Journal de l'année Édition 2002 2002Éd. 2002

Une saison d'émotion

C'est un destin tragique. Une histoire à faire pleurer. Une trajectoire émouvante comme seul, peut-être, le sport sait en générer. Sacrée championne du monde de Super-G en février 2001, Régine Cavagnoud avait enthousiasmé les amateurs de ski alpin par son courage, sa ténacité, son inébranlable volonté pourtant longtemps contrariée par de vilaines blessures. Neuf mois plus tard, sa mort, sur la piste d'entraînement d'un glacier autrichien, a bouleversé la France entière.

Des héros, l'année écoulée en a pourtant confirmé, ou révélé, à foison. Et dans ce palmarès, la France s'est taillé une jolie part : tout en haut du tableau d'honneur tricolore, les « Mousquetaires » méritent une mention pour avoir offert l'une des plus belles émotions de l'année. Autres Petits Poucets, victorieux par surprise des ogres australiens, les rugbymans de Bernard Laporte ont montré un visage séduisant. Victorieux de tous ses test-matchs contre les nations de l'hémisphère Sud – All Blacks, Wallabies, Fidji –, le XV de France nouvelle génération a fait oublier les errements de son prédécesseur, classé avant-dernier du tournoi des Six-Nations. Enfin, et en l'absence de compétition internationale de football, ce sont les handballeurs qui, une nouvelle fois, ont fait triompher les couleurs françaises dans les sports collectifs. Six ans après leur premier titre, les héritiers des « Barjots » ont réédité l'exploit, arrachant un second titre mondial. En attendant la Coupe du monde 2002, où la France tentera de devenir la première nation à conserver son titre depuis le Brésil en 1962, le football n'a pas fait de pause. Symbole de cette inflation, les sommes investies dans le foot n'ont jamais été aussi indécentes, qu'il s'agisse de droits tête – 168 millions d'euros payés par TF1 pour acheter le droit de retransmettre la Coupe du monde – ou de transferts – 75 millions d'euros déboursés par le Real Madrid pour acquérir Zinedine Zidane. À la lutte avec le Real, la Juventus de Turin et Manchester United pour décrocher le titre prestigieux de plus riche club du monde, le Bayern de Munich l'a au moins emporté sur le terrain. S'il est une discipline où la suprématie ne fut pas discutée, c'est bien la formule 1. Sans rival, Michael Schumacher a triomphé au Championnat du monde pour la quatrième fois, la deuxième au volant d'une Ferrari. Intouchable également, Lance Armstrong. Dans les cols et les contre-la-montre, l'Américain a confirmé sa suprématie, dominant un Jan Ullrich en grande forme pour remporter sa troisième victoire consécutive dans le Tour de France.

Les athlètes Marion Jones et Maurice Greene, champions du monde de sprint à Edmonton, le nageur Ian Thorpe, sacré à Fukuoka, le golfeur Tiger Woods, victorieux du Masters, voilà également des valeurs sûres. Tout comme l'Autrichien Hermann Mater, lauréat de sa troisième Coupe du monde de ski alpin avant de terminer sa carrière dans un fossé, jambe brisée dans un accident de moto. Maier, héros de tout un peuple fanatique de ski, a échappé de justesse à l'amputation.