Sondages

Les surprises de la radioscopie

Comment évoluent les comportements et les mentalités ? Que pensent les Français, les Européens, de la crise et de l'avenir ? À quelles valeurs se raccrochent-ils ? Les résultats des sondages et enquêtes permettent de répondre à ces questions et de disposer, à un moment précis, de la température de la société. Voici quelques résultats valables pour 1983.

Culture

Avenir

Les Français ne sont pas optimistes sur les perspectives économiques. Ils sont deux fois plus nombreux à exclure le retour au rythme de croissance connu pendant les « 30 Glorieuses » qu'à l'envisager.

Deux surprises :
– Alors que, depuis dix ans, le poids de la crise a été supporté bien plus par les entreprises que par les particuliers, il est remarquable de constater un écart de près de 40 % entre ceux qui estiment qu'il faut donner la priorité à la santé des entreprises et ceux qui estiment qu'il faut d'abord s'occuper du niveau de vie des particuliers.
Seuls les électeurs du P. C. sont d'avis inverse et encore, à une très faible majorité.
– L'écart de 37 points est important entre ceux qui estiment que c'est en donnant plus d'influence aux chefs d'entreprise que l'on sortira de la crise et ceux qui préféreraient que l'on donne plus d'influence aux dirigeants syndicaux. Dans le même sens va la priorité au développement du secteur privé par rapport au développement du secteur public et nationalisé.
Parmi les choix plus controversés, on trouve la réduction de la durée du travail, la tentation protectionniste de fermer les frontières et l'éventualité de réduire les prestations sociales pour responsabiliser les individus plutôt que de développer la protection sociale au moment où la crise fait sentir cruellement ses effets. Ce dernier choix, même s'il n'est pas net (écart de 6 points) mérite qu'on le souligne : il indique le renversement d'une tendance qui a prévalu pendant plus de vingt ans.

Dénatalité

Les Français ont pris une réelle conscience de la baisse de la natalité en France et de ses dangers. Il s'agit là d'un élément tout à fait nouveau, car, dans le passé, l'opinion s'est montrée le plus souvent mal informée des problèmes démographiques. Ainsi, en 1975, alors que la baisse de la natalité était déjà accentuée, une large majorité de Français déclarait le nombre des naissances tout à fait suffisant.

Trois facteurs se détachent : le chômage, le développement du travail de la femme, la diffusion de la pilule. L'instabilité croissante des couples et le changement des valeurs (montée de l'individualisme) viennent ensuite.

L'incidence démographique de la diminution du nombre des mariages, du développement de l'union libre et de la déchristianisation est nettement moins perçue. Quant aux conséquences, les Français les perçoivent largement, et, en premier lieu, le risque pour la protection sociale qu'entraîne la dénatalité. L'opinion est consciente d'autres risques, notamment de la perte de dynamisme qu'entraîneraient le vieillissement de la population ainsi qu'une baisse du niveau de vie de tous.

Évolution

Inégalités

Mœurs

Une permissivité trop grande

Les Français, dans leur majorité, ne croient pas que l'on assiste actuellement à un choc en retour après la libération sexuelle des années 1970. Cependant, chez les jeunes et, en particulier, chez les femmes de moins de 35 ans, une majorité estime que l'on revient à une attitude plus sentimentale dans la vie amoureuse.

Notre société serait plutôt permissive dans le domaine sexuel, notamment en ce qui concerne les films et revues pornographiques et les sex-shops, et, à un moindre degré, l'homosexualité. Toutefois, sur chacun de ces problèmes, il existe une forte tendance chez les jeunes, et plus particulièrement chez les jeunes femmes, à trouver au contraire que notre société fait preuve d'intolérance. L'opinion rejette la programmation de films pornographiques à la télévision, même si un tiers des hommes y serait favorable.

Repli sur soi

Les Français sont insatisfaits à l'égard de la télévision. L'avis est pratiquement identique entre ceux qui se réclament de l'opposition (73 %) et ceux qui se réclament de la majorité (62 %).