Il s'agit d'abord, en janvier 1982, d'une plate-forme d'accords doctrinaux élaborée à Lima (Pérou) par la commission Foi et Constitution du COE. Cent théologiens catholiques, orthodoxes, anglicans, réformés, luthériens, baptistes, adventistes et méthodistes demandent à leurs Églises une « réaction officielle » sur ce texte, qui donne une définition commune du baptême, de l'eucharistie et du ministère.

Des désaccords subsistent sur ce dernier point, notamment quant à l'ordination des femmes. L'importance historique de ce texte ne doit pas cacher qu'il ne reçoit pas partout le même accueil à la base, en particulier chez les baptistes et les réformés.

D'autre part, le rapport final de la commission anglicane-catholique en vue de la réunification, publié le 31 mars 1982 à Londres, marque un net rapprochement entre les deux Églises, sans pourtant écarter tous les points de désaccord. La commission aboutit à une série de propositions communes sur l'eucharistie, l'ordination et l'autorité dans l'Église.

Pacifisme

Le souci de dialogue interchrétien et de clarification du dogme n'empêche pas certaines Églises de manifester un engagement politique accru, notamment pour dénoncer les méfaits du racisme ainsi que le danger nucléaire.

Suivant l'exemple du COE qui avait boycotté trois grandes banques, la Fédération universelle des associations chrétiennes d'étudiants retire en décembre 1981 un million de dollars de la Société de banque suisse, qu'elle estime « très engagée dans les activités financières de l'Afrique du Sud ».

Mais l'utilisation de fonds du COE dans des programmes de lutte contre le racisme amène l'Armée du salut à passer du statut de membre plénier à celui de délégation fraternelle, qui lui permet de participer aux commissions axées sur le témoignage et le service chrétiens sans être liée par les positions politiques.

De très nombreux membres de l'Église évangélique en RFA participent par ailleurs, le 10 octobre 1981, à la marche de Bonn pour la paix et contre les fusées nucléaires. Parmi eux, le pasteur Niemoeller, un des animateurs de la résistance au nazisme, prisonnier personnel de Hitler pendant huit ans, dont le Monde publie un vigoureux plaidoyer pour le désarmement.

En RDA, 4 000 jeunes protestants demandent à l'Église évangélique de leur pays de les soutenir pour un service civil de paix.

Aux États-Unis, l'Église presbytérienne unie réclame en février 1982 le gel de l'armement nucléaire, tandis que nombre de catholiques et de protestants animent des manifestations pacifistes dont le développement inquiète la Maison-Blanche.

Orthodoxes

La commémoration du 16e centenaire du IIe Concile œcuménique (Constantinople 381) permet de tester la cohésion interne des Églises orthodoxes et leurs relations avec les autres Églises chrétiennes.

Aux offices des 6 et 7 juin 1981, à Istanbul, en présence d'une foule nombreuse, le patriarche Dimitrios est entouré par les représentants de la quasi-totalité des Églises orthodoxes et des Églises avec lesquelles les orthodoxes poursuivent le dialogue œcuménique. Le pape a délégué le cardinal Maximilien de Furstemberg, le COE son secrétaire général, le pasteur Philip Potter.

Dans une encyclique publiée à cette occasion, le patriarche œcuménique souligne la fidélité des orthodoxes aux décisions du concile de Constantinople : divinité du Saint-Esprit, qui procède du Père, et non aussi du Fils comme l'énonce le Credo latin (Filioque) ; prééminence d'honneur reconnue à l'évêque de Rome et, en second lieu, à l'évêque de Constantinople, la nouvelle Rome. Enfin, l'accent est mis sur le rôle fondamental du concile dans l'Église orthodoxe.

Dissonances

Signe qu'un dépassement des divergences entre catholiques et orthodoxes sur ces trois points paraît envisageable, un évêque orthodoxe, envoyé personnel du patriarche Dimitrios, prêche pour la première fois, à la veille de Pentecôte, en la basilique Saint-Pierre de Rome (Journal de l'année 1980-81). Le dialogue théologique entre orthodoxes et catholiques se poursuit, par le biais de commissions ad hoc qui se réunissent à Venise et Munich.