Une tendance s’est nettement affirmé en fin des années soixante : les courses ne sont plus uniquement un plaisir sportif ou une preuve de standing social, elles deviennent une véritable industrie : celle du cheval.
Journal de l'année Édition 1967
Journal de l'année Édition 1968
Les courses Le tiercé, qui, depuis sa création en 1954, a vu son chiffre d'affaires monter avec une régularité de métronome, semble avoir atteint son plafond. En 1967, 3 milliards 290 millions y ont été investis, contre 3 milliards 380 millions l'année précédente, soit une perte de 2,5 %. Mais chaque dimanche, près de 50 millions sont déposés aux guichets du PMU pour le seul tiercé ; le PMU redistribue environ 35 millions le lundi aux différents vainqueurs ; 15 millions demeurent dans les caisses de l'État.
Journal de l'année Édition 1969
Les courses Une tendance qui s'était déjà manifestée au cours de ces dernières années s'est nettement affirmée en 1968-69 : les courses ne sont plus uniquement un plaisir sportif ou une preuve de standing social, elles deviennent une véritable industrie : celle du cheval. À cela, deux raisons. D'abord, la disparition progressive des grandes écuries qui n'avaient pas pour but la rentabilité des fonds investis dans l'élevage. Ensuite, le succès considérable du tiercé, qui draine, chaque dimanche, une moyenne de 50 millions de francs aux guichets du PMU. À leur tour, les éleveurs, les entraîneurs et les propriétaires veulent profiter de cette manne.
Journal de l'année Édition 1970
Les courses Orfèvre des superlatifs et virtuose de l'hyperbole, le monde des courses entre en transes le 5 octobre, à Longchamp, après l'arrivée du Prix de l'Arc-de-Triomphe : aux deux premières places, un cheval irlandais — Levmoss — et une pouliche anglaise — Park Top. Inexistants nos favoris, balayés les meilleurs produits de notre élevage. Il n'en fallait pas plus pour qu'on parle d'un Waterloo, pour que l'événement soit considéré comme frisant la catastrophe nationale. Sous l'emphase des mots, une inquiétude bien réelle se dissimulait : n'était-ce pas le commencement de la punition — depuis longtemps prévue — pour avoir vendu à l'étranger quelques-uns de nos meilleurs étalons ?
Journal de l'année Édition 1971
Les courses Les courses se termineront-elles désormais devant les tribunaux ? On pourrait le penser à la suite de la cascade de procès qui, en 1970-71, a marqué l'année. Pendant plusieurs décennies, l'activité hippique n'a été suivie que par un nombre relativement restreint d'initiés, prêts à accepter le jeu et à se ranger aux décisions des commissaires. Le succès du tiercé a bouleversé les mœurs : 5 millions de parieurs apportent leur argent chaque dimanche au PMU. En contrepartie, ils entendent exercer un droit de regard et obtenir des explications sur le comportement de certains favoris décevants. Au besoin, ils n'hésitent pas à saisir la justice et à réclamer, devant elle, ce qu'ils estiment être leur dû. Ce fut le cas, notamment, d'un propriétaire et d'un professeur de lettres qui assignèrent Yves Saint-Martin et d'un employé de bureau qui réclama des dommages et intérêts à Roger Poincelet.
Journal de l'année Édition 1972
Les courses Vedette de l'année hippique 1971-72 : Monsieur X, dont le nom — Patrice des Moutis — a déjà été révélé au public à l'occasion de ses nombreux démêlés avec le PMU. Après une instruction qui n'a pas duré moins de neuf années, le procès de ce qu'on a appelé l'affaire du Prix de Bordeaux s'ouvre devant les juges de la 13e Chambre correctionnelle. À l'issue d'une course disputée à Vincennes le 2 décembre 1962, le PMU dénombra une accumulation anormale de paris tiercés comportant les cinq mêmes chevaux. 51 commissionnaires, représentant les commandos accusés d'avoir agi en violation de la loi de 1891 pour le compte d'un tiers à Marseille, Lyon, Lille et Bordeaux, sont présents dans la salle. L'interrogatoire d'identité révèle que certains collectionnent les condamnations. Considéré comme le cerveau de l'affaire, Patrice des Moutis, accusé de complicité de tentative d'escroquerie, transforme son propre procès en celui du PMU. Il expose sa conviction que cet organisme ne comptabilise pas tous les paris qu'il reçoit. Les débats durent six jours et, après un délibéré de deux mois, le tribunal rend sa sentence : Patrice des Moutis et ses coïnculpés sont relaxés. Phrase clé du jugement : « De simples spéculations à partir d'éléments incertains ne permettent pas de désigner Patrice des Moutis comme le maître d'œuvre d'une opération d'ensemble destinée à dépasser le plafond des enjeux... »
Journal de l'année Édition 1973
Les courses Pendant des années on a considéré que l'élevage français était le premier du monde. Aujourd'hui, on s'interroge : n'a-t-on pas été victime de notre propre succès en vendant à l'étranger nos meilleurs éléments, ce qui, en fin de compte, nous appauvrissait ? Le réveil est brutal : après Nijinsky, Mill Reef, Pistol Packer, Filiberto, Targowice, le vent ne souffle-t-il pas de Grande-Bretagne et des États-Unis plutôt que de France ? Cette tendance qui s'annonçait depuis quelque temps déjà s'affirme avec une netteté qui ne manque pas de provoquer quelque inquiétude.
Journal de l'année Édition 1974
Courses Alors que le pactole qui irrigue les courses par le canal du tiercé paraissait en voie de tarissement l'année dernière (Journal de l'année 1972-73), le montant des jeux progresse, en 1973-74, d'une façon spectaculaire : de 10 à 15 %. Et ce phénomène, qui n'est pas lié à une spécialité (la progression est de 14,70 % lors du meeting hivernal de trot, mais elle ne décroît pas avec l'obstacle) tend à s'instaurer définitivement. Ce qui permet aux sociétés de courses de ne pas trop regretter l'opposition gouvernementale au relèvement de la mise minimale. En proposant que celle-ci soit portée de 3 à 5 francs, elles espèrent trouver les ressources nécessaires pour faire face à la montée des prix de revient et à leurs charges, qui sont d'année en année plus lourdes. Mais cette mesure est jugée inopportune dans le contexte d'inflation qui marque l'année.
Journal de l'année Édition 1975
Courses Pour la première fois dans l'histoire des courses, une collusion peut être mise en évidence entre des parieurs et des professionnels à la suite du tiercé du Prix Bride-Abattue (Journal de l'année 1973-74). Quatorze jockeys d'obstacles sont présentés au juge d'instruction Michaud, qui les inculpe d'infraction à la législation sur les courses de chevaux. Parmi eux, Pierre Costes, 24 ans, qui, tête de liste au classement pour l'année 1973, devait recevoir la Cravache d'or.
Journal de l'année Édition 1976
Courses Malgré la réticence des sociétés de courses, l'opposition du PMU, les craintes exprimées par la presse, le ministre des Finances décide de porter de 3 à 5 F la mise de base du tiercé le 1er janvier 1976. Il compte, par ce moyen, obtenir un accroissement des recettes de poche sans qu'il soit nécessaire de procéder à un relèvement des prélèvements. L'importante répercussion que cette augmentation entraîne sur le montant des combinaisons détourne de ce jeu une partie de ses fidèles : la chute des enjeux est brutale. Elle oscillera entre 10 et 15 %. Afin de colmater la brèche ainsi créée dans leur trésorerie, les sociétés de courses sont autorisées à lancer un nouveau jeu : le quarté. Frère du tiercé, il consiste à désigner les quatre chevaux figurant à l'arrivée d'une course. Satisfaction est donnée aux parieurs : bien que la mise de base soit fixée à 5 F pour le pari unitaire, elle n'est que de 3 F pour les combinaisons. Mais un système de répartition compliqué (une arrivée, selon la place qui a été assignée à chacun des concurrents, donne lieu au paiement de trois classes de rapport puis de deux à partir du 1er juin) compromet l'intérêt de ce jeu.
Journal de l'année Édition 1977
Courses L'inquiétude provoquée par le fléchissement des enjeux s'atténue en 1976-1977 : le montant des paris remonte, mais ce redressement de la situation est dû surtout à la multiplication des événements, tiercés ou quartés devenant bi-hebdomadaires. Ce dernier jeu, après des débuts difficiles, a même droit de cité le dimanche. C'est un risque que prend la Société d'encouragement le 3 avril : elle n'a pas à le regretter, le rapport de 327 000 F (pour une mise de 5 F) permet aux courses d'être les vedettes de l'actualité. Cette publicité inespérée est bien de nature à ramener vers les chevaux quelques rêves de gains qui auraient tendance à s'égarer du côté du Loto.
Journal de l'année Édition 1979
Courses Curieuse métamorphose : alors que les robes des élégantes se font discrètes au pesage de Longchamp ou de Chantilly, le monde des courses est de plus en plus traversé par les robes noires des magistrats et des avocats. En octobre 1978, la fine fleur des jockeys d'obstacle compromis dans l'affaire du tiercé du prix Bride-Abattue, le 9 décembre 1973 (Journal de l'année 1973-74), comparaît devant la 13e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Procès fleuve qui n'apporte pas les révélations escomptées.
Journal de l'année Édition 1980
Courses Le bruit et la fureur des précédentes années apaisés, les courses ne sortent pas, en 1979-80, de la rubrique sportive. Le mouvement de protestation des entraîneurs de Maisons-Laffitte, estimant que leurs chevaux sont plus lourdement pénalisés que ceux de Chantilly dans les handicaps, ou la querelle à propos de la comptabilisation des gains acquis en places et pas seulement en victoires pour le calcul des surcharges ne dépassent pas le cercle de famille. L'arrêt rendu en mars 1980 par la 9e chambre de la Cour d'appel dans l'affaire du tiercé truqué du prix Bride-Abattue (Journal de l'année 1978-79) ne modifie pas suffisamment le jugement de première instance pour qu'il en soit question dans la rubrique judiciaire.
Journal de l'année Édition 1981
Journal de l'année Édition 1982
Courses Sept chevaux dont les prélèvements biologiques sont reconnus positifs mettent le monde des courses en émoi le 25 novembre 1981. D'abord parce que cette affaire porte sur un nombre exceptionnellement élevé de cas et parce que certains d'entre eux concernent des champions — notamment Ardfern, Video Tape et World Citizen qui, lui, a gagné un tiercé. Ensuite parce que l'entraîneur responsable n'est pas le premier venu : Jean-Paul Gallorini.
Journal de l'année 1er juillet - 31 décembre 1982
Hippisme Devant la précarité de la situation financière des sociétés de courses, l'État accepte de leur venir en aide, d'abord en leur abandonnant les centimes additionnels, ensuite en renonçant à son prélèvement au titre de l'adduction d'eau. Cette dernière somme – qui s'élève à quelque 70 millions de F – devra être affectée à l'informatisation du PMU. Mais les autorités de tutelle préviennent qu'il ne s'agit pas de cadeaux renouvelables : les courses doivent être capables d'équilibrer leur budget.
Journal de l'année Édition 1984
Hippisme La réforme des sociétés de courses, depuis longtemps annoncée, longuement étudiée, devient enfin une réalité. En rendant public le décret la concernant, Michel Rocard, ministre de l'Agriculture, déclare : « Ce n'est pas une révolution, plutôt une évolution par consentement mutuel. »
Journal de l'année Édition 1985
Hippisme Nos courses les intéressent : les Anglais, en plat, les Suédois, au trot, sont partout sur nos hippodromes, où ils remportent des succès qui amènent à se poser quelques questions sur l'avenir de notre élevage. Mais, en revanche, les victoires que nos représentants remportent à l'étranger apaisent toutes les craintes.
Journal de l'année Édition 1986
Hippisme Le grandissime favori Sagace, déjà vainqueur de cette épreuve en 1984, a franchi le poteau avec une encolure d'avance sur Rainbow Quest. Mais, sur réclamation du jockey Pat Eddery, il a été rétrogradé de la première à la deuxième place. La commission d'appel, présidée par le duc de Noailles, a confirmé, le 23 octobre, la décision des commissaires de Longchamp.
Journal de l'année Édition 1990
Hippisme Disputé exceptionnellement le deuxième et non le premier dimanche du mois d'octobre, il réunissait 19 partants. Il y avait, pour des raisons obscures, deux absents de marque, les deux meilleurs poulains de 3 ans dont les victoires avaient fait une forte impression : Old Vie vainqueur par 7 longueurs du prix du Jockey-Club et Nashwan, présenté comme étant « le cheval du siècle », vainqueur des quatre plus grandes courses anglaises (Deux mille guinées, Derby, Eclipses Stakes, King George), mais dont la rentrée en septembre à Longchamp dans le prix Niel avait été décevante. La victoire est finalement revenue à un honnête cheval anglais de 4 ans, grand voyageur (il venait de gagner en Allemagne), Carrol House, appartenant à un propriétaire italien de nationalité suisse, entraîné par un Anglais, monté par un jockey irlandais. Il devançait Behera, la pouliche de l'Aga Khan, qu'il avait gênée au moment de l'effort ; mais, après enquête, les commissaires maintenaient l'ordre d'arrivée.
Journal de l'année Édition 1991
Hippisme Cette épreuve réunissait 21 partants, avec une majorité de concurrents britanniques. La grande favorite était la pouliche anglaise Salsabil, montée par Willy Carson, qui restait sur cinq succès dans des courses de groupe I, et qui avait notamment battu les mâles dans le Derby irlandais. Mais elle ne put faire mieux que terminer à la 7e place.
Journal de l'année Édition 1992
Hippisme On attendait une course d'une qualité exceptionnelle en raison de la confrontation entre le meilleur poulain anglais, Generous, présenté comme étant le « cheval du siècle » (il y en a un tous les trois ou quatre ans !), et le meilleur poulain français, Suave Dancer (que Generous avait battu de plusieurs longueurs dans le Derby irlandais).
Journal de l'année Édition 1993
Hippisme La rencontre au sommet des meilleurs chevaux réunissait dix-huit concurrents avec une forte participation britannique (8 représentants), dont la pouliche User Friendly, invaincue en six sorties et qui restait sur sa victoire de St-Léger. En l'absence de Suave Dancer et de Pistolet bleu, respectivement premier et troisième de cette épreuve l'année dernière, les meilleures chances françaises semblaient être Magic Night, deuxième en 1991, et Jolypha, gagnante du prix de Diane et du prix Vermeille. Mais toutes deux, malheureuses dans le parcours, furent inexistantes. La victoire revint au solide cheval de quatre ans Subotica qui, énergiquement soutenu par Thierry Jarnet, parvint à l'issue d'une vive lutte à l'emporter sur User Friendly, hâtivement montée. Subotica est un pur produit de l'élevage français. Il méritait amplement cette victoire. Quant au gagnant inattendu du prix du Jockey-Club, Polytain (issu des épreuves à réclamer), il ne fut jamais dans la course.