Asie du Sud-Est

ASEAN (Association des pays du Sud-Est)

Moribonde pendant plus de vingt ans, l'ASEAN, qui n'avait réuni ses six membres (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Philippines, Brunei, Singapour) en sommet que quatre fois depuis sa création en 1968, a profité du sommet de Singapour au début de l'année pour renforcer sa coopération. Les chefs de gouvernement ont convenu de se rencontrer tous les trois ans en sommet et une nouvelle charte, la « charte de Singapour », a été signée pour marquer la résurrection de l'organisation en remplacement de la « déclaration de Bangkok » de 1968. Les six pays ont surtout décidé de créer, à partir du 1er janvier 1993, l'AFTA (Asean Free Trade Area), une zone de libre-échange à l'échelle asiatique qui permettra de démanteler progressivement les tarifs douaniers d'ici à 2008. À terme, tous les produits, à l'exception des produits agricoles, circuleront librement entre les six États.

Les six pays de l'ASEAN n'ont pas grand-chose en commun, si ce n'est leur passé non communiste. S'ils réussissent à trouver des terrains d'entente sur les deux grands dossiers qui les opposent aux Occidentaux, la protection de l'environnement (déforestation) et les droits de l'homme, plusieurs sujets de dissension commencent à poindre. Le premier est l'influence croissante de la Chine dans l'organisation, les Indonésiens et la Malaisie reprochant à Singapour et à son importante communauté chinoise de servir à Pékin de « cheval de Troie » tout en opérant un expansionnisme rampant. La percée chinoise est d'autant plus sensible que se pose la question des Spratleys, cet archipel situé en mer de Chine méridionale revendiqué à la fois par Pékin, Taiwan, trois membres de l'ASEAN (Philippines, Malaisie, Brunei) et surtout l'« observateur » vietnamien.

Birmanie

Signes de libéralisation

Tout a commencé le 23 avril 1992 avec le remplacement « pour raison de santé » du général Saw Maung, 64 ans, Premier ministre et commandant en chef des forces armées du SLORC (Conseil de restauration de la loi et de l'ordre, nom officiel de la junte au pouvoir à Rangoon depuis septembre 1988), par le général Than Shwe, 59 ans. Ce changement au sommet visait essentiellement à redorer l'image d'une Birmanie de plus en plus isolée sur le plan diplomatique et économique.

De gros efforts ont donc été accomplis par le régime de Rangoon pour se rendre plus présentable. Près de 500 opposants sur au moins 1 600 prisonniers politiques recensés par les organisations de protection des droits de l'homme ont été libérés. Le couvre-feu et la loi martiale sont levés en septembre.

Ce sont avant tout les impératifs économiques qui ont poussé les militaires birmans à l'ouverture. Le pays, au bord de la faillite, a absolument besoin d'investisseurs étrangers. L'inflation tourne autour de 100 % depuis quatre ans et l'essentiel du budget reste consacré à la défense (environ 6 milliards de francs soit 35 % du budget 1992-93), alors que l'agriculture est négligée. Depuis les répressions sanglantes de 1988, l'aide internationale s'est tarie. Bien que le SLORC ait officiellement abandonné « la voie du socialisme birman » appliquée pendant trois décennies par Ne Win, et se soit déclaré partisan d'une économie de marché, aucun homme d'affaires, même ceux du Sud-Est asiatique, ne veut s'engager à long terme dans le pays. La Birmanie demeure donc l'un des dix États les plus pauvres de la planète.

Trompe-l'œil

L'attitude du SLORC ne s'est guère assouplie à l'égard des minorités ethniques. Plus de 250 000 Royingyas (minorité musulmane vivant dans la province d'Arakan, au nord-ouest du pays) se sont réfugiés au Bangladesh voisin, fuyant une répression brutale. De même, la répression des minorités karen et kachin se poursuit. Au total, ce sont plus de 300 000 personnes qui ont dû fuir le pays au cours des 18 derniers mois.

La principale mesure d'ouverture politique, la convention nationale, s'avère être une vaste supercherie. Les opposants véritablement représentatifs n'ont pas été conviés à participer et les membres sélectionnés subissent d'énormes pressions. La principale opposante, Mme Aung San Suu Kyi, a entamé début décembre une grève de la faim pour tenter de participer à la réunion du mois de janvier. Quant à la situation des droits de l'homme, un rapport d'Amnesty International paru fin octobre qualifie la situation de « révoltante ».