Pascale Chelin

France : régionalisation et décentralisation

Des conseils régionaux élus au suffrage universel

En apparence, l'année 1985 a marqué une pause dans la décentralisation. Après les grandes lois du 2 mars 1982 (droits et libertés des communes, des départements et des régions) et du 7 janvier 1983 (répartition des compétences), voici venu le temps de mettre en application les transferts préalablement décidés. Après l'action sociale et la santé en 1984, c'est au tour de l'enseignement d'être ainsi décentralisé, par la mise à disposition des départements et des régions de leurs collèges et de leurs lycées, malgré les élus locaux, inquiets de la vétusté des bâtiments scolaires. Les difficultés financières restent, en effet, la principale pierre d'achoppement de la décentralisation, les collectivités locales ne maîtrisant pas l'évolution de leurs ressources.

Ces débats, cependant, n'ont guère préoccupé l'opinion publique, qui s'est surtout intéressée à la vie politique locale à l'occasion des élections cantonales des 10 et 17 mars. Celles-ci ont marqué un nouveau recul de la majorité, qui ne contrôle plus que 26 départements sur 96 et 6 régions sur 22. Au lendemain de ce reflux, le gouvernement adoptait un projet de loi selon lequel les élections régionales auront lieu dorénavant au suffrage universel, au scrutin de liste départemental et à la représentation proportionnelle. L'opportunité d'une réforme qui crée (après la commune, le département, l'État et la Communauté européenne) un cinquième niveau électoral n'a pas été discutée. Plus justifié est le projet de loi (adopté le 6 novembre en Conseil des ministres) limitant le cumul des mandats, éventualité qui pourrait favoriser l'élargissement et le renouveau de la classe politique.

Guy Rossi-Landi

France : les Partis politiques

Une bombe à retardement : la représentation proportionnelle

1985 restera peut-être comme l'année de l'affaire Greenpeace, qui a entraîné la démission de Charles Hernu, ou celle de l'apaisement (provisoire ?) en Nouvelle-Calédonie, où les premières élections régionales ont eu lieu le 28 septembre. Mais ce fut surtout une année pré-électorale. Les élections cantonales des 10 et 17 mars ont montré une nouvelle dégradation du rapport de forces au détriment de la gauche (59-41 %), encore aggravée dans les sondages de fin d'année (62-38 %). On constate aussi que le Front national (8,7 %) est devenu un partenaire important du jeu politique et que le PC (12 %) a enrayé son déclin. Peu auparavant, il a d'ailleurs tenu son XXVe congrès, marqué par la rétrogradation, du bureau politique au comité central, de Pierre Juquin, le chef de file des rénovateurs. L'attention est bientôt accaparée par la préparation des élections législatives, dont on sait depuis le 3 avril qu'elles auront lieu à la représentation proportionnelle (ce qui a entraîné la démission de Michel Rocard). Le débat sur la cohabitation en 1986 entre François Mitterrand et une nouvelle majorité est ainsi modifié, car la représentation proportionnelle risque d'atténuer la victoire de la droite et le président de la République peut espérer former un gouvernement avec Jacques Chirac comme Premier ministre ; seuls les barristes souhaitent que la nouvelle élection présidentielle ait lieu le plus tôt possible, car Raymond Barre caracole toujours en tête des sondages. Ainsi divisée comme elle l'est envers l'immigration, autre débat récurrent et passionnel, l'opposition est affaiblie. Ses tentatives d'unité ne masquent pas ses désaccords, tant tactiques qu'idéologiques.

Le PS ne se porte guère mieux. L'unanimité obtenue au congrès de Toulouse (11-13 octobre) ne dure guère. Les parachutages de ministres suscitent beaucoup de remous chez les militants.

Guy Rossi-Landi

France : relations internationales

En 1985, la politique étrangère de la France s'est conformée aux objectifs énoncés par le 9e Plan (1984-1988) : préserver l'équilibre des rapports Est-Ouest, revivifier l'Europe, participer au développement du tiers monde.