Paul Martin

Homme politique canadien (Windsor, Ontario, 1938).

Homme d'affaires et député libéral depuis 1988, il devient ministre des Finances à l'accession au pouvoir de Jean Chrétien en 1993. À ce titre, il met en œuvre une politique économique classique, qui cible, plus que le chômage, l'inflation, les déficits et le poids écrasant de la dette, organise le transfert des responsabilités sociales et donc des dépenses relatives aux provinces, réforme l'État providence dans un sens restrictif, renoue rapidement avec l'équilibre puis les excédents budgétaires et consolide une croissance par ailleurs dopée par l'A.L.E.N.A. et le développement des échanges avec les États-Unis. Considéré comme l'artisan du miracle canadien, il reste le grand argentier des gouvernements Chrétien successifs jusqu'en 2002. Mais la rivalité avec le Premier ministre, qu'il cherche à pousser vers la sortie pour le remplacer, conduit à son limogeage en juin 2002. Dès lors, il s'emploie à conquérir une légitimité d'homme d'État. Promu chef du parti libéral en novembre 2003 à l'issue d'un véritable plébiscite interne, il évince J. Chrétien un peu avant le terme que celui-ci s'était fixé et devient Premier ministre le 12 décembre. Fort des performances économiques du pays, il convoque pour le 28 juin 2004 des élections générales, mais l'éclatement du scandale des commandites – une affaire de détournements de fonds publics pour le compte d'agences de communication proches du parti libéral – l'empêche de gagner celles-ci haut la main, et doit former un gouvernement de coalition minoritaire. Il échoue à réchauffer des relations avec les États-Unis singulièrement refroidies depuis l'invasion de l'Iraq et refuse de participer au programme de bouclier antimissile lancé par G.W. Bush. Bien que blanchi dans l'affaire des commandites par une enquête judiciaire spéciale en novembre 2005, il ne parvient pas à dissiper le parfum de scandale qui entoure son nom et sa formation. Enfin, prisonnier de la composante N.P.D. de sa fragile coalition, il s'engage dans une surenchère subventionniste qui brouille sa réputation d'inflexible austérité et qui dénote un manque de charisme, que sanctionnent les électeurs lors de la consultation anticipée de janvier 2006, conséquence de la motion de censure dont est victime son gouvernement à la fin novembre 2005. Le jeune chef du parti conservateur, Stephen Harper, bien que dépourvu de majorité, mais arrivé en tête, lui succède en tant que Premier ministre, cependant qu'en fin d'année le parti libéral porte à sa tête un autre représentant de la nouvelle génération, en la personne de Stéphane Dion. (→ Canada.)