation précise de ses cachettes. En les dissimulant de la sorte, il plante véritablement de nouvelles graines. Les petits mammifères qui ramassent ces graines et les cachent à leur tour dans leur « garde-manger » contribuent au renouvellement des espèces végétales et, au-delà, à la survie de la forêt. On a remarqué que les graines tombent rarement de l'arbre directement sur un sol favorable à leur germination. Le transport auquel se livrent ces animaux est donc de toute première importance. Sur la quantité de graines de cônes qu'un écureuil ramasse, les quelques-unes qu'il consomme sont le prix à payer par l'arbre pour germer, en dépit des a priori que véhiculent les forestiers à son encontre.

Une cohabitation difficile

Dans les forêts de conifères, la présence de l'écureuil roux eurasiatique, comme celle de ses cousins néarctiques des forêts d'Amérique du Nord, est fortement liée à l'espace disponible pour chacun, aux cycles d'abondance des graines d'arbres, et à la concurrence entre les animaux pour profiter de ces ressources. Tous les autres animaux granivores sont dans le même cas. Les geais, les casse-noix, les becs-croisés et certaines mésanges, pour ne citer que quelques oiseaux, consomment beaucoup de graines de conifères. Les années où il y a peu de cônes, ces espèces ne survivent que grâce à leurs particularités alimentaires. Celles qui se nourrissent d'aliments variés, en règle générale, se tirent d'affaire mieux que les autres. On observe le même phénomène en forêt de feuillus, notamment chez les pigeons et les faisans. Les loirs et les lérots peuvent éventuellement consommer les mêmes graines que les écureuils (noisettes, glands, etc.).

En Sibérie, l'écureuil volant eurasiatique (Pteromys volans) est le seul autre écureuil arboricole susceptible de cohabiter avec l'écureuil roux. Du fait qu'il est nocturne, les sources de conflit avec l'écureuil roux sont considérablement réduites. Les seules causes de compétition entre ces deux espèces se limitent aux sites de nidification. L'écureuil volant habite des trous d'arbres. Même si ce n'est pas l'habitude de l'écureuil roux, il peut y avoir changement forcé de propriétaire, le « roux », de dimensions plus importantes, chassant le « volant ».

Enfin, plus généralement, les études américaines sur les espèces de ce continent ont mis en évidence qu'il existe rarement plus de deux espèces mangeuses de graines partageant le même territoire. Si plusieurs écureuils semblent cohabiter, on note que leurs besoins alimentaires sont différents, ainsi que leurs modes de vie ; les risques de conflit sont, par conséquent, fortement réduits.

Une proie très recherchée

Les ennemis de l'écureuil sont légion. Ils peuvent être aériens, arboricoles ou terrestres. Les rapaces, nocturnes ou diurnes, selon les circonstances, peuvent faire de l'écureuil leur proie. C'est le cas du hibou grand duc ou de l'autour. Dans les arbres, la martre peut essayer à son tour de le capturer. Elle est suffisamment habile, et rapide pour y parvenir de temps en temps, même si l'écureuil ne constitue pas l'essentiel de l'alimentation de ce petit mustélidé. Des études faites en Scandinavie donnent des pourcentages variables de consommation d'écureuils par les martres. Les chiffres les plus élevés sont obtenus en hiver et varient de 2 ou 3 % à près de 50 %. Cela dépend aussi de la quantité de proies disponibles. Les poursuites sont souvent spectaculaires, l'écureuil cherchant le salut vers les branches les plus fines. En dépit de son agilité et de sa vélocité, il n'échappe pas toujours à la martre. Parfois, le petit carnivore s'empare de l'écureuil, la nuit, dans son nid. Cette intrusion intempestive se termine souvent par la chute à terre des deux protagonistes avant la victoire finale de la martre.

L'autour est aussi un ennemi redoutable pour l'écureuil. Les oiseaux femelles, plus lourds que les mâles, sont plus aptes à le capturer. Pendant quinze ans d'étude du régime alimentaire de l'autour en Suède, la consommation moyenne d'écureuils a été de 9 % du total de la nourriture rapportée au nid ; le maximum atteint 34 %.

Les captures effectuées par l'un ou l'autre animal ne mettent pas en danger la survie de l'espèce. Outre ces agresseurs, les écureuils peuvent rencontrer, à terre, d'autres ennemis, tels des chats domestiques ou sauvages. Nombre de ces prédateurs sont opportunistes et ne s'attaquent à un écureuil que dans la mesure où il ne leur offre qu'une faible résistance. Leur impact sur la population d'écureuils est négligeable.

L'écureuil roux et l'homme

Un animal presque domestique

La représentation de l'écureuil en petit lutin roux courant dans les branches est bien familière dans nos contrées. Il serait toutefois abusif de résumer l'attitude de l'homme envers les écureuils à ce regard plein de sympathie amusée : certaines espèces sont aussi menacées. Piégé pour sa fourrure en Russie, l'animal fait l'objet de chasses populaires aux États-Unis.

Des animaux malades de la peste

Les écureuils peuvent contracter de nombreuses maladies transmissibles à l'homme. Parmi celles-ci, deux affections bactériennes : la tularémie, infectieuse et contagieuse, et la peste.

La première se répand plus volontiers chez les lièvres, mais peut toutefois être inoculée à l'écureuil. À son tour, l'homme peut être contaminé par la peau, en touchant un animal mort de tularémie. Si la peste ne cause plus de ravages en Europe, elle sévit encore dans divers pays d'Amérique, d'Afrique ou d'Asie. Il est rare que l'homme la contracte par les écureuils. Il faut néanmoins rester vigilant. Les rongeurs commensaux sont bien plus susceptibles de l'attraper. Or, la puce du rat, à la différence de celle des autres mammifères, peut parfaitement se nourrir sur l'homme.

Entrées limitées

Bien que l'on prône la plus grande prudence dès qu'il s'agit d'introduire sur un territoire de nouvelles espèces, cette recommandation n'est pas toujours suivie. Le laxisme en la matière peut se traduire par de graves conséquences pour les espèces déjà installées.

Ainsi, on a constaté en France, au début des années 1970, la présence d'une espèce asiatique sur le cap d'Antibes. Il s'agit de l'écureuil à ventre rouge (Callosciurus erythraeus), . Nul ne sait qui l'a introduit ni quand précisément. Sa présence a été décelée quand sa population a atteint un seuil élevé et alors que de nombreux dégâts étaient déjà commis. Or, la péninsule d'Antibes héberge quantité de jardins, dont une station de recherche de l'Institut national de recherche agronomique (I.N.R.A.), la villa Thuret, peuplée d'arbres du monde entier et de toutes sortes d'essences rares et menacées dans la nature. L'écureuil nouvellement arrivé peut aisément, dans ces conditions, se reconstituer un univers et s'attaquer librement à ces arbres. Si l'écureuil conquiert la sympathie des habitants, il se heurte à l'attitude réservée, voire hostile, des botanistes et des zoologistes, qui craignent de le voir se répandre dans tout le pays. Or on ne sait pas quelles conséquences cette propagation pourrait avoir sur les populations d'écureuils roux.

Par ailleurs, on rencontre en France une autre espèce d'écureuil venue de l'étranger : le Tamias sibiricus de Sibérie. Cet écureuil terrestre, fouisseur et peu différent des espèces arboricoles, s'adapte aisément aux conditions naturelles qui prévalent dans notre pays. L'homme en a fait un animal de compagnie, source d'un important commerce.

À l'occasion des transports, il arrive que se produisent des évasions d'animaux qui ne survivent pas toujours facilement.

Expérience londonienne

Au cœur de Londres, à Regent's Park, le dernier écureuil roux a été aperçu en 1942. En 1984, un projet de réintroduction de l'espèce a été élaboré. La société zoologique de Londres a tenté de l'y réimplanter à partir de 10 animaux capturés en Écosse. Les écureuils ont été sélectionnés en fonction de leur âge : juvéniles, ils sont en effet plus aptes à supporter la capture, le transport et la captivité temporaire. Après examen sanitaire et pose d'un petit collier émetteur, ils ont été libérés dans Regent's Park entre octobre et novembre 1984. Pour ces 3 mâles et 7 femelles, il a fallu imaginer des mangeoires susceptibles de faciliter leur acclimatation. Ils furent mis en présence d'écureuils gris (à raison de 10 roux pour 150 gris) pour étudier leur comportement. Plus de 1 500 rencontres entre les deux espèces ont été observées. Dans la majorité des cas, le gris chasse le roux (80 % des cas quand le gris est adulte ; 60 % quand il est subadulte). Il ne faut pas pour autant en conclure que les roux ont fait l'objet d'une « chasse » particulière, ou qu'ils ont été traqués par les gris, encore moins blessés. Les mâles gris ont paru intéressés par les femelles rousses en chaleur et ont à plusieurs reprises interrompu des parades entre mâles et femelles roux.

Au bout de 20 mois, seuls 2 animaux sur 10 vivaient encore, et aucune reproduction n'avait été enregistrée. La réintroduction est difficile à mener à bien, tant les facteurs à respecter sont multiples. Si l'on compte un animal par hectare, il faut un très vaste espace pour héberger une population stable. De surcroît, un environnement urbain pose de nombreux problèmes, difficiles à surmonter. L'expérience entreprise à Regent's Park les a malheureusement mis en évidence. La circulation automobile a tué 6 des 10 écureuils, un chat s'est attaqué au 7e, le 8e a disparu sans crier gare.

Ami des dieux et des studieux

Quel que soit le motif qu'ils aient pu invoquer, les Européens ont fait preuve, depuis longtemps, de bienveillance à l'égard de l'écureuil. Ainsi les dames romaines de l'Antiquité avaient-elles pour animaux de compagnie des écureuils apprivoisés.

Présent dans de nombreuses légendes populaires et dans les contes de fées, l'écureuil occupe une place importante dans les mythes indiens et germaniques. Dans la légende allemande, le dieu Donar considérait l'écureuil roux comme sacré à cause de sa couleur flamboyante. Dans un conte indien, on raconte qu'un écureuil assèche l'Océan avec sa queue. Les Germains et les Anglo-Saxons le sacrifiaient jadis lors de la célébration des solstices d'été et d'hiver. Et Buffon, dans son Histoire naturelle des quadrupèdes, l'évoque en ces termes : « L'écureuil est un joli petit animal qui n'est qu'à demi sauvage, et qui, par sa gentillesse, par sa docilité, par l'innocence même de ses mœurs mériterait d'être épargné. [...] Il est propre, leste, vif, très alerte, très éveillé, très industrieux ; il a les yeux pleins de feu, la physionomie fine, le corps nerveux, les membres très dispos : sa jolie figure est encore rehaussée, parée par une belle queue en forme de panache, qu'il relève jusque dessus sa tête et sous laquelle il se met à l'ombre. » Ses déplacements sont décrits avec le même enthousiasme : « Il craint l'eau plus encore que la terre, et l'on assure que, lorsqu'il faut la passer, il se sert d'une écorce pour vaisseau et de sa queue pour voile et pour gouvernail ! » Buffon ajoute que le poil de sa queue sert à faire des pinceaux. Inversement, sa peau, dit-il, ne fait pas une bonne fourrure.

Un envahisseur promis à une grande carrière

L'écureuil gris de Caroline, déjà commun au nord-est des États-Unis, a connu une histoire très particulière après son introduction en Europe. Il a été relâché en Grande-Bretagne de 1876 à 1929 au moins.

L'invasion de la Grande-Bretagne par l'écureuil gris est un classique du genre. L'espèce exotique s'est rapidement adaptée à son nouveau pays et les conséquences écologiques de son apparition ont été nombreuses. Dans les forêts britanniques, l'écureuil gris s'est révélé nettement plus ravageur que l'espèce indigène. Les forestiers n'apprécient pas du tout son habitude d'écorcer les rameaux et le haut des troncs d'arbres. Les scientifiques cherchent encore les raisons de ce comportement. Essaie-t-il de recueillir la sève sucrée de certains arbres écorcés ou bien la trop forte densité d'écureuils en ces lieux les empêche-t-elle de satisfaire leurs besoins alimentaires ? Autre hypothèse : les écureuils se « détendraient » en écorçant les arbres !

La seconde conséquence de l'invasion de l'écureuil gris américain a été le recul concomitant de l'écureuil roux indigène. Les spécialistes discutent encore de la vraie raison de la raréfaction de l'écureuil roux, car des données historiques, bien antérieures au débarquement de l'espèce américaine, montrent que ses populations ont considérablement fluctué. L'écureuil roux a disparu d'Écosse et d'Irlande au xviiie siècle. Il a alors été réintroduit, sur 10 sites, en Écosse entre 1772 et 1782, et en Irlande entre 1815 et 1856. Il était très abondant entre 1890 et 1910, mais est devenu rare après 1920, sans accroissement important de ses effectifs depuis. Entre-temps, l'écureuil gris est arrivé. Pour certains, l'écureuil roux aurait commencé à diminuer avant l'arrivée de l'espèce américaine. Une plus fine analyse des faits montre qu'il existe une relation directe entre l'arrivée de l'un et le retrait de l'autre, relation qui connaît des variantes selon les régions anglaises concernées. Aujourd'hui, l'écureuil roux se maintient en Écosse, au nord du pays de Galles, sur l'île de Wight (où le gris n'existe pas) et en quelques rares points d'Angleterre. Par ailleurs, l'infection de l'écureuil roux par un parapoxvirus, dont l'écureuil gris est porteur sain peut être localement à l'origine de sa disparition. En Italie où ce virus est absent, le pillage des réserves de l'écureuil roux par le gris semble le facteur prépondérant.

Tableaux de chasse

Aujourd'hui, dans certains pays, les écureuils sont chassés pour leur fourrure, leurs poils (avec lesquels on fabrique les pinceaux de peintre), ou leur viande. La taïga russe fournit les peaux les plus prisées, que l'on appelle « petit-gris ». Aux États-Unis, deux espèces arboricoles, l'écureuil gris de l'Est, Sciurus carolinensis, et l'écureuil renard, S. niger, font l'objet d'une chasse réellement importante. 40 millions d'écureuils gris, chassés pour leur chair, sont ainsi prélevés chaque année. Malgré ces prises, les deux écureuils sont encore présents sur une large partie de leur aire naturelle. Il n'en demeure pas moins que certaines sous-espèces de l'écureuil renard sont réellement menacées, principalement quand la chasse et le déboisement associent leurs effets. En Europe, cependant, l'écureuil gris est considéré par l'U.I.C.N. comme l'une des 100 espèces invasives les plus menaçantes pour la biodiversité, abîmant notamment l'érable faux platane, Acer pseudoplantanus, et le hêtre, Fagus sylvatica).

Des solutions simples

Outre le respect de la réglementation visant à protéger l'espèce en France, la préservation de celle-ci requiert que l'on accorde la plus grande attention à l'environnement de l'écureuil, à son cadre de vie et de reproduction. Des espaces d'au moins 100 hectares de forêts mixtes sont nécessaires pour maintenir une population viable. Si les écureuils peuvent endommager à l'occasion des forêts, une gestion simple permet d'endiguer le problème. Il n'est, en effet, pas nécessaire de supprimer les écureuils pour contrôler leur population. Ainsi, afin de limiter les effectifs d'écureuils roux, on peut, par exemple, élaguer les grands arbres, réduire leur couronne terminale et abattre les arbres aux fûts élancés, particulièrement convoités pour la construction des nids. On peut, encore, planter des feuillus tels les bouleaux et les saules, ou des essences exotiques, retirer les sources d'alimentation d'appoint comme les mangeoires, ou isoler le secteur favorable à la reproduction de l'espèce. Ces mesures inoffensives s'avèrent efficaces et sont plus respectueuses de l'animal.