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L'année Jones

« Cinq médailles d'or ! » C'est le score ambitieux que compte réaliser l'Américaine Marion Jones aux Mondiaux de Séville en 1999 et aux jeux Olympiques de Sydney en l'an 2000. Et, au regard de sa saison 1998, cet objectif est loin d'être irréaliste. Invaincue en 34 épreuves (seize concours de longueur et dix-huit 100 m), la jeune femme de 22 ans a écœuré ses rivales et réalisé, avec 10″ 71, la deuxième meilleure performance de tous les temps sur 100 m. Mieux, elle a couru à chaque fois en moins de 11″ et se dit capable d'améliorer avant les eux l'« inaccessible » record du monde de Florence Griffith-Joyner (10″ 49 en 1988).

« En 1999, elle courra le 100 m en 10″ 50, le 200 m en 21″ et sautera 7,62 m à la longueur », prédit Trevor Graham, son entraîneur. Car Marion Jones a énormément progressé dans toutes les disciplines et notamment à la longueur. Malgré une technique que beaucoup jugent encore sommaire, elle a réalisé, avec 7,31 m, la meilleure performance de l'année.

Dans ces conditions, on voit mal ce qui pourrait l'empêcher de faire mieux que son idole Carl Lewis en cumulant les prochains titres sur 100, 200, 4 × 100, 4 × 400 m et longueur.

Ironie du sort !

Au moment où l'on reparlait de ses étonnantes performances réalisées en 1988, Florence Griffith-Joyner succombait à une attaque à l'âge de 39 ans. Cette disparition prématurée de la triple championne olympique (100, 200, 4 × 100 m) de Séoul a contribué à faire entier la rumeur sur le caractère « peu naturel » de ses records.

Arron en embuscade

Dauphine de Marion Jones, la Française Christine Arron a réalisé une exceptionnelle saison. En l'absence de Marie-José Pérec, affaiblie par un virus, l'« autre » Guadeloupéenne, âgée de 25 ans et quasiment inconnue avant les Championnats du monde d'Athènes en 1997, s'est imposée cette année sur la scène internationale.

Aux Championnats d'Europe de Budapest, elle a survolé le 100 m en 10″ 73, améliorant ainsi le record continental. Trois jours plus tard, elle s'offrait une seconde médaille d'or avec le relais 4 × 100 m. Malgré les exploits de Christine Arron, la France a montré un triste visage lors des épreuves européennes, ne ramenant que quatre médailles. Le relais 4 × 100 m masculin a terminé troisième tandis que Jean Galfione, champion olympique, a légèrement déçu en ne décrochant que le bronze à la perche. Mais c'est Stéphane Diagana qui a manqué la plus belle occasion en chutant lors des demi-finales. Avec 23 médailles, dont 8 en or, l'Allemagne a dominé les Championnats d'Europe à quasi-égalité avec la Russie (22).

El Guerrouj détrône Morceli

Coincée entre deux Championnats du monde, l'année 1998 semblait devoir donner lieu à de nombreux records. Les ténors du 100 m avaient notamment annoncé leur intention d'améliorer les 9″ 84 établis par Donovan Bailey en 1996. Mais Ato Boldon, Maurice Greene ou Frankie Fredericks, peut-être trop occupés à courir le cachet, ont échoué dans leurs tentatives. Boldon a réussi la meilleure performance de l'année en courant deux fois 9″ 86 en tout début de saison.

Les seuls exploits chronométriques de la saison sont à mettre au crédit de deux coureurs du continent africain. Le Marocain Hicham El Guerrouj a amélioré celui du 1 500 m que détenait l'Algérien Nouredine Morceli. À Rome, le 14 juillet, il a couru la distance en 3′ 26″ 00.

Haile Gebreselassie, l'Éthiopien, a, lui, récupéré à quelques jours d'intervalle « ses » records des 5 000 et 10 000 m dont il avait été dépossédé en 1997 par les athlètes kenyans Daniel Komen et Paul Tergat. À Helsinki et à Hengelo, il a couru respectivement en 12′ 39″ 36 et 26′ 22″ 75 pour redevenir le roi du fond.

El Guerrouj, Gebreselassie ainsi que Marion Jones se sont partagé le jackpot de un million de dollars mis en jeu pour les athlètes invaincus lors des six meetings de la Golden League. L'inflation des primes n'est pas proportionnelle à celle des records.

Championnat du monde de cross
(Marrakech, 22 mars)

Messieurs

1 P. Tergat (Kenya), 12 km en 34′ 01″