Bernard Bonin

Océanographie

L'année 1990 a été consacrée à l'étude de l'action de la mer sur le climat. Deux programmes ont été lancés : le WOCE (World Océan Circulation Experiment), qui a débuté par les campagnes du Knorr dans le Pacifique, et, plus ambitieux, l'IGBP (International Geosphere Biosphère Program), sur les cycles du CO2 et du méthane. Plusieurs conférences internationales ont été organisées sur les changements du climat (« effet de serre », élévation du niveau de la mer, etc.).

Deux thèmes sont en cours de renouvellement : les processus hydrothermaux, qui sont étudiés dans les dorsales lentes (plongées Alvin dans l'Atlantique nord et programme FARA – French American Ridge Atlantic), et les marges en compression (forages ODP dans le Pacifique ouest – une cinquantaine de « trous » en cinq legs – ; circulation et action des fluides dans les « prismes d'accrétion » – leg ODP 131, fosse Sud-Japon).

Le Japon est en train de devenir la deuxième nation océanographique mondiale : le sous-marin Shinkai effectue ses premières plongées (record : – 6 700 m), un premier submersible automatique (le Dolphin 3 K), qui descend à – 3 000 m, est mis au point et un second, qui atteindra – 10 000 m, est en préparation. Un forage sous-marin de 10 km est également prévu. Dans ce secteur de la recherche, le Japon et l'Allemagne ont repoussé la France au quatrième rang mondial.

Quelques lancements sont à signaler : Spot 2, en janvier ; le Seascope de Jacques Rougerie, construit pour observer les fonds côtiers, en juillet (base : Ajaccio) ; en juillet également, le Maurice-Ewing, de l'université Columbia (Lamont-Doherty Geological Observatory), pour l'océanographie profonde, et l'Atalante, le nouveau navire océanographique français, en août (première campagne prévue pour le début de 1991).

Quelques autres nouvelles : malgré le moratoire de 1986, le Japon a décidé de poursuivre la chasse à la baleine (à des « fins scientifiques »).

Le calcaire corallien doit être utilisé très prochainement pour des greffes osseuses. Le 6 mai, dans le cadre d'une collaboration entre l'IFREMER et la COMEX, le Saga (sous-marin d'assistance et de grande autonomie), immergé au large de la côte varoise, a permis à trois plongeurs de battre le record mondial de profondeur lors d'une intervention en saturation (– 316 m). Enfin, au mois de juin, le commandant Cousteau a suggéré l'internationalisation des bases côtières de l'Antarctique, premier pas vers l'abandon de toutes les revendications territoriales sur ce continent.

Jean-René Vanney

Médecine

Le prix Nobel de médecine et de physiologie 1990 a été attribué le 8 octobre à deux médecins américains, Joseph E. Murray et E. Donnall Thomas pour leurs découvertes concernant « la transplantation d'organes et de cellules en tant que méthode de traitement clinique ».

Les deux lauréats, s'ils ne sont pas les seuls, ont été des pionniers dans cette voie nouvelle qui s'ouvre à la médecine et qui permet désormais à des dizaines de milliers de malades condamnés par une maladie implacable, alors que tous les autres traitements ont échoué, d'être guéris ou de vivre une vie décente.

C'est en 1947 que Jean Hamburger, dans un article intitulé Notes préliminaires sur les greffes rénales, établit une synthèse des obstacles qui restent à vaincre et des conditions à remplir pour que les transplantations deviennent un jour opérationnelles comme moyen thérapeutique chez l'homme. Pour que ces obstacles soient surmontés, Hamburger estime qu'il faudra, d'une part, découvrir et savoir reconnaître d'éventuels groupes de compatibilité tissulaire entre receveur et donneur, analogues aux groupes sanguins dont la découverte avait permis, en n'utilisant que des sangs compatibles, de pratiquer sans risque les transfusions sanguines. Il faudra, d'autre part, pouvoir utiliser des agents pharmaco-dynamiques capables de s'opposer, dans une certaine mesure, à la mort du greffon, même en cas de compatibilité imparfaite.