Transports : crise de croissance

La progression soudaine du trafic au cours de l'année 1990 a surpris par son ampleur. Les blocages qu'elle a révélés risquent d'entraver le développement et les performances de ce secteur fondamental de l'économie mondiale.

Une analyse systématique de la situation dans laquelle se trouvaient les transports en 1990 a mis en lumière la nécessité et l'urgence de changements portant sur le développement des infrastructures, l'extension du réseau à grande vitesse, la généralisation de l'usage de l'outil informatique en vue de développer la logistique et enfin l'organisation des opérateurs en réseaux dans le but d'obtenir des réductions de coûts et des services de meilleure qualité.

C'est dans le secteur des transports aériens que la progression du trafic apparaît la plus spectaculaire. Ainsi, et malgré le retournement de la conjoncture auquel on a assisté en 1990 en raison de la crise du Golfe et de la hausse des carburants, l'accroissement du trafic « passagers » régulier sur les lignes internationales du réseau mondial a-t-il pu se poursuivre quasiment au même rythme qu'en 1989 (près de 8 %). Quant au trafic « fret », sa progression sur les lignes internationales a été estimée à 6 % pour 1989 et à un taux légèrement supérieur en 1990.

La multiplication des échanges

D'après les prévisions des experts de l'IATA, cette croissance devrait se maintenir, pour les passagers, entre 5 et 7 % par an en moyenne. À l'horizon de l'an 2000, le nombre des personnes transportées devrait atteindre les 2 milliards et celui des avions en service augmenter de 50 %. La déréglementation (c'est-à-dire la libéralisation puis l'abaissement consécutif des tarifs), la diminution du prix du carburant en francs constants, la reprise économique de 1989, la multiplication des voyages lointains et surtout la concurrence acharnée à laquelle se livrent les compagnies aériennes pour gagner des parts de marché expliquent cet essor.

Dans le secteur des transports routiers, la croissance peut se comparer à celle du trafic aérien (5 %). Elle tient en grande partie à la mise en application d'innovations technologiques, principalement dans le domaine de l'informatique. Ainsi, les transporteurs de voyageurs en cars de tourisme ajoutent à leur prestation essentielle des avantages annexes (réservation de chambres d'hôtel, location de voitures et fourniture de services touristiques divers) afin de séduire une clientèle qui est généralement assez âgée.

D'autre part, l'utilisation des systèmes informatiques permet de gérer et d'optimiser en temps réel les flux des lots de marchandises transportées et la circulation des véhicules. En effet, si l'interconnexion des systèmes est réalisée, la marchandise peut être suivie sans difficulté, même en cas de changement de transporteur. Toujours grâce à l'informatique, le développement de la logistique a été facilité. Ainsi, avec la méthode des « flux tendus », le transporteur peut se charger d'opérations annexes (facturation, étiquetage) et de la livraison des produits sur le lieu de leur vente. Enfin, troisième mutation technologique, l'apparition des opérateurs de réseaux (comme par exemple les services de messageries express qui peuvent livrer en un temps record dans le monde entier des colis de petite dimension et à haute valeur ajoutée) a multiplié les échanges aussi bien nationaux qu'internationaux.

Dans un souci de diversification des approvisionnements, d'élargissement des débouchés et de minimisation des coûts (surtout de main-d'œuvre), les entreprises ne cherchent plus à fabriquer entièrement un produit unique sur un seul site ; au contraire, elles ont intérêt à disperser leurs unités de production à l'intérieur ou même à l'extérieur du territoire national. Si elles souhaitent spécialiser et rationaliser leur production (c'est le cas de l'automobile), elles savent que les facilités de transport leur permettront de procéder à l'assemblage de leurs produits en un lieu proche du point de vente et de réaliser ainsi des économies.