Mardi, 11 septembre 2001

Vers 8 heures du matin, plusieurs avions décollent de la côte Est pour la Californie. Trois des appareils termineront leur course sur les cibles déterminées au préalable par les pirates de l'air.

Le vol 93 de United Airlines, 45 personnes à bord, quitte l'aéroport de Newark près de New York en direction de San Francisco. Un peu plus au nord, à Boston, un autre vol de United Airlines, le numéro 175, décolle en direction de Los Angeles avec 65 personnes à bord. Toujours de Boston, le vol 11 d'American Airlines se dirige vers la même ville californienne avec ses 92 passagers. Un quatrième appareil, le vol 77 d'American Airlines, s'envole aussi pour Los Angeles à partir de l'aéroport de Dulles, à une trentaine de kilomètres de Washington, avec 58 personnes à bord.

Un même scénario

À l'intérieur des quatre avions, le même scénario se reproduit à peu de chose. Après le décollage – rapidement pour les vols 11 et 175, plus tardivement pour les deux autres –, une poignée d'hommes armés de couteaux et de cutters prennent le contrôle des avions. Ils s'attaquent au personnel naviguant, et à certains passagers, afin de provoquer la réaction des pilotes, qu'ils neutralisent. Une fois aux commandes, les pirates modifient la trajectoire et dirigent leurs avions sur les cibles. Quatre bombes volantes se trouvent entre leurs mains. Une fois en l'air, ces appareils ne sont pas trop difficiles à piloter. Les pirates débranchent le système de pilotage automatique et manœuvrent à l'aide d'un GPS portable leur permettant de se repérer. Dans la cabine, certains passagers parviennent à utiliser leurs téléphones. C'est grâce à ces appels que l'on connaîtra l'enchaînement des événements. C'est aussi par l'intermédiaire de ces communications que les passagers du vol 93, informés des autres événements, joueront leur va-tout, sacrifiant leur vie pour éviter une quatrième catastrophe qu'ils savent inévitable.

Manhattan, 8 h 45

Deux Français, Jules et Gédéon Naudet, sont en train de filmer un documentaire à quelques mètres du World Trade Center. Un bruit d'avion attire leur attention. Fixant l'objectif vers le ciel, ils captent par hasard l'image du premier choc : un Boeing 767 qui s'encastre dans le sommet d'une des deux tours jumelles. Cette image fera le tour du monde. Il s'agit du vol 11. À plus de 500 km/h, il est venu percuter l'un des plus hauts gratte-ciel du monde (417 m) avant de s'embraser comme une gigantesque boule de feu. À ce moment-là, pour les observateurs, il ne peut s'agir que d'un accident. Dans la deuxième tour, la consigne est même donnée de ne pas quitter les lieux tout de suite.

Il est un peu plus de 9 heures lorsque les caméras de la télévision captent en direct un deuxième appareil dans le ciel new-yorkais. L'appareil fonce tout droit dans la deuxième tour. Les Twin Towers sont toutes les deux en feu. Il est clair que ces deux terribles accidents ne sont pas fortuits.

Un quart d'heure plus tard, George W. Bush, en visite en Floride, fait une brève intervention : « Le terrorisme contre les États-Unis ne sera pas toléré. » Pour ce premier discours improvisé, le président est peu convaincant. À 9 h 45, le vol 77 s'écrase sur le Pentagone. L'aviation militaire, pourtant alertée, n'a rien pu faire. Au même moment, la Maison-Blanche est évacuée. Cinq minutes plus tard, tous les aéroports sur le sol américain sont fermés et tous les vols annulés. À 10 h 15, le Boeing 757 de United Airlines s'écrase en Pennsylvanie. Le cauchemar vient à peine de commencer.

L'inimaginable s'est produit

Il est 9 h 55 lorsque l'inimaginable s'est produit : à New York, la tour jumelle sud, celle qui a été touchée la deuxième, s'effondre d'un seul coup. La structure en acier n'a pas résisté à la chaleur de l'incendie. Les blocs de béton qui séparent chacun des étages se sont effondrés comme des châteaux de cartes. À l'intérieur, des milliers de personnes sont prises au piège. Trente-trois minutes plus tard, l'horreur se répète avec l'effondrement de la deuxième tour. On sait déjà que des milliers de personnes ont péri. On parle de 20 000 personnes. C'est bien plus tard que l'on connaîtra le nombre (approximatif) de victimes, environ 2 500 à 3 000 disparus. L'attentat au Pentagone fera quant à lui une centaine de victimes alors que 800 morts étaient pressentis le premier jour. Le nombre de personnes sauvées des décombres, malgré des efforts intenses, sera dérisoire.

On hisse le drapeau national

George W. Bush est sur Air Force One, l'avion présidentiel, véritable forteresse volante, considéré comme l'endroit le plus sûr du territoire. Il atterrit en Louisiane en début d'après-midi avant de partir à l'autre bout du pays, au Nebraska, pour revenir à Washington où il arrive à 18 h 40. Moins de deux heures plus tard, il s'adresse à la nation : « Notre pays est fort. Les actes terroristes peuvent faire trembler les fondations de nos plus grands bâtiments, mais ils ne peuvent toucher les fondations de l'Amérique. » Déjà, le ton est plus ferme. À la surprise générale, au fur et à mesure de ses discours, le président semble s'élever davantage à la hauteur de l'événement.