XVIIIe Jeux olympiques d'hiver

Longtemps mis à mal par les caprices de la météo, le légendaire sens de l'organisation japonais a triomphé du ciel : Les XVIIIe Jeux d'hiver ont finalement offert un spectacle de qualité sans être amputés de la moindre épreuve. Un miracle pour une compétition préparée sous de bien mauvais auspices.

Des débuts chaotiques

Le choix, par le CIO, de la ville industrielle de Nagano (360 000 habitants), située au centre du Japon, avait d'abord été vivement contesté par de nombreux acteurs occidentaux des sports d'hiver. Connue pour ses brusques changements de climat, la zone olympique était également jugée trop éclatée (plus de 100 kilomètres séparaient les deux sites de ski alpin par exemple), trop mal desservie, pas assez fournie en infrastructures routières ou hôtelières. Dès les premiers jours de compétition, les abondantes chutes de neige suivies de pluies torrentielles ont confirmé les craintes. Les incessantes reprogrammations des courses (souvent dictées par des impératifs plus médiatiques que sportifs) ont provoqué, outre la colère des athlètes, d'immenses embouteillages sur des routes déjà étroites. Mais, grâce au succès de sports moins sensibles à la météo, les Jeux ont finalement été remis sur leurs rails et, au prix d'un programme serré et minuté, les disciplines d'extérieur ont pu se dérouler dans des conditions équitables.

Les Jeux de l'extrême

Après Tokyo (organisatrice des Jeux d'été en 1964), puis Sapporo (hôte des Jeux d'hiver en 1972), Nagano était la troisième ville japonaise à accueillir les jeux Olympiques et leur armada de 2 000 athlètes appartenant à 79 délégations.

Malgré les décalages horaires handicapants pour les taux d'audience, les chaînes de télévision du monde entier n'ont pas hésité à débourser près de 3 milliards de francs pour acquérir les droits de retransmission. À elle seule, l'américaine CBS a dépensé plus de 2 milliards. Une manne pour le NAOC (Comité d'organisation des Jeux de Nagano), dont le budget prévisionnel avait été rapidement dépassé. D'un coût total de 6,5 milliards de francs, les Jeux de Nagano ont battu le record précédemment établi par ceux de Lillehammer, en 1994. Outre les millions investis notamment dans la construction de quatre patinoires et d'un stade olympique, les organisateurs ont également consacré énormément de moyens à la protection de l'environnement : voitures électriques, combinaisons officielles biodégradables, constructions temporaires en bois, pierre et neige... les japonais sont allés plus loin que leurs prédécesseurs norvégiens, initiateurs de l'« olympisme vert ». Les tergiversations sur l'allongement de la descente olympique, à quelques semaines de l'ouverture des épreuves, a stigmatisé la difficulté d'organiser un événement de cette importance tout en respectant la nature : contesté par les écologistes en raison de son incursion dans un parc naturel, le tracé de l'épreuve reine des Jeux a finalement fait l'objet d'un compromis de dernière minute.

L'Allemagne et Daehlie triomphent

Si, en 1994, la Norvège, pays hôte, l'avait emporté au nombre de médailles, on ne pouvait pas, cette fois, en attendre autant des Japonais, moins rompus aux disciplines hivernales. Les Jeux nippons, si l'on excepte les épreuves de saut à ski ou de patinage de vitesse, n'ont pas connu le succès populaire de Lillehammer. C'est donc devant un public parfois clairsemé que l'Allemagne a opéré sa razzia sur les médailles en en remportant 29, dont 12 en or, grâce, notamment, à ses skieuses ou à ses patineuses de vitesse. En seconde position, la Norvège (25 médailles, dont dix d'or) a confirmé son rang de grande nation du ski nordique.

Véritable héros olympique, Bjorn Daehlie, arrivé au Japon avec cinq médailles d'or en poche, a complété sa collection de trois titres pour devenir l'athlète le plus titré des Jeux d'hiver. Vedette de la saison de ski alpin, l'Autrichien Hermann Maier a également marqué la quinzaine de son empreinte en décrochant deux titres olympiques (Super-G et Géant), après avoir été victime d'une spectaculaire chute dans la descente.