Enfin, dernier événement saillant de cette année 1987 : la libération, à une vaste échelle, des films soviétiques gelés au cours de l'ère brejnévienne. Lors des festivals de Quimper, Pesaro, Locarno et Moscou, le critique attentif a pu voir quelque 40 échantillons, sur 130 environ, récemment remis en circulation. La plupart de ces films – et, notamment, ceux d'une cinéaste de cinquante ans, Kira Muratova, qui vit sa carrière brisée par le blocage systématique de ses œuvres depuis vingt ans – n'ont pas de contenu explicitement politique, mais prolongent plutôt l'héritage des formalistes des années vingt : ce qui n'était pas directement « lisible » semblait suspect aux bureaucrates. Les Soviétiques frappent aussi au niveau international : le Repentir, de Tenguiz Abouladzé, allégorie sur le pouvoir de type stalinien, a été présenté en sélection officielle à Cannes, et connut une sortie commerciale en France. Mais, comme l'a montré une récente Semaine du cinéma soviétique à Paris, la production courante demeure assez timorée.

De petites lueurs d'espoir ont semblé se dessiner en cette fin d'année : la légendaire salle du Max Linder, fermée depuis quelque temps, ouvre avec un écran géant et bénéficie d'un grand perfectionnisme technique. Les Halles de la Villette organisent une colossale exposition, Cités-Cinés, sur les rapports de la ville et du cinéma, mais qui magnifie, en même temps, la mémoire du 7e Art. Espérons que les pouvoirs publics sauront prendre leurs responsabilités et ne pas laisser stériles d'aussi bonnes graines.

Raphaël Bassan

Photographie

Deux déclics entre les nouvelles techniques et les talents les plus confirmés : Lucien Clergue s'avoue fanatique du Polaroïd et annonce une exposition de trente photos à l'Institut américain de Barcelone ; de Jacques Henry Lartigue, décédé en 1986, le Grand-Palais présente le Troisième Œil, photographies en relief. Autre innovation : le 7 juin, se tient à Bièvres le premier Salon de la photo de collection et des photothèques.

Les désormais traditionnelles Rencontres d'Arles de juillet et août exposent les œuvres de B. Plossu, N. Slavin, N. Goldin, B. Griffin, F. Huguier, C. Spengler (Vierges et toreros), J. Vink, S. Ueda et de deux photojournalistes est-allemands : Evelyne Richter et Arno Fischer.

Paris-Match sort son 2 000e numéro le 17 septembre et publie à cette occasion une rétrospective de 250 documents exceptionnels dus souvent aux plus grands reporters (Doisneau, Capa, etc.). Émouvants témoignages de l'âge d'or du choc des photos, instants figés ouvrant grand les fenêtres de l'imaginaire, avant la généralisation de la télévision et la banalisation de l'image. Le photojournalisme est également à l'honneur, du 7 au 17 novembre, avec une grande exposition au Palais de Tokyo, organisée à l'occasion du vingtième anniversaire de Gamma. Avec deux mille photographes réalisant plus de quatre mille reportages par an, cette agence française figure parmi les trois premières du monde. Un autre cocorico encore avec Henri Cartier-Bresson : les années surréalistes (1930-1934) au Museum of Modem Art de New York.

Sous le nom, lui, très prosaïque, de J'en prends plein les yeux, le 37e Salon international des techniques de l'image présente à la Défense en octobre 60 ans d'agence Keystone, 10 ans de Vandystadt, les Photographes français : la photographie actuelle (avec Depardon, de Fenoyl, décédé en 1987, Gladys, etc.), ou encore les Maîtres du tirage (Nadar, Michaud, Sieff, Issermann).

Patrick Broquet

Archéologie

Heureux archéologues chinois, qui peuvent déterrer des terres cuites et des bronzes par centaines ou milliers ! Sur le site de la sépulture princière des Qin, dans le district de Fengxiang (Shaanxi), déjà célèbre, viennent d'être encore découvertes des fosses funéraires de nobles des époques Shang et Zhou (IIe-1er millénaire). Elles recelaient des milliers de voitures et de chevaux sacrifiés, à côté des restes de familiers et de domestiques immolés à la mort de leur maître.

Une autre découverte peu banale a attiré l'attention sur un site des xvie-viiie siècles av. J.-C, localisé près de Guanghan (Sichuan) : un millier de bronzes funéraires, dont une quarantaine de têtes, d'un style extrêmement original, paraissent avoir surmonté des corps d'une autre matière, disparue, peut-être du bois. Des masques d'or les recouvraient.