Donald, dit Don Cherry

Don Cherry
Don Cherry

Trompettiste de jazz américain (Oklahoma City 1936-? 1995).

En 1959, il rencontre à Los Angeles le saxophoniste Ornette Coleman et commence à travailler avec lui. Élaborant les nouvelles formes de la musique afro-américaine, tous deux contribuent au passage du jazz au free jazz. Don Cherry, qui joue aussi du cornet, de la flûte, du piano et de diverses percussions, a en outre travaillé et enregistré avec les saxophonistes Sonny Rollins, John Coltrane, Gato Barbieri, Steve Lacy, Pharoah Sanders, Albert Ayler et Archie Shepp. Parmi ses enregistrements, il faut citer Complete Communion (1965), Mu (1969), Relativity Suite (1973), Old and New Dreams (1976).

À la fin des années 1950, la rencontre entre ce jeune trompettiste, métis d'origine noire et indienne (sa mère descend des Indiens Choctaw), et le saxophoniste Ornette Coleman sera décisive pour ce qu'on appellera bientôt le free jazz, dont les disques Something Else et Tomorrow Is the Question sont annonciateurs. Ce seront ensuite d'autres fructueuses associations : John Coltrane pour le disque The Avant-Garde (1960, année de l'enregistrement du double quartette Free Jazz) ; Sonny Rollins et Our Man in Jazz (1962) ; Archie Shepp et le New York Contemporary Five (1963) ; Albert Ayler (1964) ; Gato Barbieri et les chaudes nuits parisiennes au Chat-qui-Pêche (1965) ; Giorgio Gaslini pour écriture sérielle et improvisation free (1965 également) ; le Jazz Composers Orchestra et Carla Bley (1968-1971).

Son esprit d'ouverture(s), son goût pour les aventures le conduiront, à partir de 1970, à la recherche d'une musique universelle (« Je suis un musicien du monde »), intégrant dans sa musique des éléments venus d'autres cultures ; c'est ainsi qu'il apprendra et pratiquera des musiques de pays tels que l'Inde avec le Pandit Pran Nath, l'Afrique du Sud, Bali, la Turquie, le Maroc… À l'affût de tous les rendez-vous, gourmand de toutes les expériences, Don Cherry se confrontera avec la même disponibilité aussi bien à Jimi Hendrix et Frank Zappa qu'à la musique contemporaine de Krzysztof Penderecki ou à Lou Reed, au joueur de tablas Ustad Laif Ahmed Khan qu'au saxophoniste camerounais Manu Dibango… Il jouera dans le Liberation Music Orchestra de Charlie Haden et dans le groupe new-wave-jazz-funk Rip, Rig and Panic, en compagnie de sa fille Neneh… Il délaissera volontiers la trompette de poche et le cornet pour le piano, les flûtes, les percussions, avant de retrouver le compagnon de ses débuts, de reformer le quartette de leur premier engagement new-yorkais au Five Spot, de jouer avec l'électrique Prime Time Band en 1987.

Son phrasé à la pocket trumpet (il n'a jamais joué sur une grande) procède soit par petits segments rageurs, souvent propulsés dans le suraigu lors de sa période libertaire, soit par une épuration de la mélodie en revenant de plus en plus à la simplicité du chant, voire de la mélopée (« je ne me suis jamais vraiment considéré comme un trompettiste, je pensais plutôt chanter avec la trompette »). L'œcuménisme qu'il revendique se manifeste de la plus probante façon dans le trio Codona (1980-1984), avec le percussionniste brésilien Nana Vasconcelos et Colin Walcott au sitar et aux tablas.