Journal de l'année Édition 2000 2000Éd. 2000

Nécrologies

ALBERTI (Rafael)

poète espagnol
Puerto de Santa Maria, Cadix.
1902
id., 28 octobre 1999
D'origine andalouse et italienne, il se lance dans la poésie à l'âge de vingt ans. Ami de Lorca et de Buñuel, il prône une poésie refusant un régionalisme facile. Se plaçant sous l'égide du poète baroque Góngora, il constitue le groupe de la « génération de 1927 » (année du tricentenaire de la mort du poète espagnol Luis de Góngora y Argote). Marqué par le surréalisme, il pratique à la fois une poésie accessible au grand public, une poésie reprenant plusieurs grands thèmes de la littérature et de la tradition mystique espagnoles, et une poésie engagée pour la transformation de la société. Inscrit au Parti communiste, il participe activement à la guerre civile puis s'exile en 1938, en France, en Argentine et en Italie. Élu triomphalement député de Cadix après la mort de Franco, il n'occupe son siège que quelques mois et continue son œuvre poétique pratiquement jusqu'à sa disparition.

BIOY CASARES (Adolfo)

écrivain argentin
Buenos Aires, 15 septembre 1914
id., 8 mars 1999
Sa rencontre, à dix-sept ans, avec le grand écrivain argentin Jorge Luis Borges déterminera toute sa carrière littéraire. Ensemble, ils vont écrire plusieurs textes et ouvrages, dont Six Problèmes pour Don Isidro Parodi (1942), signé H. Bustos Domecq. Parallèlement, Bioy Casares, fils d'un grand propriétaire terrien, développe sa propre œuvre, sur un registre fantastique. L'Invention de Morel (1940) reste comme un des grands classiques du genre. Suivront la Guerre au cochon, Un champion fragile, Chambre sans fenêtre ou Nouvelles démesurées. Considéré comme un des chefs de file de la littérature argentine, Bioy Casares ne s'est jamais embarrassé de réalisme et déclarait : « J'ai voulu fuir le fantastique, mais il m'a rattrapé aussitôt. »

BOGARDE (Derek Niven Van den Bogaerde, dit Dirk)

comédien britannique
Londres, 28 mars 1921
id., 8 mai 1999
Arrière-petit-fils et petit-fils de comédiens, et fils d'une comédienne, il se lance dans la carrière théâtrale dès l'âge de seize ans. Après la guerre, il s'impose dans la version anglaise d'Orphée de Jean Cocteau. Il devient alors une des vedettes des studios de cinéma anglais Rank et joue dans de nombreux films d'action, comme Intelligence Service, de Michael Powell, en 1957. En 1963, il réoriente complètement sa carrière avec le film de Joseph Losey, The Servant, en passant du rôle de jeune premier à celui de personnage ambigu et tourmenté. Il triomphe dans Accident, de Losey (1967), les Damnés (1969) et la Mort à Venise (1971), de Visconti, Portier de nuit (1974), de Liliana Cavani et Providence (1977), d'Alain Resnais. Installé dans le sud de la France depuis 1966, il joue une dernière fois au cinéma en 1990 dans Daddy Nostalgie, de Bertrand Tavernier. Anobli en 1992, il était revenu vivre en Grande-Bretagne en 1989.

BOUBAT Édouard

photographe français
Paris, 13 septembre 1923
id., 30 juin 1999
Après avoir appris le métier de la photogravure, il travaille en usine tout en pratiquant la photographie en amateur. Il participe à une exposition en 1951, et il est remarqué par le rédacteur en chef du magazine Réalités, qui l'embauche comme photographe. Il voyage alors dans le monde entier, mais ne pratique pas la photo de reportage. Il préfère la photo d'inspiration : un « correspondant de paix », comme disait son ami Prévert. Connu pour ses nombreuses images de femme, il préfère toujours une photo spontanée à un cadrage minutieux, l'ambiance de la rue à celle du studio. Il reçoit le grand prix national de la photographie en 1984. Souvent associé, de façon peut-être abusive, à Doisneau, à Ronis, voire à Cartier-Bresson, Boubat est qualifié de « photographe humaniste », magnifiant le quotidien et la « grande famille de l'homme ».

BOWLES (Paul)

écrivain américain
New York, 10 décembre 1910
Tanger, Maroc, 18 novembre 1999
Attiré autant par la musique que par la littérature, il quitte les États-Unis dès l'âge de dix-huit ans et voyage à travers le monde, notamment au Japon, à Ceylan, en Amérique latine, en Allemagne et en France. Il s'installe définitivement à Tanger dans les années 40. Auparavant, il avait composé plusieurs œuvres musicales à succès pour Broadway et pour le cinéma. Ne parvenant pas à trouver une voie réellement originale dans la musique, il se tourne alors vers la littérature. Il publie son premier roman, Un thé au Sahara, qui connaît un très vif succès. D'autres suivront, comme la Maison de l'araignée et Leurs mains sont bleues, ou le très beau recueil de nouvelles le Scorpion, dans lesquelles il impose sa vision froide, cruelle et sexualisée du monde. Ami d'écrivains comme Allen Ginsberg, William Burroughs ou Tennessee Williams, il fréquente également des écrivains du Maroc et contribue à faire connaître la musique de ce pays.

BRESSON (Robert)

cinéaste français
Bromont-Lamothe, Puy-de-Dôme,
25 septembre 1901
18 décembre 1999
Après s'être essayé à la peinture, il dirige, en 1934, son premier moyen-métrage, un film burlesque, les Affaires publiques. Il travaille également comme scénariste puis sort son premier grand film en 1943, les Anges du péché. Il y développe les thèmes chrétiens du péché et de la rédemption, qui marqueront toute son œuvre. Suivront notamment les Dames du Bois de Boulogne (1945, dialogues de Jean Cocteau), le Journal d'un curé de campagne (1951), Un condamné à mort s'est échappé (1956), Pickpocket (1959), le Procès de Jeanne d'Arc (1962), Mouchette (1967) et l'Argent (1983). Considéré, pour la pureté de son style et pour la hauteur de son propos, comme un des plus grands auteurs du siècle, son œuvre ne recevra cependant aucune distinction importante et ne connaîtra qu'un succès public limité. Louis Malle estimait, pour sa part, que Pickpocket constituait « une des quatre ou cinq grandes dates du cinéma ».

BUFFET (Bernard)

peintre français
Paris, 10 juillet 1928
Tourtour, Var, 4 octobre 1999
Largement méprisé par la critique, il est le peintre français de l'après-guerre le plus vendu dans le monde, notamment au Japon, où son œuvre est adulée. Après des études décousues à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, il bénéficie, à dix-neuf ans, de sa première exposition dans la capitale et reçoit, la même année, le Prix de la jeune peinture, suivi, en 1948, du Prix de la critique. Son style – figuratif, décharné, misérabiliste, marqué par les horreurs de la guerre – fascine, et plusieurs artistes réputés se déclarent intéressés par son travail. Suivent alors une production effrénée, toujours sur le même modèle, et un succès commercial jamais démenti. Bernard Buffet devient une figure des nuits parisiennes et tropéziennes, et son mariage, en 1958, avec le mannequin Annabel défraye la chronique.
En 1974, il est le plus jeune lauréat jamais élu à l'Académie des beaux-arts. Ignorant la critique, qui fustige désormais son œuvre, il continue de produire des milliers de tableaux (8 000 au total). Atteint par la maladie de Parkinson, qui l'empêche de peindre, il se suicide dans sa propriété du Var.

BYRD (Charlie)

guitariste de jazz américain
Suffolk, Virgine, 16 septembre 1925
Annapolis, Maryland, 2 décembre 1999
Après avoir étudié la musique classique et participé au sextette de Woody Herman en 1958, il connaît un grand succès en enregistrant, avec Stan Getz, le disque Jazz Samba (1962). Dans les années 70, il forme avec les guitaristes Barney Kessel et Herb Ellis le groupe Great Guitars.

CÂMARA (Dom Hélder)

archevêque brésilien
Fortaleza, nord-est du Brésil,
7 février 1909
Recife, 27 août 1999
Né dans une famille modeste du Nordeste, il est ordonné prêtre à la fin des années 20. En 1931, il s'engage en politique dans les rangs des organisations fascistes brésiliennes. Il s'en retire bientôt et gravit rapidement les marches de la hiérarchie catholique nationale. Il prêche à la radio, où il diffuse un message social, très bien reçu dans la population. Dans les années 50, il devient une des figures dominantes de l'Église brésilienne et prend position de manière radicale en faveur des déshérités. Devenu archevêque de Recife, capitale d'un des États les plus pauvres du pays, il développe un discours très marqué à gauche et s'engage au côté des plus démunis et des paysans sans terre. Après le coup d'État militaire de 1964, il tente d'organiser une résistance non violente à la dictature. Au cours des années 70, il est de plus en plus isolé vis-à-vis des autorités pontificales, et finit par se retirer au milieu des années 80.

CASTELLI (Leo)

marchand d'art américain
Trieste, 4 septembre 1907
New York, 22 août 1999
Fils d'un banquier d'origine hongroise, il travaille d'abord dans les assurances en Roumanie, tout en s'intéressant vivement à la culture. À la fin des années 30, il participe à la création d'une galerie d'art à Paris puis émigré aux États-Unis. Il organise ses premières expositions dans les années 50 et découvre alors des artistes majeurs comme Robert Rauschenberg, Jasper Johns, Cy Twombly ou Frank Stella. Dans les années 60, il accompagne la montée du pop'art et devient le marchand attitré d'Andy Warhol. Il lance ensuite des artistes minimalistes comme Donald Judd ou Richard Serra. Son rôle dans la peinture de l'après-guerre est considéré par tous comme considérable.

CRÉPEAU (Michel)

homme politique français
Fontenay-le-Comte, Vendée,
30 octobre 1930
Paris, 30 mars 1999
Cofondateur du mouvement des radicaux de gauche en 1972, il joue un rôle important dans l'élaboration du programme commun de gouvernement entre communistes, socialistes et radicaux. Nommé ministre de l'Environnement en 1981, il devient, deux ans plus tard, ministre du Commerce et de l'Artisanat. Mais c'est surtout comme maire de La Rochelle qu'il s'est fait connaître du grand public, multipliant les initiatives novatrices en matière d'environnement et d'aménagement urbain.

DARRAS (Jean-Pierre Dumontet, dit Jean-Pierre)

comédien français
Avignon, 26 novembre 1927
Paris, 5 juillet 1999
Après avoir débuté au Centre dramatique de l'Ouest, il rejoint, au début des années 50, Jean Vilar, au côté duquel il va travailler pendant une dizaine d'années, tant au Théâtre national populaire (TNP) qu'au Festival d'Avignon. Il s'oriente ensuite vers le théâtre de boulevard, la production de spectacles et le cinéma, où il joue des adaptations pour l'écran de son auteur fétiche, Molière. Comédien très populaire, il meurt alors qu'il préparait un nouveau spectacle intitulé Mon Molière imaginaire, ou quelques vies qui ont été la mienne.

DEBRÉ (Olivier)

peintre français
Paris, 15 avril 1920
id., 31 mai 1999
Fils du pédiatre Robert Debré et frère de l'ancien Premier ministre Michel Debré, il suit d'abord des études d'architecture pendant lesquelles il rencontre Le Corbusier, dont il devient l'élève. Il commence à exposer en 1940 et fait connaissance avec Picasso, puis participe à la Résistance. Son style ne se définit vraiment qu'au début des années 60 : une abstraction développée sur de larges toiles où l'artiste capte davantage le phénomène de l'apparition de la chose vue que la chose elle-même. Installé en Touraine, dont il aime les paysages et la lumière, il déclare que sa peinture est « le reflet exact du réel ressenti ». Parfois qualifié d'« impressionniste abstrait », il ne cache pas son admiration pour le Monet des Nymphéas ni celle pour Nicolas de Staël. Nommé professeur à l'École nationale des beaux-arts en 1980, il est élu à l'Académie des beaux-arts quelques jours avant sa mort.

DMYTRYK (Edward)

cinéaste américain
Grand Forks, Canada, 1908 Californie, 1er juillet 1999
D'origine ukrainienne, il s'oriente vers le cinéma dans les années 30, travaillant sous la direction de George Cukor ou Leo McCarey. Il devient réalisateur en 1939 et dirige plusieurs films de série B. Militant communiste pendant quelque temps, il est bientôt harcelé par la commission McCarthy et doit s'exiler en Grande-Bretagne. De retour aux États-Unis en 1950, il est emprisonné quelques mois avant d'accepter de témoigner contre certains de ses anciens amis réalisateurs de gauche, comme Jules Dassin. Il peut alors recommencer à travailler et tourne un de ses principaux films en 1954 Ouragan sur le Caine. Il connaîtra à nouveau le succès avec le Bal des maudits (1958) et l'Homme aux colts d'or (1959). Sa carrière entame ensuite un lent déclin, minée par le souvenir de son abjuration.

ETCHEVERRY (Michel)

comédien français
Saint-Jean-de-Luz, 16 décembre 1919
Paris, 31 mars 1999
D'abord instituteur, il devient comédien et entre dans la compagnie de Louis Jouvet au début des années 50. Avec ce dernier, il joue Molière, Giraudoux, Anouilh, Sartre et Bernard Shaw. Il triomphe ensuite dans le Journal d'Anne Frank et dans l'Annonce faite à Marie de Claudel. En 1961, il entre à la Comédie-Française et interprète ensuite de nombreux rôles adaptés à sa silhouette altière et à ses convictions religieuses profondes.

FALK (Lee)

scénariste de bande dessinée américain
Saint Louis, Missouri, 1905
New York, 13 mars, 1999
Après avoir travaillé dans la publicité et la radio, il crée en 1934 avec le dessinateur Phil Davis le personnage de Mandrake. Magicien hypnotiseur, doué de pouvoirs mystérieux, à la chevelure brillantinée et aux fines moustaches, vêtu d'un frac de la Belle Époque, Mandrake connaît très vite un succès considérable. En 1936, Falk, avec l'aide du dessinateur Ray Moore, imagine un nouveau personnage, le Fantôme, un aristocrate anglais du xvie siècle, qui devient un héros vengeur à la suite d'un naufrage. La série est à son tour plébiscitée par le public. Créateur de deux des séries les plus connues de la BD internationale, Lee Falk est également l'auteur de nombreuses pièces de théâtre.

FRISON-ROCHE (Roger)

alpiniste et écrivain français
Paris, 10 février 1906
Chamonix, 19 décembre 1999
Il devient célèbre en 1940 en publiant son premier roman, Premier de cordée, un best-seller qui suscitera des vocations d'alpinistes chez de nombreux lecteurs. Après avoir participé à la Résistance, il effectue de nombreux grands reportages dans le désert comme dans l'Arctique, tout en continuant d'écrire sur la montagne (notamment la Grande Crevasse).

GOGUEL (François)

constitutionnaliste français
Paris, 3 février 1919
id., 15 avril 1999
Spécialiste de l'histoire de France contemporaine, auteur, en 1946, de la Politique des partis sous la IIIe République, il reprend le cours d'André Siegfried sur la géographie électorale à l'Institut d'études politiques de Paris. Il devient ensuite secrétaire général du Sénat de 1954 à 1971, puis président de la Fondation nationale des sciences politiques, de 1971 à 1981, tout en siégeant au Conseil constitutionnel de 1971 à 1980.

GREG (Michel Régnier, dit)

dessinateur de BD français
Ixelles, Bruxelles, 5 mai 1931
Neuilly-sur-Seine, 29 octobre 1999
Sa rencontre avec Franquin à la fin des années 40 l'oriente de façon définitive vers la bande dessinée. Après avoir créé plusieurs séries pour l'agence International Press et travaillé pour Franquin et Hergé, il accède à la notoriété avec le personnage d'Achille Talon, dont il publie les premières aventures dans Pilote en 1963. L'humour de cette série consacrée à un quidam ventripotent, bavard et absurde, à sa famille et à ses proches en fait bientôt un phare de la BD des années 60 et 70. Le succès d'Achille Talon ne l'empêche pas de créer d'autres séries, comme les As, d'écrire de nombreux scénarios et de monter sa propre agence où se révéleront des talents comme De Groot, Turk ou Dupa.

GROTOWSKI (Jerzy)

metteur en scène de théâtre polonais
Rzeszow, Pologne, 11 août 1933
Pontedera, Italie, 14 janvier 1999
Passionné par Stanislavski et Meyerhold, il voyage beaucoup, à Moscou et à Paris notamment, avant de présenter sa première mise en scène, en 1957, avec les Chaises, de Ionesco. Marqué par le sacré de la religion, il se fait le chantre d'un « théâtre pauvre », dans lequel les comédiens ne sont plus des interprètes d'une partition immuable mais des intervenants qui sont amenés à une sincérité absolue que les spectateurs doivent partager complètement. Il créé le « Laboratoire » théâtral de Wroclaw en 1965 et monte des spectacles qui font le tour du monde : le Prince Constant, Akropolis et Apocalypsis cum figuris. En 1986, il crée un nouveau laboratoire en Italie, prend la nationalité française et enseigne, en 1997, au Collège de France, où une chaire d'anthropologie théâtrale est créée pour lui.

GUITTON (Jean)

philosophe français
Saint-Étienne, 18 août 1901
Paris, 21 mars 1999
Normalien, agrégé de philosophie, il publie ses premiers ouvrages à la fin des années 30. Il développe une pensée sur la religion catholique prônant la tolérance, un réformisme modéré et un rapprochement avec le protestantisme. Fait prisonnier pendant la guerre, il ne cache pas son admiration pour Pétain tout en s'opposant à la collaboration. Malgré quelques ennuis à la Libération, il occupe en 1955 la chaire d'histoire de la philosophie à la Sorbonne. Tout en publiant de nombreux ouvrages sur la religion (dont le Problème de Jésus), il continue sa série de portraits inaugurée par le Portrait de M. Pouget (1941), avec, notamment, celui de sa mère, Une mère dans sa vallée (1961). Entré à l'Académie française en 1961, il accueille très favorablement le concile de Vatican II, et deviendra l'ami de trois papes (Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II) et de deux présidents français (MM. Mitterrand et Chirac).

HASSAN II

souverain marocain
Rabat, 9 juillet 1929
id., 23 juillet 1999
Fils de Mohammed V, il reçoit une double éducation, marocaine et française (docteur en droit de l'université de Bordeaux), avant de succéder à son père en 1961. En 1962, il promulgue une Constitution dans laquelle est banni le système du parti unique. Cela ne l'empêche pas, dans les années qui suivent, de mener une politique très autoritaire, qu'il justifie par des menaces de complot contre le trône et par l'explosion d'émeutes populaires. En 1965, les relations entre Hassan II et la France entrent en crise. Le souverain chérifien est soupçonné d'avoir autorisé l'enlèvement sur le territoire français puis la liquidation de Medhi Ben Barka, leader de la gauche marocaine. En 1970, Hassan II promulgue une nouvelle Constitution, encore plus autoritaire. Un an plus tard, il échappe de peu à une tentative d'assassinat, suivie, en 1972, d'un mitraillage de son avion organisé par son plus proche collaborateur, le général Oufkir. La monarchie se durcit encore davantage. Des centaines de prisonniers politiques peuplent des prisons au régime très dur et des proches du palais sont soupçonnés de participer à une corruption généralisée. Le roi reprend cependant l'offensive en mobilisant son peuple sur la question du Sahara occidental, disputé à la population autochtone sahraouie, appuyée par l'Algérie. Dans les années 80, il se fait l'artisan du rapprochement entre Israël et les Palestiniens, tout en contenant à l'intérieur du royaume l'influence des islamistes, ce qui lui vaut un appui croissant des Occidentaux. Au cours des années 90, il se réconcilie avec son voisin algérien tout en libéralisant à nouveau la Constitution. En 1998, à la suite d'élections législatives remportées par la gauche, il nomme un Premier ministre socialiste.

HENRI D'ORLÉANS

comte de Paris
Nouvion-en-Thiérache, Aisne,
5 juillet 1908
Cherisy, Eure-et-Loir, 19 juin
Prétendant au trône de France, descendant de Louis-Philippe et de la lignée Orléans, il s'impose peu à peu comme un prince moderne, en phase avec son siècle. Il rompt en 1937 avec Maurras et l'Action française, dont il juge l'idéologie « dangereuse ». En 1940, il s'engage dans la Légion étrangère sous un faux nom. Il se rapproche un temps de Pétain, puis prend ses distances en 1942 et se replie en Afrique du Nord. Il pense alors prendre la tête d'un mouvement de renouveau, à mi-chemin du général Giraud et du général de Gaulle. Les Américains s'opposent à ce plan. À partir de 1958, il rencontre plusieurs fois le fondateur de la Ve République en espérant que celui-ci en fera son successeur. En 1988, il soutient la candidature de François Mitterrand, puis s'oppose à l'antisémitisme et au traité de Maastricht. Père de onze enfants, il connaît de nombreux déboires familiaux, mais se réconcilie avec son fils aîné, Henri, comte de Clermont, qui lui succède comme prétendant au trône.

HOURDIN (Georges)

homme de presse français
Nantes, 3 janvier 1899
29 juin 1999
Fondateur de la Vie catholique illustrée (devenue depuis la Vie) en 1945, il milite au sein du MRP, parti démocrate-chrétien. Il impose un nouveau style à la presse catholique, plus chaleureux et plus populaire. Son groupe se développe et invente un nouveau titre, qui va devenir un modèle dans le journalisme culturel à grande diffusion, Télérama.

HUSSEIN DE JORDANIE

souverain jordanien
Amman, 1935
id., 7 février 1999
Proclamé roi de Jordanie à dix-sept ans et intronisé l'année suivante, en 1953, le « petit roi » (ainsi désigné du fait de son jeune âge et de sa petite taille) hérite d'un pays en pleine crise, deux ans après l'assassinat, sous ses yeux, de son grand-père Abdallah, le fondateur du royaume, abattu parce que soupçonné de chercher un accord avec les Israéliens. Le nouveau souverain résiste à plusieurs tentatives de meurtre et de coup d'État, alors que la pression israélienne se fait de plus en plus forte du fait des incursions de fedayins palestiniens à partir du royaume hachémite. Entraîné contre son gré dans la guerre de 1967, Hussein paye la défaite au prix fort de la perte de Jérusalem et d'une tension croissante entre Bédouins et Palestiniens. Cette tension aboutit à un affrontement meurtrier en septembre 1970, soldé, l'année suivante, par le meurtre du Premier ministre, Wasfi Tall. Malgré ces difficultés, Hussein parvient à s'imposer comme souverain légitime aussi bien dans le camp arabe que vis-à-vis du monde occidental, tout en maintenant des contacts plus ou moins secrets avec les dirigeants israéliens. À la fin des années 80, l'Intifada en Palestine le pousse à rompre avec Israël, puis à prendre parti, en 1990, en faveur de Saddam Hussein, lors de la guerre du Golfe. Pris de court par les accords israélo-palestiniens de 1993, il réussit cependant à reprendre en main la situation et à s'imposer, dans les dernières années de son long règne, comme le « sage » incontournable du Proche-Orient. Miné par un cancer, il trouve la force, quelques jours avant sa mort, de régler sa succession en écartant son frère au profit de son fils Abdallah. Son enterrement est suivi par tous les grands dirigeants de la planète.

JACKSON (Milt)

jazzman américain
Détroit, 1er janvier 1923
New York, 9 octobre 1999
Chanteur de gospel depuis son enfance, il découvre le vibraphone en assistant à un concert de Lionel Hampton. Il adopte alors cet instrument et rejoint l'orchestre de Dizzie Gillespie en 1945. Neuf ans plus tard, avec le batteur Kenny Clarke, le contrebassiste Percy Heath et le pianiste John Lewis, il fonde le Modem Jazz Quartet, qui va devenir un des orchestres les plus populaires du jazz de l'après-guerre. Cela n'empêchera pas Milt Jackson de multiplier, par ailleurs, les rencontres musicales, notamment avec Ray Charles, Oscar Peterson ou, plus récemment, Gary Burton.

KAKOU (Alain, dit Élie)

comique français
Nabeul, Tunisie, 12 janvier 1960
Paris, 10 juin 1999
Issu d'une famille de pieds-noirs, il va rapidement s'imposer comme comique, aux limites de l'humour noir et de l'absurde. Il crée le personnage de Madame Sarfati, archétype de la mère juive séfarade. Après des débuts au Club Méditerranée, il connaît un très grand succès au Point-Virgule, la salle parisienne, tremplin de nombreux humoristes. Outre ses spectacles, il joue pour le cinéma, et l'on remarque sa prestation dans la Vérité si je mens ! (1997), une satire souriante des commerçants du Sentier.

KONSALIK (Heinz Günther, dit Heinz)

écrivain allemand
Cologne, 28 mai 1921
Wals, près de Salzbourg
(Autriche), 2 octobre 1999
Largement ignoré par la critique, il est l'auteur allemand de l'après-guerre le plus lu dans le monde, avec 83 millions d'exemplaires vendus de ses 155 romans traduits en 42 langues. Correspondant de guerre pendant le second conflit mondial, il est blessé sur le front russe. De cette expérience il tire la matière de plusieurs de ses livres, dont son premier best-seller, le Médecin de Stalingrad, publié en 1956.

KUBRICK (Stanley)

cinéaste américain
New York, 26 juillet 1928
Abbots Mead, nord de Londres, 7 mars 1999
Fils d'un radiologue d'origine hongroise, il débute comme photographe de presse intermittent au magazine Look. Au début des années 50, il réalise deux courts-métrages et un premier long-métrage en 1953, Fear and Désire, qu'il finance avec ses gains aux échecs. L'année suivante, il réalise le Baiser du tueur et, deux ans plus tard, il sort son premier grand film, un policier, l'Ultime Razzia. Il se lie alors d'amitié avec le comédien Kirk Douglas, avec qui il va tourner les Sentiers de la gloire (1957, sur la guerre de 14) puis Spartacus (1960). Désormais, tous ses films défrayent la chronique, par la force des thèmes choisis, par la qualité des images et de la mise en scène, par le choix des musiques qui accompagnent l'action et par la perfection de la direction d'acteurs : Lolita (1962, d'après le roman de Nabokov), Docteur Folamour (1963, le plus grand film sur la guerre froide), 2001, l'Odyssée de l'espace (1968), Orange mécanique (1971), BarryLyndon (1975), Shining (1979), Full Metal Jacket (1987, sur la guerre du Viêt Nam). Peintre incomparable de la guerre et de la violence sous toutes ses formes, Kubrick se mure peu à peu dans le silence et le mystère. Il meurt alors que son dernier film, Eyes Wide Shut, vient juste d'être terminé.

LAGOYA (Alexandre)

guitariste français
Alexandrie (Égypte), 29 juin 1929
Paris, 24 août 1999
Après avoir donné son premier récital à treize ans, il étudie la musique à Paris avec Villa-Lobos puis aux États-Unis. Il épouse alors la guitariste française Ida Presti, avec laquelle il va former un duo de guitares célèbre dans le monde entier. Jolivet, Poulenc, Villa-Lobos et d'autres composent des œuvres spécialement pour eux. Après la mort prématurée de son épouse, il se consacre à l'enseignement, tout en continuant à enregistrer de nombreux disques.

LANDOWSKI (Marcel)

compositeur français
Pont-l'Abbé, Finistère, 1915
Paris, le 23 décembre 1999
Fils de l'illustre sculpteur Paul Landowski, il apprend le piano à cinq ans, puis étudie la composition et la direction d'orchestre. De son œuvre, qui compte des opéras, des symphonies et des concertos, on retiendra, notamment, Jean de la Peur (1949), le Fou (1954) et Leçons de ténèbres (1991). Il fut directeur de la musique (1970-1974) au ministère des Affaires culturelles.

LE BRETON (Auguste Montfort, dit)

écrivain français
Lesvenen, Finistère, 1913
Saint-Germain-en-Laye, 31 mai 1999
Orphelin de guerre, Auguste Le Breton se retrouve très tôt livré à lui-même et flirte avec la délinquance tout en exerçant divers petits métiers. Il relatera son expérience des établissements pour mineurs dans son premier livre, les Hauts Murs, publié en 1951. Entré dans la Série Noire à la suite d'Albert Simonin, il connaît vite un très grand succès avec Du rififi chez les hommes, Razzia sur la schnouf et Le rouge est mis, tous trois adaptés au cinéma avec Jean Gabin dans le rôle principal. Son style efficace est mis au service d'histoires bien construites, décrivant avec précision la vie des truands de l'époque. Il publiera en tout 77 ouvrages, dont beaucoup de qualité médiocre. On retient cependant son dictionnaire l'Argot chez les vrais de vrai.

LECOQ (Jacques)

professeur de théâtre français
Paris, 15 décembre 1921
id., 19 janvier 1999
D'abord professeur d'éducation physique, il rencontre Yves Robert et les Frères Jacques, puis Jean Dasté. Il collabore avec celui-ci et enseigne à sa troupe les techniques corporelles. Lié au sculpteur Amieto Sartori, il découvre auprès de ce dernier l'art du masque. Il en tire la base de son enseignement, ce qu'il appelle « le masque fixe ». Il ouvre son école en 1956 et y formera des milliers d'acteurs et de metteurs en scène (dont Luc Bondy, Jorge Lavelli ou Ariane Mnouchkine) français et étrangers. Il est considéré comme le plus grand professeur de théâtre en France depuis Copeau.

LEONTIEFF (Wassily)

économiste américain d'origine russe
Saint-Pétersbourg, 5 août 1906
New York, 5 février 1999
Formé à l'université de Saint-Pétersbourg, il s'installe aux États-Unis au début des années 30. Il entre bientôt à l'université Harvard, où il est nommé professeur en 1946. Sa méthode le pousse à combiner réflexion théorique, travail statistique et maîtrise de l'outil mathématique. Il étudie alors les différentes branches de l'industrie et établit un tableau reliant les inputs (facteurs de production) et les outputs (biens produits), ce qui lui permet d'analyser les différentes activités de l'économie en fonction de leurs utilisations de capital et de travail. Il reçoit le prix Nobel d'économie en 1973 et continue ses activités de recherche jusqu'à la fin des années 80.

LIEBERMANN (Rolf)

compositeur et directeur d'Opéra suisse
Zurich, 14 septembre 1910
Paris, 2 janvier 1999
Juriste de formation, il s'oriente vers la musique et devient le directeur de l'orchestre de Zurich à la fin des années 40. En 1959, il est nommé intendant de l'Opéra de Hambourg, dont il fait un haut lieu de la musique allemande et internationale. Il passe commande à de nombreux compositeurs contemporains, comme Marius Constant, Mauricio Kagel ou Gian Carlo Menotti. En 1973, il prend la direction de l'Opéra de Paris, qu'il relance avec un talent incomparable, malgré de nombreuses tracasseries administratives et syndicales. En 1980, il se remet à la composition, tout en assurant des missions de conseil et de direction à Hambourg et à Salzbourg.

MANCERON (Claude)

historien français
Paris, 1923
Rambouillet, 23 mars 1999
Frappé par la poliomyélite à l'âge de onze ans, il se réfugie dans la lecture. Il commence par être éducateur au service des autres handicapés et participe aux combats de la Libération dans son fauteuil roulant. En 1956, il publie son premier livre, À peine un printemps, un roman historique sur les Cent-Jours. En 1973, il sort le premier volume des Hommes de la liberté, vaste fresque sur les hommes de progrès. Engagé à gauche, il est nommé par François Mitterrand chargé de mission à l'Élysée de 1981 à 1995.

MARTINET (André)

linguiste français
Saint-Alban-des-Villards, Savoie, 12 avril 1908
Châtenay-Malabry, 16 juillet 1999
Agrégé d'anglais, il soutient ses thèses de doctorat en 1938 et entame un dialogue fructueux avec le linguiste danois Louis Hjelmslev. Privilégiant la fonction de communication de la langue, il développe une théorie très claire du langage, même si certains lui reprochent de ne pas suffisamment intégrer les dimensions de l'inconscient et de l'énonciation. Il publie en 1960 ses Éléments de linguistique générale, qui seront traduits en dix-sept langues.

MATURE (Victor)

acteur américain
Louisville, Kentucky, 29 janvier 1915
San Diego, Californie, 4 août 1999
Fils d'un riche industriel d'origine autrichienne et doté d'une musculature impressionnante, il débute au cinéma à la fin des années 30. Il s'impose dans les grands péplums hollywoodiens de l'époque, tels Samson et Dalila, de Cecil B. De Mille (1949), ou la Robe, de Henry Koster (1953). Plusieurs grands metteurs en scène sauront également mettre en valeur son apparente lourdeur dans de beaux films comme Shangai Gesture, de Josef von Sternberg (1941), ou la Poursuite infernale, de John Ford (1946).

MENUHIN (Yehudi)

violoniste et chef d'orchestre britannique
New York, 22 avril 1916
Berlin, 12 mars 1999
Issu d'une famille de Juifs russes, Yehudi Menuhin fait ses débuts à neuf ans à Paris, sous la direction du chef d'orchestre Paul Paray. Deux ans plus tard, il joue avec le New York Philarmonic. À treize ans, il se produit à Berlin devant Albert Einstein, qui déclare à la fin du concert : « Maintenant je sais qu'il y a un dieu dans les cieux ». Très ouvert à la philosophie orientale et chaud partisan des rencontres entre genres musicaux, il se produit aussi bien avec le grand joueur de sitar indien Ravi Shankar qu'avec le violoniste de jazz Stéphane Grappelli. Humaniste et engagé en faveur de la paix, il joue pour les armées alliées pendant la guerre, mais n'hésite pas après 1945 à prendre parti en faveur du chef d'orchestre allemand Furtwängler, à qui il était reproché de s'être produit devant les grands dignitaires du nazisme. De même, lors d'un voyage triomphal en Israël, il choque l'opinion en allant jouer dans des camps de réfugiés palestiniens. Il meurt à quelques heures d'un concert qu'il devait diriger dans la capitale allemande.

MORITA (Akio)

industriel japonais
Nagoya, 26 janvier 1921
Tokyo, 3 octobre 1999
À vingt-cinq ans, il crée une société qui va bientôt fabriquer les premiers transistors japonais, après avoir acquis la licence américaine. En 1958, il rebaptise sa société Sony, en caractères occidentaux, afin de mieux conquérir les marchés internationaux. Douze ans plus tard, Sony est la première entreprise nippone cotée à la Bourse de New York. Elle bénéficie d'un formidable développement au cours des années 70, grâce au Walkman, dont Akio Morita a eu l'idée en jouant au golf.

MURDOCH (Iris)

écrivain britannique
Dublin, 15 juillet 1919
Oxford, 8 février 1999
Un temps étudiante à Oxford et militante communiste, elle travaille d'abord aux Nations unies, au service des réfugiés. Au début des années 50, la lecture de l'Être et le Néant de Sartre la ramène vers la philosophie puis vers la littérature. Après avoir publié un essai sur Sartre, elle sort son premier roman, Sous le filet, en 1954, que la critique salue sans tarder. Une trentaine d'ouvrages suivront, dont le Château de la licorne, le Prince noir, Amour sacré, amour profane ou la Mer, la mer (Booker Price, 1978).

NEBIOLO (Primo)

responsable sportif italien
Turin, 14 juillet 1923
Rome, 7 novembre 1999
Ancien champion de saut en longueur, il devient président de la Fédération internationale d'athlétisme amateur (IAAF) en 1981. Extrêmement actif, il développe l'athlétisme comme sport majeur, crée les Championnats du monde et gère le passage de fait de la discipline au professionnalisme. Très autoritaire, il était parfois critiqué pour son manque de détermination dans la lutte contre le dopage.

NKOMO (Joshua Mqabuko Nyongolo)

homme politique zimbabwéen
province du Matabeleland, 1917 Harare, 1er juillet 1999
D'origine modeste, il devient, après des études à Johannesburg, secrétaire du syndicat des cheminots de Rhodésie en 1951. Il entre bientôt en politique et crée en 1961 l'Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), qui réclame l'émancipation de la majorité noire. Emprisonné pendant près de dix ans par la police de Ian Smith, il est le grand artisan de la naissance du Zimbabwe.

NYERERE (Julius)

homme politique tanzanien
Tanganyika, avril 1922
Londres, 14 octobre 1999
Fils d'un chef local, il suit des études d'instituteur puis d'histoire à l'université d'Édimbourg. En 1954, il fonde la Tanganyika African National Union (TANU) et devient en 1962 le premier président élu de Tanzanie (réunion du Tanganyika et de Zanzibar). Tout en restant ouvert à la culture occidentale, il favorise une africanisation accélérée de la société et parvient à maintenir une véritable harmonie ethnique et culturelle dans son pays. Son bilan économique est moins brillant, et il accepte en 1985 de quitter pacifiquement le pouvoir.

PETRUCCIANI (Michel)

pianiste de jazz français
Orange, Vaucluse, 28 décembre 1962
New York, 6 janvier 1999
Issu d'une famille de musiciens, il est atteint à la naissance d'une maladie génétique qui arrête sa croissance et fragilise ses os. Son père le met devant un piano dès l'âge de quatre ans et l'enfant révèle aussitôt des dons exceptionnels. À la fin des années 70, le batteur de jazz Aldo Romano le remarque et lui fait rencontrer le producteur Jean-Jacques Pussiau. Il enregistre alors un premier disque avec Romano et le contrebassiste Jean-François Jenny-Clarke. Michel Petrucciani parvient à s'imposer sur la scène jazz des États-Unis, jouant avec des artistes de légende comme Charles Lloyd, Joe Henderson, Wayne Shorter, Dizzy Gillespie ou Roy Haynes.

PEYNET (Raymond Peynet, dit)

dessinateur français
Paris, 16 novembre 1908
Mougins, 14 janvier 1999
Il connaît la gloire à partir de 1942, quand le journal Ric et Rac publie le dessin que Peynet a réalisé devant le kiosque à musique de Valence, où jouait seul un petit violoniste devant sa femme. À partir de cette scène, Peynet va imaginer le couple d'amoureux célèbre dans le monde entier, avec un jeune homme à cheveux longs et chapeau rond et sa frêle compagne.

PEYREFITTE (Alain)

homme politique et écrivain français
Najac, Aveyron, 26 août 1925
Paris, 27 novembre 1999
Normalien, ancien élève de l'ENA, il débute dans la diplomatie avant d'entrer en politique en 1958 en se faisant élire député sous les couleurs gaullistes. Il entre au gouvernement en 1962 et occupe plusieurs fauteuils ministériels, dont ceux de l'Information et de l'Éducation nationale. À partir des années 1970, il se consacre à sa carrière d'écrivain et publie plusieurs essais à succès, dont Quand la Chine s'éveillera (1973). Député-maire de Provins, il entre à l'Académie française en 1977 et préside le comité éditorial du Figaro à partir de 1983. Il consacre au fondateur de la Ve République deux ouvrages à succès : C'était de Gaulle, vol. 1 et 2 (1994 et 1997).

POÏVET (Raymond)

dessinateur de BD français
Le Château, Nord, 17 juin 1910
29 août 1999
Après des études à l'École nationale des Beaux-Arts de Paris, il débute dans la publicité et le dessin de mode, avant de commencer, dans les années 40, une carrière de dessinateur et de scénariste de BD. Il signe d'abord des aventures historiques (Christophe Colomb, Napoléon) pour la presse générale et la presse spécialisée (Vaillant, Pif Gadget, Tintin, Pilote, Métal Hurlant). Il reste surtout comme le créateur d'une grande série de science-fiction, publiée de 1945 à 1973, les Pionniers de l'Espérance.

PUZO (Mario)

écrivain américain
New York, 1920
id., 2 juillet 1999
Fils d'immigrés italiens, il publie son premier roman en 1955 et connaît quatorze ans plus tard un succès mondial avec le Parrain, grande saga sur le monde de la mafia italo-américaine, qui sera adapté à l'écran par Francis F. Coppola. Il disparaît juste après avoir achevé un dernier roman, Omerta.

REED (Oliver)

comédien britannique
Londres, 13 février 1938
Malte, 2 mai 1999
Il exerce différents métiers, dont celui de boxeur, avant de débuter au cinéma. Son interprétation du loup-garou dans la Nuit du loup-garou, de Terence Fisher, en 1961, comme son physique massif le cantonnent largement dans des rôles de personnages inquiétants. On retiendra ses participations aux Damnés de Losey, à Love et aux Diables de Ken Russel ou encore aux Trois Mousquetaires de Richard Lester.

RODRIGO (Joaquín)

compositeur espagnol
Sagunto, Valencia, 22 novembre 1901
Madrid, 6 juillet
Il est atteint très jeune de cécité et il fait des études musicales à Paris, où il est l'élève de Paul Dukas. Il compose en 1939 le Concierto de Aranjuez, pour guitare et orchestre, qui va devenir peu à peu un succès mondial. En 1959, le trompettiste de jazz Miles Davis l'enregistre et impose définitivement le Concierto auprès du grand public.

RODRIGUES (Amália)

chanteuse portugaise
Lisbonne, 1er juillet 1920
id., 6 octobre 1999
Issue d'une famille très modeste, elle se fait remarquer par le compositeur Amil qui lui donne ses premiers fados. Sa réputation grandit vite et, en 1943, elle se produit à Madrid, avant d'entamer une carrière internationale. Elle joue aussi au cinéma, notamment dans les Amants du Tage, d'Henri Verneuil (1955). Sa disparition est saluée par un deuil national de trois jours.

ROUX (Ambroise)

chef d'entreprise français
Piscop, Seine-et-Oise, 26 juin 1921
Montfort-l'Amaury, Yvelines, 4 avril 1999
Après l'École polytechnique, il entre au cabinet du ministre MRP de l'Industrie de 1951 à 1953, puis à la CGE, dont il prend la présidence en 1970. Entre-temps, il occupe des responsabilités importantes au sein du CNPF et devient proche du Premier ministre de l'époque, Georges Pompidou. En 1982, après la nationalisation de son groupe par la gauche au pouvoir, il crée l'Association française des entreprises privées (AFEP), qui devient un puissant instrument d'influence.

SARRAUTE (Nathalie, née Natacha Tcherniak)

écrivain français
Ivanovo, Russie, 18 juillet 1900
Paris, 19 octobre 1999
Elle émigre en France à l'âge de neuf ans. Après des études de droit et de lettres, elle s'inscrit au barreau de Paris, puis se lance dans la littérature. Elle publie son premier livre, Tropismes, en 1939, dans lequel elle affirme sa conception du roman, en rupture définitive avec l'art narratif traditionnel. Ce premier livre ne rencontre presque aucun écho, si ce n'est l'intérêt de Jean-Paul Sartre, qui préfacera, en 1948, son deuxième livre, Portrait d'un inconnu. Sa notoriété grandit alors et elle défend d'une façon définitive ses conceptions littéraires dans l'Ère du soupçon (1956). Elle écrit aussi pour le théâtre, notamment la pièce Pour un oui pour un non (1982), qui sera depuis très régulièrement joué. Au terme d'une très longue existence (son dernier roman, Ouvrez, date de 1997), elle est considérée comme un des plus grands écrivains français du siècle.

SCOTT (George C.)

acteur américain
Wise, Virginie, 18 octobre 1927
Los Angeles, 22 septembre 1999
Il commence sa carrière en 1950 dans des troupes de théâtre itinérantes, avant de se faire connaître à Broadway puis au cinéma dans la Colline des potences, dans Autopsie d'un meurtre et dans l'Arnaqueur. Il confirme sa capacité à jouer des rôles de personnages bourrus et énergiques dans le Docteur Folamour de Stanley Kubrick (1963) et reçoit un oscar (qu'il refusera) pour son interprétation dans Patton (1970). Il jouera au cinéma jusqu'au début des années 90 tout en menant une importante carrière à la télévision.

SPRINGFIELD (Dusty, Mary O'Brien, dite)

chanteuse britannique
Londres, 16 avril 1939
Henley-on-Thames, 2 mars 1999
Elle débute à la fin des années 50, mais connaît le succès à partir de 1963, quand elle entame une carrière solo. À la fin des années 60, elle émigré aux États-Unis, où elle connaît à nouveau le succès, notamment avec la chanson « Son Of A Preacher Man ».

STEINBERG (Saul)

dessinateur américain
Roumanie, 15 juin 1914
New York, 12 mai 1999
Après des études d'architecture en Italie, il s'oriente vers le dessin et émigre aux États-Unis. À mi-chemin du dessin d'art, de la BD et du dessin de presse, il impose son trait élégant et ironique. Il se fait connaître dans le monde entier au travers de sa longue collaboration avec le New Yorker, pour lequel il réalise de nombreux reportages dessinés sur le procès de Nuremberg, Hollywood ou la NASA. Il publie de nombreux ouvrages et ses dessins sont exposés dans plusieurs musées d'art moderne.

TUDJMAN (Franjo)

homme politique croate
Nord de la Croatie, 14 mai 1922
Zagreb, 11 décembre 1999
Ancien partisan lors de la Seconde Guerre mondiale puis militaire et général de l'armée yougoslave en 1961, il conduit l'accession de la Croatie à l'indépendance en 1991 et en devient le premier président élu l'année suivante. Très populaire dans son pays malgré ses méthodes autoritaires, il attire sur sa personne la réprobation internationale pour avoir mené une politique de « purification ethnique » pendant la guerre de Bosnie et pour avoir largement réécrit l'histoire, parfois dans un sens antisémite.

WEST (Morris)

écrivain australien
Melbourne, 26 avril 1916
Sydney, 9 octobre 1999
Après avoir été moine catholique pendant douze ans puis après avoir fait la guerre dans le Pacifique contre les Japonais, il travaille à la radio australienne et se met à écrire des romans d'aventures à succès. Installé en Italie, il publie en 1960 l'Avocat du diable, sur un procès en canonisation à Rome, qui se vend à 16 millions d'exemplaires à travers le monde entier. Suivront de nombreux best-sellers, dont la Seconde Victoire ou les Souliers de Saint-Pierre, qui seront traduits en 26 langues.