Le déficit passera de 80,7 milliards de F prévus (mais non réalisés) en 1991 à 89,54 milliards de F. Mais le gouvernement exclut de le laisser filer davantage, car il aggrave l'endettement public dont la charge annuelle de remboursement des intérêts pèse sur les dépenses de l'État.

La plupart des spécialistes estiment plus que probable le dérapage des dépenses compte tenu de la multiplication des mesures (plan PME, plan emploi, crédits à l'agriculture...) annoncées à l'automne, et par conséquent prévoient que le déficit sera beaucoup plus élevé que prévu (à l'exemple de celui de 1991 qui approche les 100 milliards de F). D'où l'annonce par le gouvernement de la cession d'actifs d'entreprises publiques (privatisations partielles) pour financer l'appareil productif...

Dominique Colson

Politique économique

La situation économique se dégradant, les pressions extérieures en faveur de la relance n'ont cessé de se multiplier. Pourtant, le gouvernement Rocard puis le gouvernement Cresson ont maintenu le cap. La rigueur fondée sur le respect des grands équilibres et le credo monétariste a donc été maintenue dans le cadre de la politique de désinflation compétitive (inflation faible et monnaie solide) menée depuis 1983. Tout en justifiant la continuité, le nouveau Premier ministre, Mme Édith Cresson, a également cherché, en présentant son programme au mois de septembre, à mettre l'accent sur le dynamisme industriel, la lutte pour l'emploi et le renforcement de la cohésion sociale.

Dynamiser l'appareil productif

La volonté de maîtrise des finances publiques a conduit à adopter à deux reprises un plan d'économies budgétaires afin d'éviter le dérapage du déficit 1991 (qui sera pourtant plus élevé que prévu), puis à présenter un budget 1992 qui tend à contenir le déficit budgétaire sans accroître les impôts – d'où un coup de frein aux dépenses. Le plan vise enfin à limiter le déficit de la Sécurité sociale en augmentant la cotisation d'assurance maladie et en signant avec les partenaires sociaux un accord sur la maîtrise des dépenses de santé.

Du côté de la politique monétaire, le contrôle des agrégats intérieurs et la consolidation du franc restent les priorités qui rendent impossible la baisse des taux d'intérêts pourtant recherchée (les deux baisses de mars et d'octobre ont été annulées en novembre).

Pour dynamiser l'appareil productif, un plan PME-PMI présenté le 16 septembre a cherché à augmenter les fonds propres et à favoriser la transmission et le développement des PME par dix-neuf mesures composées essentiellement d'allégements fiscaux contrebalancés par la hausse des impôts sur les plus-values financières des entreprises.

De même, tout en réaffirmant que la lutte contre le chômage passe par la maîtrise des revenus salariaux, le gouvernement a accepté de donner un coup de pouce de 0,6 % au SMIC au-delà des 1,7 % réglementaires du 1er juillet, et d'accorder aux fonctionnaires une hausse générale de 6,5 % de leurs traitements d'ici au 1er février 1993. Surtout, il a multiplié les mesures en faveur de l'emploi.

Après avoir encouragé le chômage partiel et réprimé davantage le travail clandestin, il a annoncé en octobre un plan emploi de 7,5 milliards de francs pour favoriser l'accès au travail des jeunes sans qualification (exonération des charges sociales pour les entreprises concernées) et pour développer les emplois de proximité (les services aux personnes) au moyen de crédits d'impôts.

Pour financer la politique industrielle et la défense de l'emploi, le gouvernement a décidé la cession de parts minoritaires du capital de certaines entreprises publiques au secteur privé (appelée improprement privatisation partielle). Le Crédit Local de France a ouvert le chemin, suivi par Elf Aquitaine et par les assurances.

Enfin, des mesures plus ciblées ont concerné l'agriculture, la sauvegarde de l'environnement et les populations démunies.

Dominique Colson