Après de nombreux rebondissements, le Comité vétérinaire de l'UE, unanime, rend public, le 20 juin, un avis positif sur un plan de contrôle et d'éradication de la maladie de la « vache folle » présenté par les autorités britanniques. À l'occasion du Conseil européen de Florence, le Premier ministre britannique, John Major, se rallie au projet entériné par la Commission, mettant fin ainsi à la politique de non-coopération britannique au sein de l'Union européenne. Dès lors, la levée conditionnelle et par étapes de l'interdiction d'exporter des produits bovins britanniques vers les autres pays de l'Union et les pays tiers dépend de la mise en œuvre d'un vaste plan d'abattage sélectif, de la mise en place d'un système d'identification des animaux et d'enregistrement de leurs mouvements, ainsi que de la législation sur les farines de viande et d'os alimentant le bétail, le tout accompagné d'une aide financière aux éleveurs de bovins.

Alors que la consommation de viande bovine baisse, en juillet, le Parlement européen approuve à une très forte majorité une résolution accusant certains services de la Commission, mais aussi les administrations nationales, de n'avoir pas géré avec la vigilance nécessaire l'épizootie naissante de la « vache folle ». La présidence irlandaise de l'Union européenne est elle aussi largement accaparée, au cours du second semestre 1996, par les rebondissements de la crise. En septembre, M. Major décide de suspendre le plan d'abattage sélectif du cheptel britannique, une récente étude scientifique de l'université d'Oxford venant de conclure que l'épidémie de la « vache folle » se résorbera d'ici à cinq ans, qu'il y ait ou non abattage. Le revirement unilatéral du gouvernement britannique provoque un tollé parmi les partenaires de Londres, tandis que la Commission confirme qu'elle s'en tiendra aux engagements pris, et qu'il n'y aura donc pas de levée de l'embargo tant que les conditions préliminaires acceptées dans la capitale de la Toscane ne seront pas remplies. Ce bras de fer n'empêche pourtant pas le Conseil des ministres de décider, le 24 septembre, l'affectation de 500 millions d'écus supplémentaires (3,25 milliards de francs) aux éleveurs, pour compenser les nouvelles pertes de revenus causées par cette crise.

La monnaie unique malgré tout

Les pays de l'Union européenne qui veulent atteindre le stade de la monnaie unique le 1er janvier 1999, et qui devront, en principe, être prêts à faire le saut dans les premiers mois de 1998 sur la base des résultats obtenus en 1997, sont toujours à l'heure des politiques de rigueur. C'est aussi vrai de la France et de l'Allemagne – sans lesquelles il n'est pas possible de réaliser l'Union économique et monétaire (UEM) – que de l'Italie, un des pays fondateurs de la Communauté européenne, de l'Espagne ou de la Belgique. Quatre critères de convergence ont été définis par le traité de Maastricht, pour établir les conditions économiques nécessaires à la participation à la monnaie unique. Parmi ceux-ci, le plus décisif, et apparemment le plus difficile à atteindre, est celui de la résorption des déficits publics excessifs. Il est mesuré à l'aide de deux taux de référence : 3 % du PIB pour les déficits annuels et 60 % du PIB pour l'endettement.

L'année 1996 est donc marquée, dans les pays qui veulent réussir l'examen de passage de la monnaie unique au moment prévu, par d'impressionnantes mesures d'assainissement des finances publiques. En Allemagne, l'âge de la retraite sera repoussé jusqu'à soixante-cinq ans d'ici à l'an 2000. En Italie, un impôt « spécial Europe » est créé. En Belgique, des économies drastiques frappent la Sécurité sociale, le système de retraites et le budget de la Défense. Partout en Europe, les taxes fiscales et parafiscales sont en augmentation. 1996 est aussi une année de grisaille économique (faible progression des PIB et taux de chômage en hausse en Allemagne comme en France). L'année 1997 s'annonce sous de meilleurs auspices, notamment en ce qui concerne la croissance : de 1,5 % en moyenne en 1996, dans l'Union européenne, où on décompte environ 18 millions de chômeurs, elle passerait à 2,5 % en 1997. Quant à la monnaie unique, malgré la conjoncture défavorable, Jacques Chirac et Helmut Kohl n'ont pas oublié de confirmer en toutes circonstances, qu'elle s'imposerait comme prévu. « Les Allemands et les Français seront au même rendez-vous, au même moment et dans les mêmes conditions » assure encore le président de la République française, en septembre, à l'issue d'une rencontre avec le chancelier allemand.