Il fallait « donner la parole aux gens », laisser s'exprimer les habitants des provinces, qui ne le peuvent que rarement et sont agacés de voir sans cesse la capitale leur dicter leur pensée : A2 présente en septembre Les gens d'ici, une émission qui restitue le parler des terroirs et les témoignages de ceux qui se souviennent. De l'Alsace aux Cévennes et de la Loire à la Méditerranée, les producteurs de ce quart d'heure quotidien, diffusé à 19 h 45, Antoine Gallien, Patrick Pesnot et Philippe Alfonsi, font découvrir une France différente. Leur émission s'interrompt cependant à la mi-mai sur une production jugée inopportune sur la Corse. Dommage !

On peut également regretter le faux pas de FR3 en janvier. Un journaliste au chômage propose à la rédaction de FR3 une rubrique de petites annonces de rencontre telles qu'elles fleurissent dans de nombreux magazines. D'abord accepté, le projet est violemment rejeté par le président de la chaîne par souci de la bienséance. Le producteur se retire aussitôt avec son projet-brulôt.

Initiatives

Difficile, le changement des habitudes et des mentalités ? Si on conserve soigneusement les émissions qui « marchent » et « durent », comme Apostrophe, le Ciné Club ou Dimanche Martin sur A2, Cinéma 16, Le nouveau vendredi sur FR3, certaines initiatives ne manquent ni de courage ni d'originalité. Si Ciné Parade, magazine du cinéma de Claude Villers, n'a pas tenu ses promesses, La dernière séance d'Eddy Mitchell (cinéma américain des années 50 avec les actualités et la réclame de l'époque) a trouvé son public, tout comme le Cinéma d'ailleurs, qui propose de découvrir le cinéma du tiers monde : une bonne et enthousiasmante décision.

De même le dimanche après-midi de FR3, Ouvert le dimanche, confié à Jean-Michel Damian et Jérôme Garcin, Elizabeth Couturier, Jacques Merlet et Vincent Lamy : grande musique, littérature, art et rock. Ce dernier n'est oublié par personne puisque A2 possède aussi son magazine spécialisé le jeudi avec Les enfants du rock, d'Antoine de Caunes. Le public de cette musique étant très recherché.

Alors, faut-il croire aux sondages alarmants qui en décembre affirmaient que les Français délaissaient leur télévision, qu'ils jugeaient trop « culturelle et, donc, ennuyeuse » ? On pourrait croire aussi, au succès que rencontre chaque samedi soir la série américaine Dallas, que la majorité des téléspectateurs se rue sur des émissions qu'elle décrie ensuite. Éternelle querelle entre le divertissement et la culture.

Il est certain que l'ambition est grande chez les nouveaux responsables : sans doute l'opinion est-elle victime de ses habitudes et peu disposée à en changer ? Sans doute y a-t-il beaucoup de maladresses chez les nouveaux artisans du petit écran ? Mais on ne peut nier chez les télécrates et téléastes une réelle volonté d'évolution. La loi de réforme sur l'audiovisuel, votée par le Parlement au mois de mai 1982, voudrait accentuer le processus dans un contexte proche de celui de la télévision anglaise, qui passe pour un modèle de démocratie et de liberté d'expression. C'est sans doute le pari le plus audacieux tenté en ce domaine en France depuis longtemps.

Radio

Une nouvelle donne

Elles étaient une quinzaine en activité avant le 10 mai 1981. Un an plus tard, on évalue à un millier le nombre des radios libres en France, dont quelque 300 stations ou projets pour la seule région parisienne.

Nul doute que ces radios privées, libres, locales, sont le joker venu désorganiser le jeu convenu entre les principales radios. Jusqu'alors, les quatre grandes stations se partageaient le meilleur de l'écoute et de la publicité, connaissant bien les règles de leur concurrence. C'étaient RTL, Europe 1, RMC pour les périphériques, France-Inter pour le service public.

Les sondages CESP pour l'année 1982 répartissaient ainsi l'écoute pour les trois plus importantes : 26,1 % pour Europe 1, 25,3 % pour RTL, 19,5 % pour France-Inter.

Or, la dernière vague de sondages 1982 marque une baisse sensible de l'auditoire global : 24,5 % contre 25,6 % au printemps pour RTL, 23,8 % pour Europe 1, qui entreprend une très légère remontée par rapport au printemps (23,6 %), 15,7 % pour France-Inter au lieu de 17,4 % au printemps.

Phénomène

Où sont passées les auditeurs ? Sur l'écoute des radios libres, en modulation de fréquence, présume-t-on.