La politique régionale française entre la volonté de décentralisation de l’administration et la nécessité de garder les yeux fixés sur l’horizon européen, sans négliger les risques d’explosion du système.
Journal de l'année Édition 1968
Aménagement du territoire La France entière est en conversion, et non pas quelques régions seulement. Une vue singulièrement courte du problème se bornerait à évoquer les difficultés de certaines parties de notre territoire, comme s'il s'agissait de cas insolites et limités. En vérité, c'est tout notre pays qui doit se transformer, s'il veut répondre efficacement aux « défis » de diverses natures tant invoqués cette année.
Journal de l'année Édition 1969
La décentralisation et le rôle pilote des grandes entreprises La politique de décentralisation industrielle s'appuie à la fois sur les grandes entreprises et sur les entreprises moyennes, ces dernières constituant en quelque sorte l'infanterie de la décentralisation. Cette situation est particulièrement sensible dans le domaine de la mécanique et de l'électronique. Compte tenu du marché du travail et de la main-d'œuvre formée disponible, c'est d'entreprises moyennes créant 500 ou 600 emplois qu'ont besoin la plupart des régions françaises.
Journal de l'année Édition 1970
Journal de l'année Édition 1971
Aménagement du territoire On attendait la réforme régionale ; ce fut la réforme communale qui survint. Tandis que, sur le devant de la scène du petit théâtre politique français, leaders de la majorité et de l'opposition s'arrachaient le drapeau de la région, dans les coulisses, le ministre de l'Intérieur, lui, projetait dans l'espace les grandes lignes d'une nouvelle géographie des communes de France.
Journal de l'année Édition 1972
Aménagement du territoire « Libérale dans son principe, pragmatique dans son fonctionnement, ouverte sur l'avenir », l'institution régionale proposée au printemps 1972 par le Gouvernement porte bien la marque de son principal inspirateur : le président Pompidou.
Journal de l'année Édition 1973
Aménagement du territoire Davantage qu'une timide réforme régionale, qui ne commencera à s'appliquer sur le terrain qu'à l'automne 1973, c'est toujours la question du difficile équilibre entre Paris et la province qui, en 1972, s'est trouvée à nouveau posée.
Journal de l'année Édition 1974
Journal de l'année Édition 1975
Régions Que la France rurale des champs soit, en moins de vingt ans, devenue la France industrielle des villes, il n'est, pour s'en convaincre, que de lire le Livre blanc publié, au printemps 1974, par l'Association des maires des grandes villes de France.
Journal de l'année Édition 1976
Régions Un recensement, ce n'est pas seulement, à travers une multitude de statistiques et de chiffres froids, la radioscopie à un moment donné de l'état démographique d'un pays. C'est aussi le reflet de la manière dont ce pays et les régions qui le composent ont évolué. Alors, sur ce point, le dernier recensement de 1975 bouscule sérieusement les idées reçues, et notamment l'existence de cette ligne de démarcation impalpable, tirée de Caen à Marseille, entre l'Est dynamique et l'Ouest déclinant. Et si, bien sûr, on ne peut pas s'appuyer uniquement sur la situation démographique pour apprécier la vitalité des régions, il n'en reste pas moins que la répartition et le mouvement des hommes sur le territoire constituent, au dire même du nouveau délégué à l'Aménagement du territoire, François Essig, « un des éléments principaux dont toute politique d'aménagement du territoire doit tenir compte ».
Journal de l'année Édition 1977
Régions C'est en 1969 que fut effectué, à la demande de la Délégation à l'aménagement du territoire (Datar), « un scénario tendanciel de la France en l'an 2000 », plus connu sous le nom de Scénario de l'inacceptable (Journal de l'année 1973-74).
Journal de l'année Édition 1978
Aménagement du territoire La redistribution des pouvoirs, la régionalisation, la bataille contre la bureaucratie sont, en France, de vieux serpents de mer. Périodiquement, on réunit solennellement une commission, plus solennellement on publie son rapport et ses propositions. Le rapport Guichard (Journal de l'année 1976-77), joliment dénommé Vivre ensemble, avait été salué en 1976 comme une contribution significative à cette recherche d'un meilleur équilibre entre les exigences (légitimes) de l'État et les revendications de plus en plus pressantes des collectivités locales (communes, départements), des régions et des associations (notamment celles qui militent pour un meilleur cadre de vie et un urbanisme plus intelligent).
Journal de l'année Édition 1979
Aménagement du territoire Après des mois, des années, de préparation politique, administrative et psychologique de l'opinion (le rapport Guichard publié en septembre 1976 fit frémir les maires ruraux et fut mis sous le boisseau par le gouvernement), voilà enfin mise sur les rails la réforme des collectivités locales.
Journal de l'année Édition 1980
Journal de l'année Édition 1981
Aménagement du territoire L'aménagement du territoire se régionalise de plus en plus. Non qu'il se décentralise franchement, ni que, progressivement, les régions se substituent à la DATAR pour tracer les grandes lignes de la politique à suivre et pour gérer les crédits. Mais la mode est, pour le moment, aux grands plans régionaux.
Journal de l'année Édition 1982
Régions Tout est allé très vite : G. Defferre est nommé, en mai 1981, ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation ; à la mi-juillet, le Conseil des ministres approuve le projet de loi Droits et libertés des communes, départements et régions ; 10 jours plus tard, le débat commence à l'Assemblée nationale, en session extraordinaire ; le 28 octobre, c'est au tour des sénateurs — experts en la matière pour avoir planché sur le sujet des mois entiers sous l'ancien septennat — de s'emparer du sujet. Trois mois plus tard, la loi est approuvée par l'Assemblée nationale et le président de la République la promulgue, le 3 mars 1982. Les neuf sages du Conseil constitutionnel, saisis par l'opposition, avaient demandé, une semaine auparavant, au gouvernement de reprendre quelques articles concernant les modalités du contrôle, par le préfet, des délibérations du maire ou du président du conseil régional ou général.
Journal de l'année Édition 1985
Décentralisation La réforme de la décentralisation (lancée par la loi du 2 mars 1982) a connu en 1984 une nette accélération. C'est cette année que sont entrés en application les principaux transferts de compétences. L'État progressivement se dessaisit de certains dossiers lourds : formation professionnelle assurée désormais par les régions (1,75 milliard de F en 1984), transports scolaires à la charge des départements (746 millions), bureaux municipaux d'hygiène (240 millions) gérés par les communes action sociale et santé transférée aux départements (19,1 milliards). L'État s'est engagé à compenser intégralement, soit par le transfert d'impôts, soit par des dotations budgétaires, les charges qu'il demande désormais aux collectivités locales d'assumer. Une commission d'élus, présidée par un magistrat de la Cour des comptes, y veillera.
Journal de l'année Édition 1986
France : régionalisation et décentralisation En apparence, l'année 1985 a marqué une pause dans la décentralisation. Après les grandes lois du 2 mars 1982 (droits et libertés des communes, des départements et des régions) et du 7 janvier 1983 (répartition des compétences), voici venu le temps de mettre en application les transferts préalablement décidés. Après l'action sociale et la santé en 1984, c'est au tour de l'enseignement d'être ainsi décentralisé, par la mise à disposition des départements et des régions de leurs collèges et de leurs lycées, malgré les élus locaux, inquiets de la vétusté des bâtiments scolaires. Les difficultés financières restent, en effet, la principale pierre d'achoppement de la décentralisation, les collectivités locales ne maîtrisant pas l'évolution de leurs ressources.
Journal de l'année Édition 1987
Journal de l'année Édition 1988
Journal de l'année Édition 1989
Journal de l'année Édition 1990
Journal de l'année Édition 1991
Journal de l'année Édition 1992
À travers les Régions Située au cœur de l'Europe rhénane, l'Alsace dispose d'atouts de poids pour affronter l'ouverture du grand marché à l'heure où les frontières de l'Europe sont repoussées loin vers l'est.
La politique régionale Rapprocher la politique de la ville et celle de l'aménagement du territoire et délocaliser l'administration tout en gardant les yeux fixés sur l'horizon européen sans oublier ses autres engagements et sans négliger les risques d'explosion du système, tels ont été les soucis du gouvernement en 1991.
Journal de l'année Édition 1993
Politique régionale La politique d'aménagement du territoire a été soumise au long de l'année 1992 au régime de la douche écossaise. Tantôt le gouvernement a donné l'impression de vouloir franchement aller de l'avant et d'orienter avec une forte dose de volontarisme les crédits, les investissements, et les emplois vers les zones qui en ont le plus besoin ; tantôt, c'est le sentiment de flottement, de « surplace », voire de recul, qui a prévalu.
À travers les Régions Après trois décennies de croissance à l'ombre de la puissante industrie pharmaceutique bâloise, la biotechnologie alsacienne bénéficie d'investissements étrangers de première importance. Déjà présent à Huningue (Haut-Rhin) avec deux unités, une de produits chimiques, une autre de médicaments, le groupe Ciba-Geigy, le no 5 de la chimie mondiale, annonce un investissement de 900 millions de francs pour la création d'un centre de recherche en biotechnologie. C'est pour échapper à la pression des mouvements écologistes suisses que le groupe bâlois a choisi Huningue. Au même moment, le groupe américain Eli Lilly annonce 640 millions d'investissement dans la construction d'un centre de fabrication de stylos injecteurs d'insuline, à Fegersheim, dans la banlieue sud de Strasbourg (Bas-Rhin), où la firme, le no 9 de la pharmacie mondiale, est implantée depuis 1969. L'usine de Fegersheim réalise 80 % du chiffre d'affaires de Lilly-France, lui-même troisième exportateur pharmaceutique français. 140 salariés viendront s'ajouter, avant la fin 1994, aux 500 actuels.
Journal de l'année Édition 1994
Politique régionale L'histoire dira si 1993 aura été une année marquante, voire faste, pour l'aménagement du territoire et si le 30e anniversaire de la création de la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR) mérite une pierre blanche. En tout cas, on peut, sans risque de se tromper, parler d'une relance vigoureuse, tant dans les symboles et le vocabulaire que dans les faits.
À travers les Régions Décidé le 7 novembre 1991 par Édith Cresson, alors Premier ministre, le déménagement à Strasbourg de l'École nationale d'administration (ENA) entrait dans le cadre d'une politique de délocalisation destinée à favoriser l'emploi en province. La décision avait été prise sans concertation, ni avec le conseil d'administration de l'école ni avec la municipalité (pourtant socialiste) de la métropole alsacienne.
Journal de l'année Édition 1995
À travers les Régions Les Alsaciens ont bien cru que leur région allait être touchée par les « affaires », après la mise en examen du directeur général des services, Philippe Garing, bras droit du président du conseil général et membre du Conseil constitutionnel Marcel Rudloff (CDS). Alertés par la chambre des comptes d'Alsace, les enquêteurs strasbourgeois ont mis au jour tout un réseau de corruption et de blanchiment d'argent. Parmi les affaires dans lesquelles se trouve impliqué P. Garing, le projet « Rhexania » devrait faire de l'Alsace un pôle européen de production audiovisuelle : la chambre n'a pas acquis la certitude que les prestations fournies par la société Réflexion Média Riposte (RMR) – un rapport de 70 pages traitant de généralités – pouvaient justifier une dépense de 4,1 millions de francs... Le remplacement de Philippe Garing par André Klein, jusqu'alors directeur général du conseil général du Haut-Rhin et du comité d'action économique et sociale de ce département (CAHR), redonne au conseil général crédibilité et efficacité. C'est lui qui a le plus œuvré en Alsace, au travers du CAHR, pour attirer les investisseurs japonais. On lui doit indirectement les 3 000 emplois créés en Alsace par les firmes nippones depuis les années 1980 (Sony à Ribeauvillé, Ricoh à Wettelsheim, Sharp à Soultz, etc.). André Klein a toujours considéré que l'ouverture de l'Europe était nécessaire pour défendre le plein emploi. C'est encore plus vrai au moment où l'Alsace est confrontée à la crise : malgré les investissements allemands et suisses, malgré les 60 000 frontaliers, la proportion de chômeurs est passée de 5,2 % de la population active en 1980 à 7,8 % en 1994.
Aménagement du territoire L'image qui vient immédiatement à l'esprit des observateurs de la politique d'aménagement du territoire, au terme de cette année, est... culinaire : celle du soufflé qui, après avoir monté et gonflé magnifiquement, retombe progressivement devant les convives.
Journal de l'année Édition 1996
À travers les Régions Les électeurs alsaciens se seraient-ils conduits d'une façon atypique en 1995 ? C'est dans les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin que Jean-Marie Le Pen a obtenu ses meilleurs scores au premier tour de l'élection présidentielle, avec plus de 25 % des voix. Environ 60 000 Alsaciens continuent à franchir la frontière quotidiennement pour aller travailler en Allemagne ou en Suisse, et l'Alsace a le plus faible taux de chômage de toute la France (8 %). Cela ne l'empêche pas de compter deux zones aidées par Bruxelles : une zone rurale couvrant le Sundgau et les vallées vosgiennes, et la zone de conversion industrielle correspondant au bassin potassique.
Journal de l'année Édition 1997
À travers les régions Le TGV-Est, qui doit mettre Strasbourg à deux heures de Paris, semblait sur la bonne voie. Depuis dix ans on en parlait. Le « consensus alsacien » avait été obtenu entre le gouvernement Balladur (1993-1995) et les élus régionaux, toutes tendances confondues : Daniel Hoeffel (UDF), président du conseil général du Bas-Rhin, ou encore Catherine Trautmann (PS), maire de Strasbourg. L'enquête publique s'est déroulée à l'automne 1994. La commission d'enquête a rendu son rapport en septembre 1995 et le Conseil d'État a donné un avis favorable en mai 1996. Dans la foulée, la déclaration d'utilité publique plaçait le chantier du TGV-Est dans la catégorie des opérations prioritaires pour l'aménagement du territoire français et européen.