TNP

sigle de Théâtre national populaire

Théâtre subventionné, fondé par l'État en 1920, à l'instigation de Firmin Gémier, qui en fut le premier directeur.

Installé au Trocadéro à Paris, puis au palais de Chaillot, le TNP a été dirigé par Jean Vilar (1951-1963), puis par Georges Wilson (1963-1972). Depuis 1972, son siège est à Villeurbanne, où il est dirigé par Roger Planchon (1972-2002) puis par Christian Schiaretti.

Le TNP-Chaillot

L’appellation Théâtre national populaire fut attribuée de 1920 à 1972 au théâtre situé au « palais du Trocadéro ». Celui-ci fut démoli en 1935, et la salle du nouveau « palais de Chaillot » fut inaugurée en 1937. À partir de 1973, le TNP se décentralisa : son nom fut transféré au Centre dramatique national de Villeurbanne (Rhône), installé dans l'ancienne salle municipale du Théâtre de la Cité. Ces deux changements de lieu obligent à faire la distinction entre le TNP-Chaillot et le TNP-Villeurbanne.

Le premier directeur du Théâtre national populaire fut Firmin Gémier, nommé par l'État en 1920 ; il le dirigea jusqu'à sa mort, en 1933, sans disposer des moyens d'y réaliser son idée d'un « véritable » théâtre populaire. En 1938, Paul Abram fut nommé directeur du « Théâtre du palais de Chaillot » ; de 1940 à 1951, Pierre Aldebert dirigea le « Théâtre national du palais de Chaillot ».

L’ère Vilar

Sur la proposition de Jeanne Laurent, alors directrice des spectacles, Jean Vilar fut nommé, en 1951, directeur du « Théâtre national populaire » rétabli dans sa dénomination première. De 1959 à 1961, J. Vilar lui adjoignit une seconde salle, le Théâtre Récamier. Jusqu'en 1963, date à laquelle il cessa de renouveler son contrat avec l'État, J. Vilar mit en œuvre tout un système de relations avec le public par l'entremise d'associations culturelles, d'abonnements individuels et collectifs, de rencontres, de débats – système sur lequel la décentralisation théâtrale fonctionne encore actuellement. Toutes ces réformes se font sous le sigle du TNP, abréviation qui, peu utilisée auparavant, devient le terme employé par Vilar et les spectateurs. D'abord critiqué (Nucléa d'Henri Pichette et la Nouvelle Mandragore de Jean Vauthier sont des échecs), Vilar est bientôt reconnu dans sa conception du spectateur non comme un usager occasionnel, mais comme un partenaire qui participe à un mouvement d’éducation et de partage culturel.

Des week-ends, des « nuits TNP », des bals sont proposés. Une troupe s'organise, qui comprend Gérard Philipe, Daniel Sorano, Georges Wilson, Jean-Pierre Darras, Philippe Noiret, Roger Coggio, Jean Negroni, Charles Denner, Roger Mollien, Jean Deschamps, Maria Casarès, Lucienne Lemarchand, Germaine Montero, Silvia Monfort, Françoise Spira, Geneviève Page, Christiane Minazzoli, Monique Chaumette. Le répertoire est éclectique, comprenant auteurs français (Corneille, Molière, Lesage, Marivaux, Hugo, Balzac, Musset, Claudel) et étrangers : Shakespeare (Richard II, Macbeth, le Songe d'une nuit d'été), Calderón (l'Alcade de Zalamea), Kleist (le Prince de Hombourg), Pirandello (Henri IV), Tchekhov (Ce fou de Platonov), Brecht (Mère Courage, la Résistible Ascension d'Arturo Ui, la Vie de Galilée), Sean O'Casey (Roses rouges pour moi). L’action du TNP est indissociable de celle du Festival d’Avignon que Jean Vilar dirige de 1947 à 1970 et où il programme souvent les mêmes spectacles.

L’ère Wilson

En 1963, Georges Wilson succède à Vilar à la direction du TNP. En 1967 a lieu l'inauguration d'une seconde salle – la salle Gémier – surtout destinée au répertoire contemporain. Une importante réforme du statut du TNP s'effectue en 1969. Avec G. Wilson, le choix des programmes est essentiellement orienté vers un répertoire moderne : Gorki (les Enfants du soleil, 1963), Friedrich Dürrenmatt (Romulus le Grand, 1964), John Osborne (Luther, 1964), Brecht (Maître Puntila et son valet Matti, 1964 ; Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, 1966), Giraudoux (la Folle de Chaillot, 1965), Armand Gatti (Chant public devant deux chaises électriques, 1966), Sean O'Casey (Poussière pourpre, 1968), Julius Hay (Dieu empereur et paysan, 1966), Tankred Dorst (la Grande Imprécation devant les murs de la ville, 1967), Kateb Yacine (Les ancêtres redoublent de férocité, 1967), Louis Guilloux (Cripure, mise en scène de Marcel Maréchal, 1967), Martin Walser (Chêne et Lapins angora, 1968), Philippe Adrien (la Baye, mise en scène d'Antoine Bourseiller, 1968), Jean-Paul Sartre (le Diable et le Bon Dieu, 1968), Marguerite Duras (l'Amante anglaise, mise en scène de Claude Régy, 1968).

Après le départ de G. Wilson en 1972, Jack Lang, André Louis Périnetti, Antoine Vitez, Jérôme Savary, Ariel Goldenberg se succèdent à la direction du « Théâtre national de Chaillot » qui, en 2008, change de mission et devient une salle majoritairement consacrée à la danse.

Le TNP-Villeurbanne

En 1973, à l’initiative du ministre de la Culture Jacques Duhamel qui souhaite que le sigle du TNP ne disparaisse pas et conserve sa force symbolique liée à l’action exemplaire de Jean Vilar, l’appellation Théâtre national populaire est attribuée à l’un des théâtres les plus actifs et les plus novateurs de France, celui de la Cité, à Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise où Roger Planchon œuvre depuis 1957. Celui-ci choisit de partager la direction non seulement avec son habituel administrateur, Robert Gilbert, mais avec un autre artiste. Ce sera Patrice Chéreau, jusqu’en 1981, puis Georges Lavaudant, de 1986 à 1996.

Entre-temps, puis, ensuite jusqu’en 2002, Planchon en assume seul la responsabilité. Le TNP-Villeurbanne, qui prendra, en 1981, le statut de « théâtre national de région », développe son caractère national et international. Il est le lieu où sont donnés les spectacles des grands metteurs mondiaux, de Robert Wilson à Klaus Michael Grüber, et le lieu de création des spectacles choisis par ses directeurs. Les styles différents et complémentaires de Planchon, Chéreau et Lavaudant concourent au développement d’un théâtre souvent engagé et où l’image rivalise avec la puissance de l’image cinématographique. Nommé en remplacement de Roger Planchon en 2002, Christian Schiaretti privilégie un répertoire tourné vers le langage et les grands auteurs du xxe siècle (Claudel, Vinaver) et préside à une nouvelle ère marquée par la création d’une nouvelle architecture dont l’ouverture, à l’emplacement du bâtiment précédent, est prévue en 2011.