La guerre du Golfe a été également marquée par l'emploi d'une grande variété de missiles balistiques, de croisière ou tactiques. Avec les tirs de Scuds irakiens sur Israël sont apparus les missiles américains Patriot. Ces engins sol-air ont démontré, pour la première fois sur le terrain, leur capacité antimissile. Grâce à une portée de 60 km et une vitesse de Mach 3, ils ont pu intercepter plusieurs Scuds, offrant aux alliés un énorme ascendant psychologique sur les forces irakiennes en privant Bagdad d'un des instruments principaux de sa rhétorique agressive. Baptême du feu encore pour le missile de croisière Tomahawk. Initialement prévu pour emporter une charge nucléaire, pratiquement indécelable, volant au ras du sol et tiré à partir de bombardiers B-52 ou de plates-formes navales, il a porté de rudes coups à l'Irak. Ainsi, la flotte américaine a lancé plus de 250 Tomahawks sur les positions de Scuds avec une marge d'erreur infime. Un missile de ce type aurait même été lancé d'un sous-marin croisant dans les eaux du Golfe.

Des performances accrues

La maîtrise de l'air acquise, il a fallu se résoudre à engager les forces terrestres et, ainsi, prendre le risque de pertes plus importantes. En effet, malgré l'intense nettoyage du terrain par l'action combinée de l'artillerie, de l'aviation et des lance-roquettes multiples, l'engagement des forces terrestres obéit comme toujours à des schémas classiques : chars et infanterie pour l'attaque, artillerie pour l'appui.

Finalement, le choc des masses et l'hécatombe qu'il provoque n'ont pas eu lieu. En face de la menace que faisaient peser sur le champ de bataille les missiles antichars, les roquettes et les hélicoptères antichars, les armées occidentales se sont dotées de blindés aux performances accrues en terme de mobilité, de protection et d'armement. Ainsi, les chars de dernière génération, comme l'Abrams américain, sont équipés de blindages en acier de très haute dureté associé à des matériaux composites permettant de résister à des tirs directs. Payant cette protection d'un poids accru, les blindés de cette nouvelle guerre éclair sont équipés de moteurs de 1 500 ch conférant à des mastodontes comme le M1 (53 tonnes) une vitesse de 70 km. L'option française du char à roues s'est révélée payante : seul blindé de ce type, l'AMX 10 RC, équipé d'un canon de 105 mm, a pu foncer à travers les sables du désert à plus de 80 km/h.

Les fantassins des armées modernes disposent d'une panoplie d'armes portatives aux effets destructeurs. Armés du fusil M16 et de la mitrailleuse M60, les marines ont pu reconquérir l'île de Failaka. Le M16, d'une portée utile de 450 m, permet une cadence de tir de 700 à 950 coups/minute tandis que la mitrailleuse offre une allonge supplémentaire (1 000 m de portée utile). Mais c'est dans le domaine de la lutte antichar que l'armement du fantassin a fait le plus de progrès. Le missile franco-allemand Milan, servi par deux hommes seulement, pouvait arrêter n'importe quel char de bataille irakien. Pour obtenir le même résultat, il fallait, en 1945, un canon de 3,5 tonnes nécessitant une dizaine d'hommes pour sa mise en batterie. Les États-Unis disposaient d'un matériel équivalent avec le missile antichar Tow, d'une portée utile de 3 750 m et capable de percer un blindage de plus de 100 cm. En comparaison, le AT 4 Spigot de fabrication soviétique qui équipait l'infanterie irakienne n'offre qu'une portée utile de 2 000 m et une capacité de perforation n'excédant pas 60 cm.

De nombreux pays ont choisi de signifier leur opposition au coup de force irakien sur le Koweït par une présence navale. Ce sont les États-Unis qui ont dépêché sur le théâtre d'opérations le plus grand nombre de bâtiments. Parmi ceux-ci, huit de leur quatorze porte-avions, appartenant aux 2e, 6e et 7e flottes. De ces bâtiments qui ont croisé dans le Golfe tout au long du conflit ont décollé les célèbres F-14 Tomcat, le fer de lance de l'US Navy. Ce chasseur biplace polyvalent est le seul appareil capable de tirer le missile air-air Phoenix C de 200 km de portée.