Glasnost et perestroïka

Le 7 novembre 1987, en célébrant le 70e anniversaire de la révolution, l'URSS marque solennellement son entrée dans une nouvelle période historique placée sous le signe du changement.

Élu secrétaire général le 11 mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev exposa aussitôt au Comité central son objectif prioritaire : engager l'économie soviétique dans un effort décisif de redressement et de développement, lutter impitoyablement contre la corruption, pour le rétablissement d'une discipline du travail et la participation des travailleurs à la gestion de l'entreprise. Il mettait ainsi l'accent sur le facteur humain, qu'il s'agisse de ceux qui exercent des responsabilités ou de la masse.

Des hommes nouveaux pour une nouvelle politique ?

La première préoccupation de M. Gorbatchev est le renouvellement du personnel dirigeant, dont il dénonce la sclérose, l'incompétence, voire les malversations. En quelques mois, il change la moitié des ministres (58 sur 116 en juin 1986), assure la promotion de leurs collaborateurs et remanie l'appareil communiste à tous les niveaux. Les plénums du Comité central et le XXVIIe congrès du Parti, en février 1986, ont permis de mener à bien ce changement au sommet de l'appareil. Le Politburo retrouve sa dimension moyenne : quatorze membres au plénum de juin 1987 ; treize en octobre 1987. Des 13 membres titulaires qui y figurent à la veille du 70e anniversaire de la révolution, seuls Gorbatchev, Gromyko, Chtcherbitski, Solomentsev et Vorotnikov étaient là avant la venue du premier au pouvoir, et encore le dernier y est-il entré au temps d'Andropov. La « vieille garde » se réduit à trois personnes. Il en va de même des suppléants, dont les deux tiers (4 sur 6) sont nouveaux. Au secrétariat, la « gorbatchevisation » est impressionnante : deux seulement des onze secrétaires (Gorbatchev étant exclu) y sont entrés avant 1985, dont l'un, Ligatchev, responsable des cadres et de l'idéologie, fut promu par Andropov. Cela signifie-t-il que le nouveau secrétaire général dispose d'alliés en nombre écrasant et qu'il peut à sa guise réformer ? Non, car le Comité central, qui rassemble en priorité les responsables des appareils du Parti et de l'État, reste plus qu'à moitié stable : il compte 125 nouveaux venus contre 82 en 1981. Ces chiffres prennent toute leur signification à la lumière de l'évolution des effectifs globaux de cette instance. La nouvelle direction souhaite prendre le contre-pied de la pratique précédente qui, par l'augmentation constante du nombre des membres du Comité central, pouvait combiner stabilité et renouvellement. Au XXVIIe congrès, le nombre de membres titulaires du Comité central est réduit pour la première fois depuis trente ans (319 contre 307). Mais la rupture n'est qu'apparente, car elle est compensée par l'élargissement des effectifs des candidats au Comité central et de la Commission centrale de contrôle qui passent de 545 membres à 560. La conséquence de ce compromis entre la volonté de changer la pratique politique et le désir de maintenir « la sécurité de l'emploi » est que seuls 60 p. 100 des élus de 1981 se retrouvent en 1986, contre 80 p. 100 entre 1976 et 1981.

Il faut souligner deux faits significatifs : nombre de « brejneviens » qui auraient dû quitter le Comité central y ont été maintenus et la composition de ces organes, telle qu'elle s'est figée dans les années 70, évolue peu. La relève des générations est lente ; la moyenne d'âge est de soixante ans et ceux qui ont plus de cinquante ans représentent 78 p. 100 du total. Les diverses administrations – exception faite de l'armée dont la représentation est très légèrement réduite (de 41 à 30 sièges) – occupent la même place dans l'appareil. Comme toujours, un poids prééminent est accordé aux secrétaires des organisations centrales et régionales du Parti.

C'est à ces survivants de l'époque brejnevienne que Gorbatchev s'adresse lorsqu'il annonce la tenue, le 28 juin 1988, d'une conférence du Parti – rassemblement exceptionnel qui n'avait pas eu lieu depuis 1941 – pour y faire un bilan des résultats et des mauvaises volontés. Nul n'ignore, en URSS, qu'entre deux congrès, une conférence du Parti est l'unique occasion de modifier la composition du Comité central.

Nouvelle pensée, nouveaux thèmes

La nouvelle pensée politique de Gorbatchev se résume en deux termes : changement et fidélité.