Ce sera notamment le thème de son allocution à l'assemblée générale de l'Association nationale des industries de l'agro-alimentaire (ANIA).

Les implantations françaises à l'étranger sont pourtant supérieures à celles des étrangères en France. Mais 1981 vit sur la lancée de 1980. Si BSN-Gervais-Danone reprend le plus gros producteur de yaourts aux États-Unis, si Pernod-Ricard conforte son installation outre-Atlantique par l'acquisition de Field Crest, les entreprises — qui voient leurs ressources financières se dégrader — réduisent globalement leurs investissements, comblant ainsi difficilement leur retard. Même en France, l'effort d'investissement se ralentit : les opérations d'envergure sont très peu nombreuses, et ce sont toujours les mêmes grands qui les réalisent.

Ainsi BSN, après avoir vendu sa filiale « verre plat » à l'Américain PPG, concrétise la priorité donnée à l'alimentaire dans sa stratégie. Le groupe rachète peu après les filiales Liebig, Viandox, Materne au Britannique Brooke Bond. Lesieur reprend la division alimentaire d'Unipol (Nouvelles huileries et raffineries, Unipol, Excel, Soprodel, Société industrielle des oléagineux). Pernod-Ricard acquiert le numéro un mondial de la préparation de fruits pour l'industrie du yaourt, SIAS-MPA, à Lafarge-Coppée. Les grands deviennent plus grands, les petits plus petits. C'est une loi du genre à laquelle n'échappe pas davantage le gouvernement d'aujourd'hui que celui d'hier.

Structures

Les grands axes et les nouvelles structures commencent ainsi à se mettre en place, accompagnés par la création d'une mission agro-alimentaire auprès du ministère de la Recherche. Dans le même esprit, et afin de concrétiser l'importance que le gouvernement donne à ce domaine, est créé Idianova, qui soutiendra financièrement, par l'octroi de fonds propres, les sociétés décidées à innover. Diverses mesures complètent ces créations : budget en hausse (+ 56 %) pour la SOPEXA (Société pour l'expansion des produits agricoles et alimentaires), dont le programme d'action sera plus sélectif et plus concerté avec les entreprises ; mise en œuvre du Conseil de l'alimentation ; élaboration, en concertation avec les branches professionnelles, d'une politique sectorielle; dotation de 100 millions au fonds d'intervention stratégique ; mise à la disposition des caisses de Crédit agricole de 300 millions, à affecter aux PME régionales.

Mais l'argent ne suffit pas. Pour les industriels, deux problèmes restent en suspens. À l'intérieur des frontières, les rapports avec la distribution ne s'améliorent pas. Les transformateurs s'opposent toujours à leurs partenaires de la grande distribution et les accusent de bénéficier d'avantages discriminatoires ou de pratiquer des délais de paiement déraisonnables.

Réserves

Les tables rondes réunies sur les produits laitiers n'ont, à cet égard, donné aucun résultat. Les industriels s'interrogent sur la création des offices par produit. Pour Francis Lepatre, président de l'ANIA : « Il n'y a aucun intérêt à faire coexister des offices et des interprofessions. Il faut choisir l'un ou l'autre. » Et il s'oppose à tout étatisme comme à tout corporatisme. Le Conseil d'État a d'ailleurs émis plusieurs réserves sur le projet de loi. Pour lui, les offices ne peuvent, compte tenu de leurs missions, être des établissements publics, industriels et commerciaux. Certaines dispositions, comme l'agrément des négociants et la procédure d'agrément des importateurs de vin, étant contraires aux règles communautaires, le gouvernement a tenu compte de ces observations et remis ses projets en chantier.

Le texte présenté au Parlement dans le courant du mois de juin est très sérieusement remanié, la réforme restant pour une grande part dans le cadre des interprofessions.

Hors des frontières, les industriels de l'agro-alimentaire, tout en ne souhaitant aucun retour au protectionnisme, estiment que les règles du jeu de la politique européenne doivent être les mêmes pour tous, et réclament la disparition de l'accumulation des exceptions et des procédures aberrantes, causes de dissensions entre pays membres.