Pas de solution miracle à l'obésité

Après la découverte de la leptine, il y a trois ans, on a cru que les mutations génétiques de certaines lignées de souris obèses pourraient expliquer cette maladie chez l'homme. C'est raté... Les humains obèses ont des gènes normaux. Les études sur les souris mutantes permettent néanmoins de mieux comprendre la régulation du poids corporel. Il est plus que temps : l'obésité est en passe de devenir un problème majeur de santé publique.

L'ère des « bons gros » est révolue. L'obésité est désormais reconnue pour ce qu'elle est, une véritable maladie en train de déferler sur une bonne partie de la planète. Au point que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé en 1996 d'établir une banque de données sur la prévalence mondiale de cette affection, et que de nombreuses équipes de recherche publiques ou privées se lancent dans la course aux traitements. Depuis trois ans, la génétique et la biologie moléculaires ont permis de mieux comprendre la régulation du poids corporel. Les généticiens espèrent ainsi expliquer ce que beaucoup d'obèses ressentent comme une injustice : pourquoi grossissent-ils à ce point alors que d'autres restent minces dans un environnement comparable ?

Il convient tout d'abord de faire la différence entre le simple embonpoint et l'obésité, voire entre les diverses formes de la maladie. Pour l'OMS, il y a obésité vraie lorsque l'indice corporel, que l'on calcule en divisant le poids (exprimé en kilos) par le carré de la taille (exprimée en mètres), dépasse trente. On a alors affaire à une véritable maladie, aux conséquences graves. L'obésité accroît en effet les risques d'hypertension, d'athérosclérose et de maladies cardio-vasculaires, d'hyperuricémie, d'arthrose et de calculs biliaires. On évoque aussi une liaison avec les cancers du sein et de l'endomètre chez la femme et de la prostate chez l'homme, bien que ce dernier lien soit plus discuté. Enfin, environ 40 % des obèses souffrent de diabète non insulino-dépendant.

Obésité, obésités

À quel moment l'embonpoint devient-il une menace pour la santé ? On mesure la corpulence par l'indice de masse corporelle (Body Mass Index, BMI), ou indice de Quételet, égal au poids en kilogrammes divisé par le carré de la taille en mètres. L'optimum se situe vers 21-22. Au-delà de 25, il y a « sur-poids », et au-delà de 30, obésité vraie. Les obésités « massives » ou « extrêmes » correspondent à des BMI supérieurs à 40.

Ces chiffres ne rendent toutefois pas compte de la diversité des obésités. Outre la forme courante, dans laquelle le dépôt adipeux est réparti sur tout le corps, on distingue le « type gynoïde », sans grand danger et caractérisé par une accumulation de graisse autour des hanches, du « type androïde », associé à des risques médicaux certains, où l'excès est localisé sur le tronc et l'abdomen. La variante dite viscérale de ce dernier type, difficile à détecter car la graisse se dépose à l'intérieur de la cavité abdominale, est la plus dangereuse.

On distingue également les obésités précoces (préoccupantes) ou tardives, brusques ou progressives... La tendance à développer telle ou telle de ces formes en réponse à un déséquilibre alimentaire a sans doute des bases génétiques, que les chercheurs s'efforcent actuellement d'éclaircir.

Un phénomène en expansion

Le nombre des obèses atteint des proportions dramatiques dans certaines régions du monde. L'OMS estime que 20 % des adultes européens et des Américains blancs sont obèses. Une proportion qui s'élève à 40 % chez les femmes d'Europe de l'Est ou les Afro-Américaines. Les Amérindiens, les Hispano-Américains et les habitants de certaines îles du Pacifique paient un tribut plus lourd encore. Et les pays émergents commencent à connaître les mêmes problèmes : la proportion d'obèses au Brésil, à Cuba ou au Pérou, par exemple, rejoint celle des pays occidentaux. Et cette situation déjà préoccupante va s'aggraver sérieusement dans les années à venir : l'obésité progresse à pas de géant chez les enfants occidentaux.