Philippe de La Cotardière

Espace

Les Soviétiques poursuivent depuis longtemps l'exécution d'un programme préparatoire à l'exploitation d'une station spatiale habitée en permanence. Une étape capitale avait été franchie lors du lancement, en 1986, de la station Mir, à laquelle peuvent s'accoupler quatre modules scientifiques ou technologiques. Un premier module est placé sur orbite en 1987 : le module d'astrophysique Kvant, qui, après une première tentative infructueuse le 5 avril, vient s'amarrer à la station le 9 avril.

En 1984, un équipage de trois cosmonautes avait séjourné huit mois en orbite. Youri Romanenko et Alexandre Laveikine sont lancés le 5 février dans le but de battre ce record et d'effectuer un vol de dix mois. Objectif atteint par Romanenko, mais non par Laveikine, rapatrié prématurément au sol le 30 juillet à cause d'un électrocardiogramme anormal.

L'opération spatiale soviétique qui retient le plus l'attention est toutefois le tir inaugural, le 15 mai, du lanceur lourd Energia. Haut de 50 m, il pèse plus de 2 000 t au départ, délivre au décollage une poussée de 3 000 t, grâce à l'emploi de la propulsion cryotechnique et peut placer sur orbite basse une charge utile de 100 t environ.

En Europe, l'optimisme est de rigueur après le succès du dix-neuvième tir d'Ariane, le 15 septembre, qui marque la remise en service du lanceur après quinze mois d'inactivité. Succès confirmé le 21 novembre, lors du vingtième vol, qui permet la mise en orbite géostationnaire du satellite allemand de télédiffusion directe TV-SAT 1. À La Haye, les 9 et 10 novembre, le Conseil des ministres de l'Agence spatiale européenne, suivant les recommandations de la France, adopte pour les années 1990 un ambitieux programme en trois volets, comportant le développement du lanceur lourd Ariane 5, de la station Columbus et de l'avion spatial Hermès. Seul le Royaume-Uni refuse de s'associer à ce programme.

Philippe de La Cotardière

Géologie

Les années 70 ont été celles de l'océan. Les années 80 marquent un net retour à la Terre. Ce regain d'intérêt pour les continents s'est manifesté par de grandes campagnes géophysiques et la mise en œuvre de forages, soit dépassant la dizaine de kilomètres, soit moins profonds. La première politique a été suivie par l'URSS, qui a effectué un forage de plus de 15 km dans la péninsule de Kola. La RFA (programme KTB) commence juste (octobre 1987) un tel forage dans le Haut-Palatinat, le programme devant durer une dizaine d'années.

Le programme Géologie profonde de la France, mis en place en 1982, a abouti de 1985 à 1987 (Éd. 1987) à l'exécution de trois forages (Échassières, 900 m ; Chassolle, 1 400 m ; Sancerre-Couy, 3 400 m). Un important colloque s'est tenu à Paris début décembre 1987 afin de présenter les résultats scientifiques et techniques et de prévoir les opérations futures. D'ores et déjà, les retombées de ce programme sont importantes : études fines rendues possibles grâce à un carottage continu récupéré à plus de 98 p. 100, mises au point et améliorations de nouvelles sondes physiques en raison des fortes températures enregistrées en fond des trous ; affinements des modèles géophysiques, souvent mis en défaut, par calibrages avec les données réelles des forages.

Parmi les résultats scientifiques, citons la mise en évidence de l'origine entièrement magmatique des caractères du granité de Beauvoir (Échassières), la démonstration de la présence en profondeur de fractures ouvertes permettant les circulations hydrothermales et un apport de matière du manteau (Chassolle), l'établissement d'une échelle magnéto-stratigraphique complète du trias et la mise en évidence d'écaillés tectoniques de socle profond (Sancerre-Couy). Il ne s'agit pourtant là que des tout premiers résultats. Les carottes, mises à la disposition de la communauté scientifique, fourniront la matière à de nombreux travaux.

Bernard Bonin

Océanographie

La recherche se concentre autour de thèmes transdisciplinaires : les remontées d'eau profonde (fonctionnement et arrêt par réchauffement d'El Niño) ; processus abyssaux : entraînement gravitaire, altération, sources (découvertes aux Ryu-Kyu et dans le golfe du Mexique) ; flux inter-faciaux de la surface au fond. L'océanographie nouvelle, particulièrement dans le domaine des fluides, tend à être globale (planétaire et intégrée) par ses moyens et prévisionniste (simulation réaliste comme la météorologie) en ce qui concerne ses objectifs.