Journal de l'année Édition 1986 1986Éd. 1986

Les nouvelles images

L'image a été et reste un moyen privilégié de conservation et de transmission de l'information ; depuis les grottes de Lascaux, l'homme a voulu exprimer par des images ses attentes, ses sentiments et ses espoirs. L'image a été ensuite utilisée pour l'écriture sous forme d'idéogramme, puis a accompagné l'écriture comme enluminure des ouvrages manuscrits ou imprimés ; la puissance de l'image sur l'homme, avec ses possibilités spécifiques de transfert de flux d'informations simultanées nombreuses et complexes, fait que la production et la diffusion de l'image ont été et sont toujours l'enjeu de recherches techniques et de luttes de pouvoirs.

1985 est une année remarquable, en France et à l'étranger, en matière de réalisations dans le domaine des images ; on a assisté à plusieurs événements majeurs, dont deux sont assez importants par leur impact sur le grand public, et par leurs aspects spectaculaires :
– la démonstration d'une certaine maîtrise de la fabrication d'image de synthèse, par des procédés informatiques. Au CNIT, à la Défense, quartier de Paris tourné vers les techniques d'avenir, s'est tenue en mars 1985 la première Semaine française de la communication audiovisuelle ; on a pu y mesurer l'avancement des matériels et logiciels de conception, de production et de visualisation d'images synthétiques ;
– le développement du nombre de chaînes de télévisions que l'on peut recevoir en France, par diffusion hertzienne classique ou par satellite ; l'année 1985 voit en effet s'affirmer le succès, après des débuts difficiles, de Canal Plus, suivi par les décisions du gouvernement d'utiliser les canaux hertziens de télévision disponibles afin de lancer en 1986 une cinquième chaîne nationale ouverte largement à la publicité et une chaîne éducative à caractère plus culturel. Enfin commencent à apparaître les réalisations pratiques en matière de réception d'émissions de télévision diffusées par des satellites. Et le premier satellite français de télévision directe est confirmé pour 1986, en plus du lancement du deuxième satellite de télécommunications français Télécom-1 qui réservera plusieurs canaux à des vidéotransmissions et des diffusions d'émissions de télévision ;
– enfin, dans le domaine plus classique du cinéma, on n'oubliera pas l'ouverture de la Géode, au sein du parc de la Villette ; le plus grand écran de cinéma du monde est inauguré en mars par le président François Mitterrand et accueille depuis le public. On peut y voir des films spécialement conçus pour utiliser l'écran hémisphérique de 1 000 mètres carrés, dans cette sphère d'acier étincelant qui semble flotter devant le massif bâtiment de la Cité des Sciences et de l'Industrie qui ouvrira en 1986, en lieu et place des anciens abattoirs de la Villette.

Ces images qui viennent du ciel

Afin de favoriser les télécommunications et de compléter les liaisons sous-marines de téléphone, divers satellites de télécommunications ont été lancés ces dernières années. Une part de leur capacité de trafic est souvent réservée pour des canaux de diffusion d'émissions de télévision. Rappelons le principe de ces satellites : ils sont placés sur une orbite équatoriale, située dans le plan de l'équateur, à une altitude de 35 800 kilomètres. Dans cette situation, les satellites ont une vitesse telle qu'ils semblent immobiles par rapport à la Terre et restent donc toujours dans la même direction pour un observateur terrestre : on les appelle des satellites géostationnaires ; et la place va être comptée sur cette orbite, qui commence à être bien remplie par des matériels américains, soviétiques et européens, au point que certains pays du tiers monde, pour préserver leurs droits et satisfaire leurs éventuelles capacités futures de lancement de satellites, ont demandé à être considérés comme les propriétaires des positions de la part de cette fameuse orbite située à la verticale de leur pays !...

Depuis 1982, plusieurs satellites diffusent sur l'Europe des émissions de télévision (voir le schéma de la zone de couverture télévision du satellite Eutelsat I). Ces satellites offrent un nombre variable de canaux affectés à cet usage selon le tableau ci-contre.