Dix concerts, pas moins, ont été donnés pour comprendre l'évolution du style de la musique de chambre chez Mozart. Sur les ondes, Radio France s'est attachée à l'inédit avec la cantate Davide penitente, et France Musique a diffusé trois cent soixante-cinq émissions afin de vivre au jour le jour l'année 1991 avec Mozart.

Ouverte officiellement en France le 5 janvier au château de Versailles, l'année Mozart s'est terminée dans la nuit du 4 au 5 décembre à 0 h 55 (heure de la mort du compositeur) avec le Requiem donné à Notre-Dame de Paris. Elle n'aura pas compté moins de deux cents concerts dans la seule capitale.

Les éditions phonographiques avaient donné pour leur part le coup d'envoi de ce marathon à la fin de 1990. Philips a opté pour le spectaculaire en regroupant sa production passée et récente de manière à proposer une intégrale de l'œuvre (Köchel 1 à 675) en quelque cent quatre-vingts CD. Plus raisonnablement, Decca a proposé, avec « l'Almanach Mozart », une série de vingt CD consacrés aux œuvres clés sélectionnées par H.C. Robbins Landon, tandis que Sony classical présentait un « digest » de vingt-cinq CD, toujours consacrés aux œuvres maîtresses, et que Deutsche Gramophon regroupait tous les opéras dirigés par Karl Böhm. EMI a lancé trois collections : « Mozart 91 » (économique), « Références » (pour permettre de retrouver les interprétations des mozartiens qui font autorité), et enfin « Mozart Edition », une série de luxe consacrée aux « stars ».

Le grand écran n'est pas resté en marge, puisque la totalité des films tournés à propos du génial musicien fut à l'affiche du cinéma Les Trois Balzac à Paris, sur l'initiative de l'association DPM et de Ciné Classic, et avec le soutien du ministère de la Culture.

La SNCF a eu son train « Mozart », le musée Carnavalet son exposition « Mozart à Paris », et la Bibliothèque nationale s'est intéressée au mythe de Don Juan. Il ne manquait qu'un thème d'actualité à cette agitation, celui de l'Europe. Mais la ville et l'université de Strasbourg ont organisé en octobre un colloque international sur « l'Europe des communications à l'époque de Mozart » dont les actes ont été publiés par le Conseil de l'Europe.

Le pire et le meilleur sont nés de cette année de tous les excès. Les bonnes volontés ont eu largement matière à essayer de trouver le chemin du vrai Mozart. Sur ce terrain dépoussiéré, il reste à lire sa correspondance (publiée enfin in extenso chez Flammarion) et à se faire une opinion personnelle.

Catherine Michaud