Les obstacles au développement de l'œcuménisme se manifestent également lors de la 7e Assemblée oecuménique mondiale du Conseil des Églises chrétiennes qui, du 7 au 20 février, à Canberra, réunit 826 délégués représentant 317 Églises orthodoxes et protestantes. C'est que, au sein des Églises du tiers-monde, se fortifie un courant favorable à une théologie « contextuelle » qui leur permettrait d'interpréter l'Évangile à travers leurs habitudes culturelles.

Islam

Contrairement aux prévisions pessimistes, la guerre du Golfe, loin de rompre les liens entre les trois grandes religions monothéistes, aide à renforcer le dialogue interreligieux. En de multiples endroits – à commencer par Rome, où l'on craint que la « Pax americana » ne provoque une cassure Occident-Orient –, des cérémonies de prières rassemblent chrétiens, juifs et musulmans.

Judaïsme

Les premières assises nationales du judaïsme laïque et humaniste se tiennent à Paris les 6 et 7 avril. Les congressistes entendent réagir contre le repli religieux qu'ils perçoivent au sein de la communauté juive. Le 5 mai, Jean Kahn est élu à la tête du Congrès juif européen, créé en 1986 et affilié au Congrès juif mondial.

Pierre Pierrard

Justice

« 1991, année de la justice » avait promis M. Michel Rocard en février 1990. Les faits auront bien démenti les propos du Premier ministre du moment. La chancellerie n'a pas échappé aux conséquences budgétaires de la « guerre du Golfe » : sa dotation, qui ne répondait déjà pas aux attentes des professionnels, a renoué avec une vieille tradition de pénurie. Au surplus, au 30 juin, on attendait encore le déblocage par le ministère du Budget des crédits d'investissements préservés.

Avec 19 milliards de francs (60 % du budget des Anciens Combattants), le budget de la Justice ne progressera en 1992 que de 4,8 %. D'évidence, cette augmentation ne permettra pas de restaurer l'autorité judiciaire compte tenu de son état de délabrement. D'ores et déjà, avec seulement dix nouveaux emplois de magistrats et cent de greffiers, soit un demi-poste par juridiction..., l'objectif du programme pluriannuel d'équipement n'est pas respecté. Comment ainsi « réduire les délais de jugement » et « améliorer l'accueil du justiciable », comme l'avait annoncé le gouvernement ?

De la timidité…

Le rapport de la commission de contrôle du Sénat, rendu public le 11 juin, dénonce clairement « l'abandon » de l'institution judiciaire par le pouvoir exécutif. Diagnostic impartial d'un organisme asphyxié, il propose un ensemble cohérent de solutions : accroissement des moyens, réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), redéfinition du champ d'intervention du magistrat, rattachement de la police judiciaire à la Chancellerie... Le garde des Sceaux, Henri Nallet, et son ministre délégué, Michel Sapin, en retiennent une réforme particulière, la départementalisation. Ils en font le support d'un « ambitieux plan de modernisation de l'institution judiciaire » adopté le 12 juin par le Conseil des ministres.

Sans réformer la carte judiciaire française, le projet entend créer un tribunal départemental avec trois objectifs : renforcer l'autorité de l'institution judiciaire vis-à-vis de ses interlocuteurs – élus locaux et administrations d'État ou décentralisées – ; permettre aux parquets d'exercer l'action publique dans de meilleures conditions ; enfin, fournir « un cadre efficace à la gestion déconcentrée des moyens de la justice. »

Les trois organisations professionnelles de magistrats (APM, USM et SM) s'inquiètent alors unanimement de la « préfectoralisation » de la Justice. À leurs yeux, la réforme renforcera d'autant moins l'autorité judiciaire face au représentant du gouvernement dans le département qu'au même moment, la départementalisation de la police viendra faciliter l'emprise de l'administration sur les services de la police judiciaire. La journée de concertation organisée le 25 octobre par la Chancellerie se heurte donc au boycottage de ces trois organisations.