Dans les plaines du delta, l'évacuation naturelle des eaux est très lente. Les pluies de mousson, abondantes et souvent diluviennes – au N-E du pays et au pied de la chaîne de Megalaya, la hauteur moyenne des pluies annuelles est de 12 mètres ! – sont à l'origine de fréquentes inondations, catastrophiques et meurtrières, comme celles de 1987 et de 1988. Dans les régions méridionales où les terres sont au niveau des eaux du golfe du Bengale, au risque des inondations s'ajoute celui des cyclones et des ondes de tempête qui leur sont associées. Le cyclone meurtrier qui, le 30 avril 1991, a ravagé le sud et le sud-est du Bangladesh, a détruit le quart des digues destinées à contenir les eaux fluviales.

En septembre 1988, la France a proposé à la communauté internationale comme aux autorités bangaleshi un plan d'action contre les inondations comportant l'endiguement des principaux fleuves ; un projet titanesque, puisqu'il s'agit de construire 3 000 km de digues en 10 ou 20 ans pour un coût de 5 à 10 milliards de dollars. Si un tel projet est techniquement réalisable, il implique la parfaite connaissance de l'hydrologie des fleuves et des rivières, qui font du delta un hydrosystème extrêmement complexe. Il faut aussi envisager de mettre en œuvre, à l'échelle plus vaste des bassins-versants des cours d'eau principaux, des actions de foresterie pour limiter les effets de l'érosion des sols. De telles réalisations, qui permettraient aux pays d'envisager l'autosuffisance alimentaire, ne sont a priori envisageables que dans le cadre de traités permettant aux États de la sous-région d'exploiter, de gérer et d'aménager en synergie les eaux de surface comme les écosystèmes qui en régissent le comportement.

L'Antarctique restera blanc

Le traité de l'Antarctique, signé par une douzaine d'États le 1er décembre 1959 – aujourd'hui ratifié par 26 nations auxquelles il faut adjoindre 13 autres pays ayant donné leur adhésion – interdit toute activité militaire et nucléaire sur le continent blanc. Sur les 14 millions de kilomètres carrés de l'Antarctique également protégés de toute revendication territoriale, seules les recherches scientifiques peuvent être poursuivies et développées dans les 40 bases édifiées et aménagées à ce jour par 17 pays dont les États-Unis, l'URSS, la Grande-Bretagne, l'Australie et la France...

Ce traité, déjà riche de 14 articles et de 2 conventions, a été complété le 4 octobre 1991, à l'issue de la conférence de Madrid, par un protocole relatif à la protection de l'environnement. Ce protocole signé par 39 pays interdit jusqu'en 2050 l'exploitation des ressources minières. L'Antarctique, Eldorado incertain mais laboratoire exceptionnel pour l'étude des paléoclimats, du climat actuel et futur, ou pour l'observation d'une faune spécifique adaptée à des conditions de vie très contraignantes, est donc protégé pour une durée déterminée de l'action déprédatrice des industriels.

Précisons que la France, qui possède en terre Adélie (430 000 km2), principal territoire des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), la base Dumont-d'Urville, doit entreprendre la construction d'une nouvelle station au « Dôme C », en territoire australien et à 1000 km de la première. Le « Dôme C », situé sous le célèbre « trou d'ozone », est considéré comme un site remarquable pour l'analyse de la physique et de la chimie de l'atmosphère et pour l'étude systématique de la couche de glace qui, à cet endroit, est épaisse de 3 500 m au moins.

Un Institut pour la recherche et la technologie polaire devrait être créé dans les prochains mois. Constitué en groupement d'intérêt public (GIP), cet institut regroupera le CNRS, le ministère des DOM-TOM, celui de la Recherche et de la Technologie, les TAAF, ainsi que les organismes spécialisés dans la recherche, comme le CNES, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, Météo-France et les EPF (Expéditions polaires françaises). La France, qui vient d'être admise dans le Comité scientifique arctique international associant depuis 1990 les huit pays riverains du pôle Nord, sera ainsi en mesure de renforcer son activité scientifique en Arctique.

La ceinture de feu

L'année 1991 a été marquée par un regain de l'activité volcanique dans la ceinture de feu qui, aux bordures septentrionale et occidentale du Pacifique, s'étire des îles Aléoutiennes aux îles Fidji via les archipels nippon et philippin et la Nouvelle-Guinée. L'Unzen, situé à proximité de Shimabara dans la province de Nagasaki (île de Kyushu), et le Pinatubo, localisé à 100 km au nord-ouest de Manille (île de Luzon), sont tour à tour entrés en éruption. Le premier, le 26 mai, après 199 ans d'accalmie ; le second, entre le 1er et le 8 juin, après 6 siècles de sommeil.