Naguib Mahfouz

Romancier égyptien (Le Caire 1911-Le Caire 2006).

Naguib Mahfouz est l'un des précurseurs d'un genre nouveau dans la littérature arabe : le roman.

Son approche réaliste de la vie égyptienne moderne et son langage dépouillé lui ont valu d'être l'écrivain contemporain le plus populaire de son pays. Auteur prolifique, son œuvre - qui fut condamnée en 1959 par les autorités islamiques de l'université al-Ahzar - compte plus de vingt-cinq romans, dont sa magnifique Trilogie : Impasse des Deux-Palais, le Palais du désir, le Jardin du passé (1956).

L'œuvre romanesque de Mahfouz est le fruit d'une longue gestation littéraire, qui correspond à quatre périodes marquantes de l'histoire de l'Égypte.

La première est liée à la lutte contre le colonisateur britannique (dans les années 1920). Mahfouz tente de renouer avec ses racines en invoquant l'histoire pharaonique de son pays, sa gloire passée.

La deuxième période – la Seconde Guerre mondiale – connaît les prémisses du réalisme de Mahfouz avec le Caire moderne et Passage des miracles.

La révolution de 1952 inaugure la troisième période et introduit dans la littérature de Mahfouz un genre philosophique ainsi qu'une recherche et une réflexion sur les formes.

Les romans de Mahfouz sont de véritables sagas où évoluent, dans les ambiances chaudes et enfumées du vieux Caire, le petit commerçant, l'intellectuel révolté, le fonctionnaire corrompu, la femme en quête d'une reconnaissance – des héros que Mahfouz, dès son jeune âge, a côtoyés dans les rues du Caire (les Fils de la Médina, 1959 ;le Voleur et les Chiens, 1961 ; le Mendiant, 1965)

Après la défaite de 1967 apparaît chez cet auteur un genre elliptique à travers la nouvelle et le théâtre (Amour sous la pluie, 1973 ; Récits de notre quartier, 1975 ; l'Organisation secrète, 1984).

Nombre de ses œuvres ont été adaptées au cinéma et, en 1988, il fut le premier écrivain arabe à obtenir le prix Nobel de littérature.