Cet argument financier est d'ailleurs l'une des raisons de l'attirance du public vers l'art vivant. On se rend compte que, pour le prix d'un médiocre impressionniste, on peut acquérir une belle toile contemporaine. L'écart tend toutefois à se combler : une peinture de Willem De Kooning, Interchange, a été récemment adjugée 20 700 000 dollars à un Japonais (125 MF). À 85 ans, De Kooning devient donc le peintre vivant le plus cher du monde, détrônant de ce poste le « jeune » Jasper Johns de 59 ans dont les sempiternels « drapeaux américains » dépassent pourtant les 50 millions de francs, et dont une toile culminait l'an dernier à 90 millions. Mais les enchères galopent aussi du côté des plus jeunes. La mort à 28 ans, par overdose, de Jean-Michel Basquiat est peut-être la source de son étonnant succès. À New York, ses œuvres, dans la lignée des graffitistes, approchent aujourd'hui le million de francs.

En France, les records sont plus modestes, mais non moins significatifs. Hans Hartung, décédé cette année et dont les sombres abstractions avaient dépassé le million de francs il y a à peine un an, vient de franchir à Versailles un nouveau record à 3,6 MF.

Mais Hartung, comme Schneider, Poliakoff ou Arman, ce sont déjà des valeurs consacrées. Des ventes plus modestes s'adressent à de jeunes collectionneurs audacieux et sans fortune où les œuvres de peintres nommés Kim Prisu, Badia, Bogart, ou Banlieue-Banlieue s'adjugent entre 3 000 et 15 000 F.

Françoise Deflassieux
Françoise Deflassieux traite des ventes aux enchères et des salons d'antiquités au Quotidien de Paris et collabore régulièrement à la revue Mieux-vivre. Elle est également l'auteur d'un Guidargus de l'argenterie (aux éditions de l'Amateur) et de plusieurs ouvrages sur le mobilier régional (Provence, Alsace, Picardie) aux éditions Balland.