Pietro Aretino, dit l'Arétin

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain italien (Arezzo 1492 – Venise 1556).

L'Arétin s'est employé toute sa vie à renverser en sa faveur la traditionnelle dépendance des hommes de lettres à l'égard du mécénat des princes. Après avoir séjourné à la cour de Rome, il choisit en 1525 Venise pour sa seconde patrie et parvient à s'assurer un vaste réseau d'appuis. En 1543, il se rallie exclusivement à Charles Quint. La République de Venise ne peut lui épargner, en 1538, un procès pour « blasphème » et « sodomie », mais le protège efficacement contre plusieurs tentatives d'assassinat. Son intelligence critique, sa verve caricaturale et ses dons d'invention linguistique apparaissent surtout dans sa Correspondance. Publiées de 1537 à 1557, les lettres du « fléau des princes » mêlent les billets amoureux ou simplement généreux aux invectives et aux menaces. L'ensemble compose à la fois une chronique scandaleuse de la société courtisane et une déploration morale et esthétique d'une vie fondée sur l'artifice. En revanche, les six « journées » de ses Ragionamenti (1534 et 1536) sont une sorte de somme sociologique de la prostitution romaine au xvie s., à travers des dialogues d'une grande vigueur caricaturale. Dans la même année que les Ragionamenti, l'Arétin publie les Sept Psaumes de la pénitence de David, première d'une longue série d'hagiographies et d'illustrations en prose des textes sacrés, qui préfigurent l'éloquence religieuse du xviie s. Suivront l'Humanité du Christ (1535), la Genèse (1538), la Vie de la Vierge Marie (1539), la Vie de sainte Catherine vierge (1540), la Vie de saint Thomas d'Aquin (1543). On lui doit aussi plusieurs comédies dont le Marescalco 1527, publié en 1533, et surtout la Courtisane. Dans cette œuvre publiée en 1525, l'Arétin brosse une caricature virulente de la cour papale, qu'il atténue dans la seconde version de 1534. Il prolonge ainsi la réflexion critique sur l'institution courtisane, conçue comme phénomène typique d'une société en crise, que lui inspira son expérience de la cour de Rome (Dialogue des cours, 1538 ; Dialogue des cartes parlantes, 1543).