Journal de l'année Édition 2004 2004Éd. 2004

Nécrologies

AGNELLI (Gianni)

Industriel italien
Villar Perosa (près de Turin), 12 mars 1921 - Turin, 24 janvier 2003
Petit-fils du fondateur de Fiat, il entame sa carrière dans la société familiale en 1943 en tant que vice-président, après avoir passé un diplôme de droit qui lui vaudra l'un de ses nombreux surnoms : « l'avvocato ». En 1966, il prend véritablement les rênes du groupe et ne les lâchera plus jusqu'en 1996, date à laquelle il passe la main, mais conserve le titre de « président d'honneur ». C'est avec lui que Fiat devient le premier groupe industriel italien, étend ses activités à de nombreux secteurs autres que l'automobile (des machines agricoles à la métallurgie, en passant par l'aéronautique et les machines-outils) et prend une dimension internationale. Les difficultés financières, la mort de son neveu Alberto en 1997, qu'il avait choisi comme son successeur, puis le suicide de son fils, en 2000, assombrissent les dernières années de sa vie.

AMIN DADA (Idi)

Homme politique ougandais
Koboko, vers 1923 - Djeddah (Arabie Saoudite), 16 août 2003
Ancien soldat des troupes coloniales britanniques et ancien boxeur, il monte en grade après l'indépendance de l'Ouganda, en 1962. Neuf ans plus tard, avec le soutien de la Grande-Bretagne, inquiète de l'orientation socialiste du président Obote, il met sur pied un coup d'État et prend le pouvoir. Il institue alors un régime de terreur, multipliant cruautés et exécutions. Après une opération militaire ratée contre la Tanzanie, il fuit le pays pour un exil définitif.

BATTEUX (Albert)

Footballeur français
Reims, 2 juillet 1919 - Grenoble, 28 février 2003
Il entame une carrière de joueur de football professionnel en 1937 et rejoint en 1948 la sélection nationale. En 1950, il devient entraîneur du club le plus prestigieux de l'époque, le Stade de Reims, à la tête duquel il obtiendra cinq titres de champion et une Coupe de France. Devenu entraîneur national, il mènera les Tricolores à la troisième place de la Coupe du monde 1958. Il terminera sa carrière avec Saint-Étienne, obtenant à nouveau quatre titres de champion et deux Coupes de France, entre 1967 et 1970. Il exercera une grande influence sur nombre d'entraîneurs, de Robert Herbin à Aimé Jacquet.

BÉRANGER (François)

Chanteur français
Amilly (Loiret), 28 août 1937 - Sauve (Gard), 14 octobre 2003
Fils d'un ouvrier de chez Renault, où il travaillera lui-même plus tard, il fait son service pendant la guerre d'Algérie. Cette expérience le marquera pour la vie et exacerbera chez lui la veine contestataire. Il se lance dans la chanson après Mai 68, dans un style marqué par la tradition de Bruant, et connaît le succès avec son premier enregistrement Tranche de vie, relatant ses expériences personnelles. Suivront plusieurs autres succès comme « Natacha », « Mamadou m'a dit » ou « le Tango de l'ennui ».

BERIO (Luciano)

Compositeur italien
Oneglia, 24 octobre 1925 - Rome, 27 mai 2003
Compositeur prolifique et chef d'orchestre, d'abord adepte du sérialisme, il se livre ensuite à des recherches sur les sonorités des instruments et de la voix. Pionnier de la musique électro-acoustique en Italie, il compose de la musique vocale (Circles, 1960), instrumentale (Sequenze, 1962-1995) et théâtrale (La Vera Storia, 1982). Il tente de faire la synthèse entre les différentes strates historiques de la musique occidentale (Sinfonia, 1968).

BLANCHOT (Maurice)

Écrivain français
Quain, 22 septembre 1907 - Mesnil-Saint-Denis, 21 février 2003
Son engagement le conduit à militer d'abord dans les rangs de l'extrême droite. Sa rencontre en 1941 avec Georges Bataille est déterminante. En 1942, il s'engage dans la Résistance et faillit être exécuté par les nazis en 1944. M. Blanchot signera par la suite le Manifeste des 121 sur la guerre d'Algérie – pour le droit à l'insoumission – et de nombreuses pétitions en faveur des étudiants de Mai 1968 ou encore contre les lois Debré sur l'immigration. Essayiste et auteur de fictions, il laisse une œuvre critique parmi les plus importantes du xxe siècle. Ses analyses ont renouvelé la lecture d'écrivains majeurs comme Kafka, Mallarmé, Bataille, Rilke ou Hölderlin. Il est l'auteur de romans tels que Thomas l'obscur (1941), le Dernier Homme (1957), d'essais et de récits parmi lesquels l'Entretien infini (1969), l'Amitié (1971), le Pas au-delà (1973) et l'Écriture du désastre (1980).

BOURIN (Jeanne)

Romancière française
Paris, 13 janvier 1922 - Mesnil-le-Roi (Yvelines), 19 mars 2003
Licenciée d'histoire, elle se passionne très tôt pour le Moyen Âge et la civilisation courtoise. Elle publie en 1963, à plus de quarante ans, son premier roman Le bonheur est une femme, récit historique romancé, dont elle se fait très vite une spécialité. En 1966, son roman Très Sage Héloïse est couronné par l'Académie française, mais c'est en 1979, grâce au succès considérable de la Chambre des dames, qu'elle est définitivement consacrée par le grand public. Vendu à quelque 2 millions d'exemplaires, ce roman met en scène la vie des femmes de la haute société du Moyen Âge, période de prédilection de l'écrivain. Depuis, elle enchaîne les best-sellers, parmi lesquels le Jeu de la tentation (1981), les Pérégrines (1989), les Compagnons d'éternité (1992).

BRONSON (Charles Buchinky, dit Charles)

Comédien américain
Ehrenfeld (Pennsylvanie), 3 novembre 1921 - Los Angeles, 30 août 2003
Fils d'un mineur lituanien émigré aux États-Unis, il travaille lui-même à la mine. Il s'oriente ensuite vers le cinéma après avoir servi dans l'aviation durant la Seconde Guerre mondiale. Il débute dans des comédies avant d'imposer son physique de dur dans Chasse au gang (1954). Suivent une série de succès, dont le Jugement des flèches (1956), les Sept Mercenaires (1960), la Grande Évasion (1963), les Douze Salopards (1967) et Il était une fois dans l'Ouest (1968). Dans les années 1970, il connaît un regain de succès en incarnant à plusieurs reprises des rôles de justiciers partisans de l'autodéfense (le Flingueur, en 1972, ou Un justicier dans la ville, en 1974).

BRUMEL (Valeri)

Athlète soviétique
Tolbuzino (Sibérie), 14 avril 1942 - Moscou, 26 janvier 2003
D'origine ukrainienne, il détient le record du monde de saut en hauteur de 1961 à 1971 (2,28 m en 1963) il est champion d'Europe en 1962 et obtient la médaille d'or aux jeux Olympiques deux ans plus tard. Il est l'un des derniers pratiquants du rouleau ventral, avant l'arrivée du « Fosbury flop ».

CARTER (Bennett Lester, dit Benny)

Musicien de jazz américain
New York, 8 août 1907 - Los Angeles, 12 juillet 2003
Né dans une famille de musiciens, il apprend d'abord la trompette avant de choisir le saxophone alto pour rejoindre l'orchestre de June Clark en 1924. Il est un musicien déjà reconnu, quand il devient chef de groupe en 1928. Tout au long de sa carrière qui s'est étalée sur plus de six décennies, il est considéré comme un des meilleurs solistes en jazz et comme un arrangeur de grand talent. Il s'est produit ou a écrit des morceaux avec les premières grandes stars du jazz, notamment Benny Goodman, Count Basie, Duke Ellington et Dizzy Gillespie. Parmi ses principaux albums, citons Crazy Rhythm (avec Coleman Hawkins, 1938), I'm in the Mood for Swing (avec Lionel Hampton, 1938) ou The King (1976).

CASH (Johnny)

Chanteur de country music américain
Kingsland (Arkansas), 26 février 1932 - Nashville, 12 septembre 2003
Issu d'une famille de paysans pauvres, il forme à Memphis en 1954 son premier groupe et signe un contrat avec Sun Records, le label d'Elvis Presley. Deux ans plus tard, il connaît un premier succès avec « I Walk The Line ». Celui qu'on appellera l'« homme en noir » ne quitte plus le devant de la scène, croisant la route de Bob Dylan et imposant son image de rebelle et de justicier converti à l'église baptiste. Excellent guitariste, doté d'une voix grave et profonde, il reste comme l'un des auteurs de chansons les plus inventifs de la country music américaine.

CECCALDI (Daniel)

Comédien français
Meaux, 25 juillet 1927 - Paris, 27 mars 2003
Élève d'Henri Rollan et de Tania Balachova, il débute sur scène en 1946, puis mène de front une carrière théâtrale (surtout des pièces de boulevard) et à l'écran. Longtemps cantonné dans les seconds rôles au cinéma, il trouve dans les années 1970 et 1980, grâce aux films de Pascal Thomas, des personnages à sa mesure, comme Pleure pas la bouche pleine (1973) ou les Maris, les femmes, les amants (1989). Il y incarne parfaitement le Français moyen, souvent dépassé par les événements. En 1981, il réalise un unique film, Jamais avant le mariage.

CLAVEAU (André)

Chanteur français
Paris, 1915 - Brassac (Tarn), 13 juillet 2003
Doté d'un beau physique et d'une voix de baryton, il débute comme chanteur de charme à la fin des années 1930, dans le sillage de Jean Sablon. Il connaît un très grand succès après la Libération avec des chansons comme les Yeux d'Elsa et Cerisier rose et pommier blanc.

CONSTANTIN (Constantin Hokloff, dit Michel)

Comédien français
Banlieue parisienne, 13 juillet 1924 - Draguignan, 29 août 2003
Fils d'un immigré russe, il débute comme ouvrier chez Renault, puis crée une entreprise et devient journaliste à l'Équipe, tout en intégrant l'équipe de France de volley-ball, dont il fut, un temps, le capitaine. Le cinéaste Jacque Becker le remarque et lui donne un premier rôle dans le Trou (1960). Michel Constantin impose ensuite sa grande silhouette dans de nombreux films d'action ou des comédies, dont les Grandes Gueules (1965), Ne nous fâchons pas (1965), le Deuxième Souffle (1966), Laisse aller, c'est une valse (1970), Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982) ou encore les Morfalous (1984).

CRUZ (Celia)

Chanteuse cubaine
La Havane, 21 octobre 1921 - Fort Lee (New Jersey), 16 juillet 2003
Elle débute dans les années 1940 en chantant à la radio cubaine. À sa sortie du conservatoire de La Havane, où elle étudie de 1947 à 1950, elle parvient à s'imposer comme la chanteuse d'un des groupes cubains le plus en vue, la Sonora Matancera. C'est avec ce groupe de légende qu'elle arpente l'Amérique latine pendant quinze ans. Au moment de l'arrivée de Fidel Castro au pouvoir, elle quitte Cuba et s'installe aux États-Unis (1960), où elle devient une figure de proue de l'anti-castrisme. En 1966, elle rejoint l'orchestre de Tito Puente. Surnommée la « reine de la salsa », elle a enregistré plus de 70 albums et a joué dans plusieurs films. En 1994, elle reçoit des mains du président des États-Unis, Bill Clinton, la médaille nationale des arts.

DERAY (Jacques Desrayaud, dit Jacques)

Cinéaste français
Lyon, 19 février 1929 - Boulogne-Billancourt, 10 août 2003
Fils d'industriel, il envisage d'abord une carrière de comédien. En 1952, il décide de passer derrière la caméra et devient l'assistant, entre autres, de Jean Boyer, Henri Verneuil, Gilles Grangier, Luis Buñuel, etc. Il réalise son premier film en 1960, le Gigolo, une comédie sentimentale. Il se spécialise par la suite dans le film policier et dirige dans de nombreux films Alain Delon, son acteur fétiche, ainsi que Jean-Paul Belmondo ou Lino Ventura. Citons parmi ses principaux films : la Piscine (1968), Borsalino (1969), Flic Story (1975), Trois Hommes à abattre (1980).

DIB (Mohammed)

Écrivain algérien
Tlemcen (Algérie), 21 juillet 1920 - La Celle-Saint-Cloud, 2 mai 2003
Orphelin de père, il est initié à la culture française par son instituteur français. En 1951, il épouse une Française et adhère au PCF, pour peu de temps. Son premier roman, la Grande Maison, paraît en 1952 et obtient le prix Fénéon : il décrit l'atmosphère de l'Algérie rurale de la fin des années 1930. En 1959, il est expulsé d'Algérie par les autorités coloniales, pour ses activités militantes, et s'installe en France. Débute alors un long exil sans retour au cours duquel il publiera de nombreux ouvrages. Il laisse en effet une œuvre importante, constituée de romans (le Maître de chasse, 1973), de recueils de poèmes (Ombre gardienne, 1961, ou Omneros, 1975), mais aussi de nouvelles, de théâtre et de contes pour enfants. Il obtient en 1994 le grand prix de la francophonie décerné par l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.

DRUCKER (Jean)

Manager dans l'audiovisuel
Vire (Calvados), 12 août 1941 - Saint-Rémy-de-Provence, 18 avril 2003
Ancien élève de l'ENA, il entre à l'ORTF en 1970, comme conseiller technique auprès de la direction générale ; c'est le début d'une longue carrière dans l'audiovisuel français public et privé, qui le conduira successivement à la tête de la SFP en 1975, de RTL en 1980, de France 2 en 1985. En 1987, il cofonde une nouvelle chaîne M6, qu'il parvient à installer durablement dans l'audiovisuel français en l'espace d'une dizaine d'années. En 2000, il est contraint de quitter la gestion opérationnelle de la chaîne et devient président de son conseil de surveillance. Il est le frère de l'animateur vedette des écrans, Michel Drucker.

FRANÇOIS (Jacques)

Comédien français
Paris, 16 mai 1920 - id., 25 novembre 2003
De mère américaine et élevé chez les jésuites, il se lance à vingt et un ans sur les planches au côté d'Elvire Popesco après avoir suivi les cours de René Simon. Aussi bien au boulevard que sur les grandes scènes classiques, il impose son personnage un peu guindé à la diction parfaite et au langage châtié. Il se fera également connaître au cinéma, mais en restant cantonné aux seconds rôles.

GIBB (Maurice)

Artiste de variétés britannique
Île de Man, 22 décembre 1949 - Miami, 12 janvier 2003
Il grandit en Australie, où sa famille est venue s'installer, lorsqu'il avait neuf ans. En 1962, il fonde avec son jumeau Robin et leur frère aîné Barry l'un des trios pop les plus célèbres, The Bee Gees. Multi-instrumentiste et arrangeur, il est le plus musicien des trois et le son du groupe lui doit beaucoup. Marqué par la pop britannique et les sons du rhythm'n'blues, le groupe déploie des harmonies vocales sophistiquées dans un registre plutôt aigu. Des mélodies romantiques comme « Massachusetts » (1967) ou « I Started a joke » (1969), à la veine disco de la bande originale du film culte Saturday Night Fever (1978), les Bee Gees ont marqué la pop des années 1960 et 1970.

GIROUD (Françoise)

Journaliste et femme politique française
Genève, 21 septembre 1916 - Neuilly-sur-Seine, 19 janvier 2003
Ayant très tôt perdu son père, elle exerce divers métiers avant de participer à la Libération au début de l'hebdomadaire Elle avec Hélène Lazareff. En 1953, elle fonde, avec Jean-Jacques Servan-Schreiber, l'Express, dont elle devient directrice de la rédaction puis de la publication (1971-1974). Défenseur des droits de la femme, elle a été secrétaire d'État à la Condition féminine (1974-1976), puis à la Culture (1976-1977). Elle est l'auteur d'ouvrages sur le cinéma, sur le journalisme et la politique. Elle multiplie aussi les biographies de femmes au destin hors du commun (Marie Curie, Cosima Wagner, Lou Andreas Salomé, etc.), et laisse des textes plus autobiographiques, parmi lesquels Leçons particulières (1990). Elle restera pour des millions de Françaises l'archétype de la femme moderne.

HABY (René)

Homme politique français
Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle), 9 octobre 1919 - 6 février 2003
Depuis son premier poste d'instituteur obtenu à dix-neuf ans, il gravit tous les échelons du ministère de l'Éducation nationale et arrive à la tête de ce dernier en 1974 ; il conservera son portefeuille près de quatre ans. Il est le promoteur du « collège unique » : sa réforme supprime les filières en sixième et cinquième et unifie les collèges d'enseignement général (CEG) et les collèges d'enseignement spécialisé (CES). En 1978, il est élu député de Meurthe-et-Moselle, puis il devient conseiller général l'année suivante et, en 1985, vice-président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle ; il quitte la vie politique en 1988.

HEPBURN (Katharine)

Actrice américaine
Hartford (Connecticut), 12 mai 1907 - Fenwick (Connecticut), 29 juin 2003
Elle débute au cinéma en 1932 dans Héritage, de George Cukor, et signe un contrat avec la RKO. Dans la foulée, elle tourne cinq films pour la firme, dont Morning Glory qui lui vaut son premier oscar en 1933. Sa carrière est alors lancée et sera exemplaire : elle peut en effet se prévaloir d'un palmarès étonnant, comme en témoignent douze nominations aux oscars et quatre statuettes remportées pour ses interprétations dans Devine qui vient dîner ? (1967), Un lion en hiver (1968) et la Maison du lac (1981). Femme de tête, elle impose sa forte personnalité dans ses choix et parvient à incarner un type de féminité hors norme dans des comédies brillantes souvent signées de son mentor George Cukor (Sylvia Scarlett, Indiscrétions, Madame porte la culotte...). L'année 1942 est marquée par sa rencontre avec Spencer Tracy, qui devient son partenaire à la ville comme à l'écran. Dans les années 1950, elle sera encore l'interprète inoubliable de deux grands films : African Queen de John Huston et Soudain l'été dernier de Joseph L. Mankiewicz.

HILL (Christopher)

Historien britannique
York, 6 février 1912 - Oxfordshire, 24 février 2003
Historien marxiste, il est l'un des spécialistes mondiaux du xviie siècle et laisse une œuvre considérable (plus de vingt ouvrages et des centaines d'articles). Sa première contribution, la Révolution anglaise, 1640 (1940), démontre que le mouvement social anglais était comparable à la Révolution française de 1789.

HOPE (Bob)

Acteur américain
Eltham (Grande-Bretagne), 29 mai 1903 - Toluca Lake (Californie) 27 juillet 2003
Fils de maçon anglais émigré aux États-Unis, il débute comme chanteur et danseur de claquettes. Il s'impose à Broadway dès le début des années 1930 puis rejoint Hollywood, où il connaît son premier grand succès cinématographique avec le Mystère de la maison Norman, en 1939. Les triomphes s'enchaînent ensuite, aux côtés de Bing Crosby et de Dorothy Lamour. Sa vogue dure jusque dans les années 1950. Ensuite, il effectue de nombreuses tournées patriotiques auprès des troupes américaines.

IZETBEGOVIC (Alija)

Homme politique musulman bosniaque
Bosanski Samac (Bosnie du Nord), 8 août 1925 - Sarajevo, 19 octobre 2003
Avocat de formation, il milite très jeune au sein des groupes nationalistes bosniaques musulmans, ce qui lui vaut plusieurs incarcérations. Il fonde en 1990 le SDA pour représenter les Musulmans de Bosnie, qu'il va diriger pendant le conflit qui éclate en 1992. En 1995, il signe les accords de Dayton et devient le président de la partie croato-musulmane de l'État bosniaque qui voit alors le jour. Il se retire de la vie politique en 2000.

JAPRISOT (Jean-Baptiste Rossi, dit Sébastien)

Écrivain français
Marseille, 4 juillet 1931 - Vichy, 4 mars 2003
Né dans une famille d'immigrés napolitains, il écrit son premier roman les Mal Partis, alors qu'il est encore sur les bancs du lycée. Publié en 1950, ce livre suscite les éloges de Roger Nimier et d'Antoine Blondin et remporte un grand succès. Après un détour par la publicité, il décide de se lancer dans le roman policier et prend pour pseudonyme Sébastien Japrisot, anagramme de son nom. Le succès est immédiat avec Compartiment tueurs et Piège pour Cendrillon (grand prix de littérature policière en 1963). Il se partage par la suite entre l'écriture romanesque (Un long dimanche de fiançailles, prix Interallié 1991) et le cinéma, pour lequel il écrit de nombreux scénarios (Adieu l'ami en 1968, Histoire d'O en 1975, ou encore l'Été meurtrier en 1985).

JOSSELIN (Jean-François Ratinaud, dit Jean-François)

Écrivain et journaliste français
Brest, 1939 - id., 2 avril 2003
Chroniqueur à l'Express puis au Nouvel Observateur, il est l'auteur de romans remplis d'ironie et de tendresse, Quand j'étais star (1976), l'Enfer et Cie, qui lui vaut le prix Médicis en 1982, la Mer au large (1987), etc., d'une pièce de théâtre, la Fortune du pot (1993), et d'un recueil de nouvelles, Après la nuit, la nuit (1989).

KAZAN (Elia Kazanjoglou, dit Elia)

Réalisateur de cinéma américain
Istanbul, 7 septembre 1909 - New York, 28 septembre 2003
Né dans une famille grecque d'Anatolie, il émigre aux États-Unis à l'âge de quatre ans. Il fréquente les milieux intellectuels liés au communisme et assure ses premières mises en scène de théâtre à la fin des années 1940. Devenu une coqueluche de l'avant-garde, il passe vite à la mise en scène cinématographique. Son premier grand film est Un tramway nommé désir, avec Marlon Brando, en 1951. Suivront plusieurs chefs-d'œuvre du cinéma américain, dont Viva Zapata ! (1952), Sur les quais (1954), À l'est d'Eden (1955), Baby Doll (1960), America, America (1963) et l'Arrangement (1969), d'après son propre roman. Personnage complexe et ambitieux, il reste marqué par les dénonciations qu'il a faites de certains de ses amis communistes lors de la période maccarthyste.

KOSIK (Karel)

Philosophe tchèque
Prague, 26 juin 1926 - id., 21 février 2003
Issu d'une famille ouvrière, il milite très jeune au Parti communiste tchèque. Engagé dans la résistance contre le nazisme, il est arrêté en 1944 et déporté. Après la guerre, il choisit d'étudier la philosophie et publie en 1962 la Dialectique du concret. Salué comme un apport majeur au renouveau de la théorie critique, cet ouvrage lui vaut une reconnaissance mondiale. Il est, en 1968, une des figures du « Printemps de Prague », ce qui lui vaudra son exclusion du PC et de son poste à l'université, qu'il ne retrouvera qu'en 1989.

KRASUCKI (Henri)

Syndicaliste français
Wolomin (Pologne), 2 septembre 1924 - Paris, 24 janvier 2003
Issu d'une famille ouvrière de militants communistes, il arrive très jeune en France avec ses parents. Fin 1940, il adhère aux Jeunesses communistes et participe à la Résistance ; il est arrêté en 1943 et déporté. Ouvrier métallurgiste à son retour des camps, il devient secrétaire de l'union départementale CGT de la Seine en 1949. En 1961, il est membre du bureau confédéral de la CGT. De 1982 à 1992, il occupe le poste de secrétaire général de la CGT, où il succède à Georges Séguy. Il devient en 1986 vice-président de la Fédération syndicale mondiale (FSM).

LAGARDÈRE (Jean-Luc)

Industriel français
Aubiet (Gers), 10 février 1928 - Paris, 14 mars 2003
Diplômé de Supelec, il commence sa carrière chez Dassault. En 1963 il entre chez Matra, dont il devient le directeur général et qu'il lance dans l'aventure du sport automobile, ouvrant ainsi à la société d'armement les marchés mondiaux. À partir de 1974, il prend pied dans la communication avec Europe 1, puis, en 1980, dans l'édition avec Hachette. En 1987, il tente, en vain, d'acquérir TF1 que le gouvernement vient de privatiser. Sa deuxième incursion dans le monde de la télévision avec le rachat de « La Cinq » se solde par un échec : la chaîne doit cesser d'émettre deux ans plus tard. En quarante ans, Jean-Luc Lagardère est parvenu à forger un puissant groupe aux activités très diversifiées dans les médias (Elle, Télé 7 jours, Paris Match), la communication (Europe 1), l'édition (Hachette et Vivendi Publishing, acquis en 2002), l'aéronautique (Airbus, Ariane), l'armement (Eurocopter, Matra) et l'automobile ; il a eu aussi un rôle déterminant dans la création du géant aéronautique et de défense européen (EADS). Son fils Arnaud lui succède aussitôt après son décès.

LOISEAU (Bernard)

Cuisinier français
Chamalières, 13 janvier 1951 - Saulieu, 24 février 2003
Issu d'une famille modeste, après avoir fait son apprentissage notamment chez les frères Troisgros, il s'installe en 1975 à Saulieu à l'hôtel de La Côte-d'Or. Il est aussi un homme d'affaires avisé qui multiplie ses activités : ouverture de boutiques à son nom dont il fait une marque, lancement de produits dérivés, publication de livres, ouverture de trois restaurants à Paris (Tante Louise, Tante Marguerite et Tante Jeanne), commercialisation dans les grandes surfaces de plats cuisinés sous vide. En 1991, il obtient trois étoiles au Guide Michelin : c'est la consécration, pour ce chef cuisinier exigeant, qui choisit pourtant de se donner la mort douze ans plus tard. Sans doute n'aura-t-il pas supporté d'avoir été rétrogradé par le guide GaultMillau qui venait de le noter 17 (contre 19 précédemment).

LUX (Maurice Guy, dit Guy)

Animateur et producteur de télévision français
Paris, 21 juin 1919 - Neuilly-sur-Seine, 12 juin 2003
Après des études à l'école Estienne, à l'École des arts appliqués et aux Beaux-Arts, il se lance dans la chanson comme compositeur et parolier. En 1952, il commence sa carrière à la télévision (RTF) et se spécialise dans la création de jeux (Intervilles, Jeux sans frontières, Interneige, Intercontinents, ainsi que le Schmilblick). Sa passion pour la chanson en fait aussi un des inventeurs de grandes émissions de variétés (Palmarès de la chanson, dans les années 1960 et 1970). Au début des années 1980, il crée sa société de production, People production, et lance notamment La Classe, sur France 3.

MERTON (Robert King)

Sociologue américain
Philadelphie, 4 juillet 1910 - New York, 23 février 2003
Grande figure de la sociologie américaine, il est un des maîtres de la méthode fonctionnaliste. Dans la lignée d'Émile Durkheim et de Parsons, il estime que les individus ou les groupes sont conduits à adopter des comportements en fonction des informations dont ils disposent et selon les motivations et les valeurs des milieux sociaux auxquels ils appartiennent. Parmi ses ouvrages, on distingue les Éléments de théorie et de méthodes sociologiques (1949).

MIQUEL (Jean-Pierre)

Metteur en scène de théâtre français
Neuilly-sur-Seine, 22 janvier 1937 - Vincennes, 22 février 2003
Diplômé d'études supérieures en sciences politiques, il découvre le théâtre à l'université, en participant au Théâtre antique de la Sorbonne de 1956 à 1963. En 1971, il est chargé par Pierre Dux de mener la programmation de l'Odéon, ce qu'il fera jusqu'en 1978, date à laquelle il prend la tête du Centre dramatique national de Reims. À partir de 1983, il dirige le Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Nommé administrateur général de la Comédie-Française en 1993, il marque son passage par d'importants travaux de rénovation (salle Richelieu) et par l'ouverture d'une troisième salle, le Studio-Théâtre.

MODIGLIANI (Franco)

Économiste américain
Rome, 1918 - Cambridge (Massachusetts), 25 septembre 2003
Après des études de droit et d'économie en Italie, il quitte ce pays à la suite des lois antisémites prises par le gouvernement de Mussolini. Il s'installe aux États-Unis, où il prend la nationalité américaine et devient professeur d'économie. Il étudie plus particulièrement les cycles de la vie de l'épargne et le fonctionnement des marchés financiers. Ses travaux lui valent le prix Nobel d'économie en 1985.

PECK (Gregory)

Acteur américain
La Jolla (Californie), 5 avril 1916 - Los Angeles, 12 juin 2003
Il commence des études de médecine, avant d'opter pour l'art dramatique. En 1944, il accepte un premier rôle au cinéma dans Days of Glory de Jacques Tourneur, afin, dira-t-il par la suite, de payer sa facture de dentiste. David Selznick perçoit le potentiel du comédien et s'emploie à lui faire jouer des contre-emplois comme dans la Maison du docteur Edwards d'Alfred Hitchcock ou Duel au soleil de King Vidor, où il incarne un tueur cynique, hautain et violent. Pourtant c'est son image de héros modèle que l'on retrouve dans nombre de westerns, films d'aventure ou comédies romantiques de cette époque : Un homme de fer (1949) d'Henri King, Le monde lui appartient (1952) de Raoul Walsh, Vacances romaines (1953) de William Wyler... Au début des années 1950, il refuse de signer un contrat avec la MGM. Il mène alors une carrière d'une remarquable cohérence qui, en dépit de quelques échecs (Moby Dick, 1956, de John Huston), est marquée jusqu'à son terme par de grands succès : la Femme modèle (1957), de Vincente Minnelli, les Canons de Navarone (1961), et les Nerfs à vif (1962), de Jack Lee Thomson.

PHILLIPS (Sam)

Producteur de musique américain
Florence (Alabama), 21 avril 1919 - Memphis, 29 juillet 2003
Après avoir travaillé comme disc-jockey, il fonde son premier label en 1950, avant de créer Sun Records, spécialisé dans la country music et le blues électrique. Il produit les premiers enregistrements d'Elvis Presley en 1954 et 1955, puis continuera dans cette veine avec des artistes comme Carl Perkins.

PIALAT (Maurice)

Réalisateur de cinéma français
Cunhlat (Puy-de-Dôme), 31 août 1925 - Paris, 11 janvier 2003
Fils d'un marchand de bois, de vin et de charbon ruiné, il connaît une enfance marquée par les conflits de famille et la pauvreté. Délaissant sa première vocation de peintre, il arrive au cinéma en pleine nouvelle vague – dont il ne fera jamais partie –, en réalisant des courts métrages, comme L'amour existe (1960), récompensé à la Mostra de Venise, puis des petits films pour la télévision et un feuilleton, la Maison des bois, diffusé en 1971. Il doit patienter une dizaine d'années avant de pouvoir tourner son premier long métrage, l'Enfance nue (1969). Dans tous ses films, Pialat peint les sentiments émus et exacerbés d'individus déchirés : Nous ne vieillirons pas ensemble (1972), la Gueule ouverte (1974), Loulou (1980), À nos amours (1983), qui révèle une jeune actrice talentueuse, Sandrine Bonnaire, Sous le soleil de Satan (1987), palme d'Or du Festival de Cannes, Van Gogh (1991), le Garçu (1995).

PRIGOGINE (Ilya)

Chimiste et philosophe belge d'origine russe
Moscou, 25 janvier 1917 - Bruxelles, 28 mai 2003
Ayant fui le nouveau régime russe en 1921, sa famille choisit de s'installer en Belgique. En 1941, il obtient son doctorat de chimie à l'Université libre de Bruxelles (ULB), où il passera l'essentiel de sa vie de chercheur. Il introduit en thermodynamique les notions d'instabilité et de chaos, et apporte une contribution fondamentale aux sciences physiques et biologiques par ses recherches sur la réversibilité des processus ; de là, il propose une nouvelle méthodologie pour la démarche scientifique (la Nouvelle Alliance, les Métamorphoses de la science, écrit en collaboration avec la philosophe Isabelle Stengers, 1979). En 1977, il a reçu le prix Nobel de chimie.

RHEIMS (Maurice)

Commissaire-priseur et écrivain français
Versailles, 4 janvier 1910 - Paris, 6 mars 2003
Diplômé de l'école du Louvre, il devient commissaire-priseur en 1935. Pendant la guerre, à Alger, il commande en second le premier commando de parachutistes de la France libre. Cofondateur du RPF en 1947, il retrouve son métier de commissaire-priseur et procède alors aux plus grandes ventes des collections françaises et internationales jusqu'en 1972, date à laquelle il vend son étude. Le 20 mai 1976, il est élu à l'Académie française au fauteuil de Robert Aron. Il est également l'auteur de romans, comme la Main (1962) ou le Saint-Office (1983).

RIEFENSTAHL (Leni)

Cinéaste et photographe allemande
Berlin, 22 août 1902 - Bavière, 8 septembre 2003
Elle débute comme danseuse puis comme actrice dans des films à caractère sportif. En 1932, elle tourne son premier film, la Lumière bleue, sur la légende des Dolomites. Elle devient proche d'Adolf Hitler et réalise pour lui un film de propagande célèbre, le Triomphe de la volonté, en 1935. Elle filme ensuite les jeux Olympiques de Berlin, en 1936, avec des moyens colossaux. Après la guerre, elle parvient à se faire blanchir par la commission de dénazification, sans pour autant renier ses actions passées. Elle connaît un nouveau succès dans les années 1970 en effectuant des reportages photos de grand talent chez les Noubas du Soudan.

ROSTOW (Walt)

Historien et économiste américain
New York, 7 octobre 1916 - Austin (Texas), 13 février 2003
Né dans une famille d'émigrés russes socialistes, il devient professeur au MIT (Massachusetts Institute of Technology) en 1950. Dix ans plus tard, il publie son ouvrage principal, les Étapes de la croissance, dans lequel il décrit les cinq phases historiques marquant, selon lui, le développement économique.

SCHLESINGER (John)

Cinéaste britannique
Londres, 16 février 1926 - Palm Springs (Californie), 25 juillet 2003
Après un début de carrière au cinéma comme acteur, il commence à réaliser à la fin des années 1950 des séries TV pour la BBC et des documentaires. Son premier long métrage, Un amour pas comme les autres, obtient un lion d'Or au Festival de Venise en 1962. En 1963, il dirige pour la première fois Julie Christie dans Billy le menteur. Suivront Darling en 1965 et Loin de la foule déchaînée en 1967. En 1969, il part aux États-Unis tourner Macadam Cowboy, son chef-d'œuvre, qui obtient trois oscars. De retour en Grande-Bretagne, il retrouve Dustin Hoffman pour le thriller Marathon man (1976). Il réalise ensuite Yanks (1979), les Envoûtés (1987) et Madame Sousatzka (1988), tous marqués par une vision sombre et décalée de la société. Dans les années 1990, il tourne des thrillers plus conventionnels comme Fenêtre sur Pacifique et Au-delà des lois.

SCHWARTZENBERG (Léon)

Cancérologue français
Paris, 2 décembre 1923 - Villejuif, 14 octobre 2003
Après avoir participé à la Résistance, il devient médecin, spécialiste du cancer. Fortement engagé dans plusieurs combats sociaux et politiques, il prend position en faveur de l'euthanasie. En 1991, il sera même suspendu quelque temps du conseil de l'Ordre pour avoir publiquement déclaré avoir aidé un patient en phase terminale à mourir afin d'abréger ses souffrances – le Conseil d'État annulera cette suspension en 1993. Il est nommé ministre de la Santé dans le gouvernement de Michel Rocard en juillet 1988. Il ne reste que neuf jours à ce poste, ayant exprimé des positions divergentes à propos de la drogue et de la lutte contre le sida. Il est élu député européen de 1989 à 1994. Il se manifeste constamment en faveur des déshérités, notamment des sans-logis et des sans-papiers. Il avait fondé avec l'évêque Jacques Gaillot l'association Droits devant !

SEGUNDO (Francisco Repilado Munoz, dit Compay)

Musicien cubain
Siboney, près de Santiago, 1907 - La Havane, 13 juillet 2003
Ce fils de cheminot a exercé plusieurs métiers, notamment rouleur de cigares, avant d'être définitivement rattrapé par la musique en 1934. Il invente même un instrument, « l'harmonico », guitare à sept cordes doubles, qui ne le quittera plus. En 1948, il crée avec Lorenzo Hierrezuelo le duo Los Compadres (les compères), dans lequel il chante la deuxième voix, dite « segunda », acquérant ainsi le surnom qui le rendra célèbre. Il quitte le groupe à la fin des années 1950 pour jouer sous son propre nom. Venu très tardivement à la notoriété internationale, Compay Segundo est notamment révélé par le film Buena Vista Social Club de Wim Wenders, sorti en 1999.

SIMONE (Eunice Kathleen Waynon, dite Nina)

Chanteuse américaine
Tryon (Caroline du Nord), 21 février 1933 - Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), 21 avril 2003
Elle débute comme pianiste de club, et chante des standards de gospel, de blues et de jazz. En 1959, elle enregistre « My Baby Just Cares for me », qui deviendra sa chanson symbole, ou encore « I love You Porgy », autre tube planétaire. Elle atteint l'apogée de sa carrière dans les années 1960, lorsqu'elle enchaîne les enregistrements et les tournées mondiales ; elle s'engage aussi dans les combats pour les droits civiques et compose après la mort de Martin Luther King, en 1968, « Why ? The King of Love is Dead ». Après le jazz, puis le rhythm'n'blues et la chanson soul, elle s'oriente dans les années 1970 vers le répertoire pop et donne en 1972 une version de « My Way », qui sera son ultime succès. Elle interprète également des chansons françaises, dont « Ne me quitte pas », de Jacques Brel.

SORDI (Alberto)

Acteur et réalisateur italien
Rome, 15 juin 1919 - id., 25 février 2003
Il se fait connaître à l'âge de quatorze ans en devenant la doublure italienne d'Oliver Hardy après avoir remporté un concours. Quatre ans plus tard, il fait ses premiers pas devant la caméra (Il Feroce Saladino de Mario Bonnard), mais sa carrière n'explose réellement qu'au début des années 1950 avec Courrier du cœur (1952) de Federico Fellini, qu'il retrouve un an plus tard pour Les Vitelloni. Ayant joué dans plus de 200 films en cinquante ans de carrière, il incarne parfaitement l'Italien moyen, joyeux et roublard, notamment dans les comédies de Dino Risi, le Signe de Vénus, le Veuf, ou de Luigi Comencini, la Belle de Rome, l'Argent de la vieille. En 1966, il passe à la réalisation avec Fumo di Londra. Suivra une quinzaine de films (Drôles de couples, Rencontres interdites...).

STACK (Robert)

Acteur américain
Los Angeles, 13 janvier 1919 - id., 14 mai 2003
Issu d'une famille d'artistes, il fait ses débuts à l'écran en 1939 et devient deux ans plus tard une star grâce au succès de Nice Girl. Il apparaît alors dans des westerns, des films de guerre, et tourne To be or not to be d'Ernst Lubitsch, qui sait saisir l'ambiguïté de ce comédien au visage angélique. Quand les États-Unis entrent en guerre, il rejoint l'armée. En 1952, il joue dans le premier film tourné en 3-D, Bwana Devil, énorme succès au box-office. Pourtant, il ne parvient pas à regagner son statut d'avant-guerre. Il tourne cependant dans quelques chefs-d'œuvre comme Écrit sur du vent (1956) ou la Ronde de l'aube (1957) – où il incarne à merveille la fêlure qui se cache derrière la façade clinquante de l'Amérique des années 1950 – de Douglas Sirk. Pour le grand public, il restera avant tout le légendaire Eliot Ness dans la série télé culte les Incorruptibles.

TOSCAN DU PLANTIER (Daniel)

Producteur de cinéma français
Chambéry, 7 avril 1941 - Berlin, 11 janvier 2003
En 1975, il entre chez Gaumont comme directeur général et y développe un cinéma de création, sans frontières : Fellini, Tarkovski, Pialat, Bergman, Rohmer, Truffaut ou Kurosawa. En 1983-1984, les pertes considérables de la Gaumont lui valent d'être remercié l'année suivante. En 1988, il prend la présidence d'Unifrance, organisme chargé de l'exportation du film français.

TRINTIGNANT (Marie)

Comédienne française
Paris, 21 janvier 1962 - Neuilly-sur-Seine, 1er août 2003
Fille de Nadine, cinéaste, et de Jean-Louis, comédien, elle débute très jeune au cinéma, près de son père, dans Mon amour, mon amour (1967), réalisé par sa mère. Elle obtient en 1979 un premier rôle marquant dans Série noire d'Alain Corneau. Claude Chabrol fait d'elle un personnage complexe dans Une affaire de femmes (1988) et, surtout, Betty (1992). Elle revient aussi régulièrement sur les planches et notamment avec son père, dans Comédie sur un quai de gare, de Samuel Benchetrit. Lors du tournage d'un téléfilm dirigé par sa mère en Lituanie, elle tombe dans un coma profond à la suite d'une violente dispute avec son ami, Bertrand Cantat, le chanteur du groupe Noir Désir. Ramenée à Paris, elle s'éteindra quelques heures plus tard.

TREVOR-ROPER (Hugh)

Historien britannique
Glanton, 15 janvier 1914 - Oxford, 26 janvier 2003
Historien de renom très précoce, il travaille pour les services secrets britanniques durant la Seconde Guerre mondiale. Chargé d'établir les conditions exactes de la mort de Hitler en 1945, il publie ensuite un livre très remarqué, les Derniers Jours de Hitler. Il poursuit ensuite une carrière d'historien du monde d'après la Renaissance.

URIS (Léon)

Écrivain américain
Baltimore, 3 août 1924 - Shelter Island (État de New York), 21 juin 2003
Fils d'un émigré polonais, il interrompt ses études très tôt afin de s'engager dans les marines. Ses romans, souvent des best-sellers, seront plusieurs fois adaptés au cinéma : Battle Cry, qui raconte l'histoire de la reconquête des îles du Pacifique par les marines, sera mis en images par Raoul Walsh ; les Collines de la colère (1955) donneront le film d'Otto Preminger Exodus ; ou encore Topaz (1967), roman d'espionnage qui sera adapté deux ans après sa parution par Alfred Hitchcock sous le titre l'Étau.

VASQUEZ MONTALBAN (Manuel)

Écrivain espagnol
Barcelone, 1939 - Bangkok, 18 octobre 2003
Engagé à gauche, il connaît les geôles franquistes à la fin des années 1950. Il s'essaie à l'écriture, d'abord avec des textes avant-gardistes, puis accède à la notoriété en inventant, dans J'ai tué Kennedy (1972), le personnage de Pepe Carvalho, un privé qui s'interroge et interroge le monde. Suivront de nombreux romans qui feront de lui un des maîtres du policier moderne et de la littérature espagnole contemporaine.

WHITE (Barry)

Chanteur de soul américain
Gaveston (Texas), 12 septembre 1944 - Los Angeles, 4 juillet 2003
Servi par une voix de basse, profonde et sensuelle, il est l'auteur de nombreux succès, comme « You're the First, the Last, my Everything », « Can't Get enough of your Love » ou encore « Let the Music Play ». Après une adolescence difficile (délinquance et prison), il débute en travaillant pour des labels soul de Los Angeles, comme musicien et chercheur de talents. En 1969, il préside à la formation d'un trio vocal féminin, Love Unlimited. Sa carrière culmine dans les années 1970 : après la sortie de son premier album I've Got so Much to Give (1973), il enchaîne les succès et tourne sur tous les continents.

YANNE (Jean Gouyé, dit Jean)

Comédien, réalisateur et auteur français
Paris, 18 juillet 1933 - près de Reims, 23 mai 2003
D'abord journaliste à l'ORTF, où il entre en 1952, il rejoint très vite la troupe de fantaisistes réunie autour d'Yves Robert au cabaret de La Rose rouge. Il y met au point son personnage de râleur, puis fait des débuts fracassants à la radio. En 1964, il commence une carrière au cinéma (la Vie à l'envers d'Alain Jessua) et tourne pour Claude Chabrol deux de ses plus beaux films (Que la bête meure et le Boucher, 1969), mais aussi pour Jean-Luc Godard (Week-end, 1967) et Maurice Pialat (Nous ne vieillirons pas ensemble, prix d'interprétation à Cannes en 1971). Dans les années 1970, il fait ses premiers pas derrière la caméra avec Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, qui connaît un grand succès public. Cependant, il n'a jamais abandonné sa carrière d'acteur, donnant leur chance à de jeunes réalisateurs, comme Rémi Waterhouse (Je règle mon pas sur le pas de mon père) ou Pascal Bonitzer (Petites Coupures).