Disciplines

Athlétisme

Deux ans après des Mondiaux sévillans entachés par des scandales majeurs liés au dopage (Merlene Ottey, Linford Christie, Javier Sotomayor), les Championnats du monde d'Edmonton auraient dû se dérouler dans une atmosphère plus sereine. La régularité des contrôles, l'exemplarité des sanctions, la prise de conscience de la gravité du mal par les instances internationales semblaient en effet avoir contribué à faire reculer le spectre du fléau.

Las, la victoire d'Olga Yegorova, accueillie à l'arrivée du 5 000 m par un concert de sifflets de la part du public canadien, a remis le dopage au cœur de l'actualité : contrôlée positive à l'EPO lors d'un meeting parisien, la coureuse de fond russe avait bénéficié d'un vice de forme dans la conduite du test et a été autorisée par la fédération internationale à s'aligner à Edmonton. Un scandale pour nombre d'athlètes qui menacèrent longtemps de boycotter les épreuves canadiennes. Un camouflet également pour les hérauts de la lutte antidopage, démotivés par tant de laxisme. Au total, près de 25 athlètes ont été contrôlés positifs en 2001, la plupart aux stéroïdes anabolisants. Parmi les grands noms convaincus d'avoir utilisé des substances prohibées, le sprinteur trinidadien Ato Boldon (éphédrine) et le coureur de demi-fond algérien Ali Saïdi-Sief (anabolisants, nandrolone). Sur le papier, pourtant, la saison 2001 a connu un retour à la raison. Malgré les fanfaronnades de plusieurs ténors de l'athlétisme, aucun record majeur n'est tombé, excepté celui du décathlon, porté à plus de 9 000 points par le Tchèque Roman Sebrle. Les Américains Maurice Greene et Marion Jones, sur 100 m, ont échoue dans leur course contre le chrono, tout comme le Marocain Hicham El Guerrouj, en quête du record du mile.

La chute de Jones

Toujours à l'affût des temps « prodigieux » de Florence Griffith-Joyner établis il y a plus de dix ans, Marion Jones a en partie raté sa sortie au Canada et provoqué, par sa défaite sur 100 m, la grosse sensation des Championnats du monde. Immense favorite, l'Américaine a pèche par excès de confiance. En finale du 100 m, pénalisée par un de ces départs calamiteux dont elle est coutumière, Jones a été battue à la régulière par l'Ukrainienne Zhanna Pintusevich, qui signait ainsi la fin d'une série de 54 courses sans défaite de Jones depuis 1997 sur 100 m. Celle dont l'ambition déclarée est de devenir tout simplement « la plus grande athlète de tous les temps » s'est tout de même rachetée en remportant les titres du 200 m et du relais 4 × 100 m, portant son total de médailles mondiales à sept, dont cinq d'or.

Autre favori défait par surprise, l'Éthiopien Haile Gebreselassie n'est pas parvenu à conquérir un cinquième titre mondial sur 10 000 m, à l'inverse de l'Allemand Lars Riedel qui a repris le titre du disque remporté sans interruption entre 1991 et 1997. Très attendu, Maurice Greene n'a pas failli. Pour la troisième fois consécutive, il a décroché l'or du 100 m, mais s'est abstenu de s'aligner sur d'autres épreuves en raison d'une blessure. Auteur d'un triplé mondial, Hicham El Guerrouj a lui annoncé son intention d'abandonner le 1 500 m pour le 5 000 m. On souhaite au Marocain, ultra-dominateur sur le demi-fond ces dernières années, de connaître enfin le succès olympique sur sa nouvelle distance, lui qui avait échoué contre toute attente à Atlanta en 1996 puis à Sydney en 2000.

Le duel américano-russe

Venue à Edmonton sans nombre de ses stars (le perchiste Tarasov, la sprinteuse Privalova ou la coureuse de demi-fond Masterkova), la Russie a fait plus que de la figuration et remporté le même nombre de médailles que les athlètes américains (19 dont 6 en or, contre 19 et 9 en or pour les États-Unis).

Face aux deux géants, talonnés de près par les Kenyans, rois du fond, de petits pays ont fait leur apparition au palmarès de l'athlétisme. La République dominicaine, le Sénégal, le Cameroun ou Haïti ont fêté leurs premières médailles mondiales ; Cuba, emmenée par le quadruple champion du monde de la longueur Ivan Pedroso, confirme son rang de grand, de même que l'Allemagne, leader de l'Europe occidentale. Trahie par ses trois champions du monde (Marie-José Pérec, disparue corps et âme après sa fuite de Sydney, Stéphane Diagana, blessé, et Eunice Barber, auteur d'une contre-performance à l'heptathlon), la France est rentrée bredouille de titre mondial pour la première fois depuis 1993.

Automobile

Schumacher, quatrième

Impérial, l'Allemand Michael Schumacher, vainqueur de neuf courses sur dix-sept, n'a pas attendu la fin d'une année de F1 dénuée de suspense pour couronner sa saison. Dès le Grand Prix de Hongrie, mi-août, à quatre longueurs de la fin du championnat, la messe était dite. Sur le circuit du Hungaroring, le pilote de Ferrari a en effet réussi un triple coup : empocher un deuxième titre mondial avec la firme italienne, offrir le titre des constructeurs à la Scuderia, et égaler le record de victoires en Grand Prix jusqu'alors détenu par le Français Alain Prost (51). Quinze jours plus tard, en l'emportant à Spa-Francorchamps, « Schumi » dépassait définitivement « le Professeur » avant de porter le record à 53, à la fin de la saison. Un bilan complété par le record de points inscrits en Grand Prix (801). Et pour terminer en beauté, Schumacher, désormais quadruple champion du monde (deux titres avec Benetton, deux avec Ferrari), bouclait la boucle de la victoire en finissant la saison au Japon comme il l'avait ouverte en Australie : par un succès.