Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

Matières premières et énergie

Baisse des cours

Du milieu 1989 à l'hiver 1990-1991, les cours des madères premières non énergétiques n'ont pas cessé de baisser ; au printemps 1991, les prix avaient chuté de l'ordre d'un tiers. La fin de la guerre du Golfe avait laissé espérer une reprise qui, finalement, ne s'est pas poursuivie pour deux raisons essentielles : la décélération économique mondiale et la liquidation des stocks de produits de base (notamment les minerais) par la CEI, soucieuse de satisfaire ses besoins en devises. Pendant le premier trimestre 1992, les cours de certains métaux non ferreux (cuivre et étain notamment), de l'acier et de la pâte à papier se redressent. Mais, par la suite, une rechute ne peut être évitée, en raison de l'excès d'offre et de la stagnation mondiale. En dehors de quelques exceptions (comme le cobalt, l'huile de coprah, le blé), la baisse des cours mondiaux dépasse, fin 1992, le chiffre de 30 %. Une telle baisse est attribuée à l'effondrement des prix des matières premières industrielles d'origine agricole plus qu'aux variations modérées de ceux des matières premières industrielles d'origine minérale (– 13 %), en dépit des arrivages massifs d'aluminium ex-soviétique. Au-delà de cette évolution conjoncturelle défavorable, le rééquilibrage des marchés apparaît difficile face à la stagnation de la demande, à l'accumulation excessive des stocks, aux surcapacités de production et à l'absence de politique concertée entre les pays producteurs (chacun comptant sur l'autre pour réduire l'offre).

Pétrole

À la différence des matières premières, le contrôle exercé par l'OPEP (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole) limite l'amplitude des variations du cours des produits pétroliers ; l'OPEP ne reste jamais inerte face à la dégradation éventuelle des cours. Alors que la demande ne s'élargit que très faiblement (0,5 % en 1992), l'offre tend, au contraire, à s'accroître sous la pression des intérêts de certains pays producteurs : la surproduction est de l'ordre de 2 millions de barils/jour (pour une production globale oscillant entre 24 et 25 millions de barils/jour). En fait, les intérêts du premier producteur mondial (après l'ex-URSS), l'Arabie Saoudite, et du premier importateur, les États-Unis, coïncident autour d'une stratégie de prix modérés. L'Arabie Saoudite, à cet effet, s'oppose, en règle générale, aux propositions de réduction de la production des autres membres de l'OPEP en raison de l'importance de sa dette extérieure, tandis que les États-Unis cherchent à maintenir un prix suffisamment bas pour faciliter la reprise de leur activité intérieure. Cependant, malgré les efforts des uns et des autres pour éviter la baisse, l'OPEP ne parvient pas à éviter la surproduction. Ainsi, à la mi-septembre, les treize pays membres s'étaient fixé une « part du marché » de 24,2 millions de barils pour le quatrième semestre de l'année : or, du fait principalement du Nigeria, du Koweït et surtout de l'Iran, qui cherche à s'imposer face à l'Arabie Saoudite, les treize produisent en réalité quelque 25,3 millions de barils par jour. Ce trop-plein de brut pèse nécessairement sur les cours, à moins que les producteurs n'acceptent un retour à la discipline, ou que l'hiver 92-93 ne soit rigoureux.

Gaz naturel

La lutte pour la protection de l'environnement ouvre des perspectives favorables au gaz naturel : en effet, il est considéré comme une source d'énergie « propre » par comparaison avec le charbon et le pétrole ; il ne suscite pas le réflexe de méfiance et de crainte provoqué par le nucléaire. Le quart du gaz naturel consommé est employé à la production d'électricité. Étant donné le caractère peu polluant de cette source d'énergie, il est question d'y faire appel de plus en plus, au point que la production mondiale devrait passer de 2 000 milliards de m3 à 3 000 milliards en 2020. Le gaz naturel serait acheminé des pays producteurs (Moyen-Orient, Europe de l'Est) vers les pays consommateurs (Amérique du Nord, Europe) sous forme liquéfiée et par méthaniers.

Gilbert Rullière