Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Disciplines

Athlétisme

Athènes : 1997 avant 2004

Un mois avant de se voir attribuer l'organisation des premiers Jeux du xxie siècle, Athènes passait en août un test capital, sous l'œil des membres du CIO (Comité international olympique), en accueillant les 6es Championnats du monde d'athlétisme. Si cet examen de passage a été réussi sans encombre, à l'exception de la faible affluence des premiers jours de l'épreuve, la compétition, elle, n'a pas comblé toutes les espérances. Aucun record du monde n'a par exemple été battu. Et ce, en dépit de la professionnalisation grandissante du Mondial d'athlétisme.

Pour résister aux variations du baromètre de notoriété, la Fédération internationale d'athlétisme amateur (ce dernier terme n'a toujours pas disparu du sigle historique IAAF) a voulu que l'épreuve rassemble à tout prix toutes les stars du tartan. À tout prix : l'IAAF a créé une prime au mérite (360 000 F pour une médaille d'or, 600 000 F pour un record du monde). Toutes les stars, ou presque. Primo Nebiolo, le président de la Fédération internationale, a certes tenu à inviter tous les champions en titre, même ceux qui n'ont pas répondu aux critères de sélection. Mais certains le soupçonnent d'avoir imaginé cette nouvelle loi sportive pour permettre la qualification du seul Michael Johnson, – héros des Jeux d'Atlanta et accessoirement roi de l'Audimat –, blessé et donc absent des sélections américaines. Quoi qu'il en soit, le Texan a défendu victorieusement son titre du 400 m plat. Mais, ni lui, ni personne, n'a battu de record du monde durant les dix jours de compétition. Malgré l'appât du gain.

Un titre qui vaut tous les records

L'histoire des Championnats du monde se confond toujours avec celle de Sergueï Bubka. Pour la 6e fois en 6 éditions, l'Ukrainien a remporté le concours du saut à la perche. Exploit le plus retentissant du Mondial d'Athènes, et de loin, ce nouveau sacre a surpris plus d'un observateur. Opéré aux tendons d'Achille en décembre 96, le « tsar » du sauter a lumineusement ignoré le conseil des médecins qui voulaient le dissuader de participer à l'épreuve. Malgré la douleur, Bubka l'éternel – 33 ans, 35 records du monde – a franchi 6,01 m (meilleure performance mondiale de l'année) pour monter, une fois de plus, sur la plus haute marche du podium.

Nouvelle vague

Si Bubka a réussi, comme d'autres (les Cubains Pedroso à la longueur et Sotomayor à la hauteur, le Danois Kipketer sur 800 m), à retrouver le sommet de la hiérarchie mondiale après des J.O. manques, beaucoup ont suivi le cheminement inverse. Sur les 44 médaillés d'or d'Atlanta, 10 seulement ont tenu leur rang. Le sprint n'est pas le moins marqué par ce renouvellement des élites. Sur 100 m, l'Américain Maurice Green (23 ans) a détrôné le Canadien Donovan Bailey, champion du monde et champion olympique en titre, et Marion Jones (22 ans), autre prodige du sprint US, a amélioré son record personnel (10″ 83) pour enlever l'épreuve féminine. Le palmarès des autres courses n'a pas échappé à un lifting. Le talent de la Sri Lankaise Jayasinghe (22 ans, 2e du 200 m dames) et celui du Kenyan Daniel Komen (21 ans, vainqueur du 5 000 m messieurs) ont éclaté au grand jour, le Marocain El Guerrouj a mis fin sur 1 500 m au règne de l'Algérien Noureddine Morceli, le Sud-Africain Corbett (21 ans) a dominé les dinosaures du concours de javelot que sont le Tchèque Zelezny (9e) et le Britannique Backley (2e)... En cette saison 97, l'athlétisme mondial se nourrit de sang neuf.

L'exemple Diagana

L'équipe de France a suvi la même cure de rajeunissement. Emmené par Christine Arron (4e du 100 m dames) et Sylviane Félix (8e du 200 m), le relais féminin est monté sur le podium du 4 × 100. La médaillée de bronze du 100 m haies des Jeux d'Atlanta Patricia Girard a participé à l'exploit du relais tricolore, par contre, elle a dû déchanter à titre individuel. Elle a été disqualifiée en finale du 100 m haies après avoir provoqué deux faux départs. Quant à Marie-José Pérec, elle n'a pu défendre aucune de ses couronnes. La Guadeloupéenne s'est en effet blessée lors de l'entraînement précédant les demi-finales du 200 m, la seule épreuve inscrite à son programme. Dans les compétitions masculines, toutes les déceptions – parmi lesquelles la 12e place à la perche du champion olympique Jean Galfione (blessé) – ont été effacées en un tour de piste par Stéphane Diagana. Le capitaine de l'équipe de France a réalisé une course parfaite en finale du 400 m haies pour décrocher sa première médaille d'or à l'échelle mondiale. Une reconnaissance méritée pour un athlète méritoire.