Pour favoriser l'essor de la musique contemporaine, le ministère de la Culture a passe 61 commandes d'œuvres diverses à des musiciens consacrés comme Claude Prey, Adrienne Clostre, Jean-Claude Clay, Jean Françaix, François Frayle, Iannis Xenakis, Ivo Malec, Michael Levinas. En novembre, se déroulent, comme chaque année depuis dix ans, les Rencontres de Metz. Ce fief de la musique contemporaine a présenté en dix ans 278 œuvres, parmi lesquelles 91 ont été des créations mondiales. Parmi les plus remarquées, les Marches pour hâter la victoire de Maurice Kagel, Tiento de Cristobal Halffter, un Concerto pour violon de Philippe Boesmans, Incidences de Paul Mefano, Océan de terre de Claude Lefebvre.

Autre événement d'importance, le Festival d'automne, qui donne cette année un cycle Boulez avec 14 de ses œuvres, et notamment Le marteau sans maître, Pli selon pli, Rituel, Visage nuptial, et sa dernière création, Répons, découverte aux Journées de Donaueschingen et saluée par la critique comme une de ses plus grandes réussites pour son opulence sonore et l'alliage de la musique avec la technique. Dans cette dernière œuvre, Pierre Boulez, que l'on accusait d'avoir dirigé la musique contemporaine vers l'électro-acoustique sans avoir participé lui-même à cette expérience, utilise l'ordinateur comme moyen d'expression. À 56 ans, le maître de l'Ircam s'impose, plus que jamais, comme le grand magicien de la musique instrumentale.

Ce retour offensif de la musique contemporaine trouve un aboutissement avec l'éclatante réussite du concert donné en janvier par l'Orchestre de Paris, dirigé par Sylvain Cambreling, où la grande soprano antillaise Eda-Pierre fait triompher la belle œuvre de Charles Chaynes Pour un monde noir, incantation puisée aux sources des sortilèges du folklore africain.

La musique de l'avenir poursuit à Nice, en février, ses recherches et ses expériences avec les MANCA (Musiques Actuelles Nice-Côte d'Azur), en utilisant l'UPIC, la fameuse machine à composer de Xenakis, cependant qu'un programme de 17 concerts, avec notamment des œuvres de Boucourechliev, Eloy, Essyad, Ligeti, Ferrari, Barbaud, Boulez, Berio offre un panorama très riche des styles et des tendances de la musique actuelle. Dans le domaine lyrique, la réalisation la plus intéressante de cette saison est certainement le spectacle musical de Roberto de Simone L'Opéra Buffa del Giovedi Santo, trois actes qui restituent avec brio et humour la vie musicale napolitaine de la fin du xviiie siècle. Cette production du Teatro Comunate Metastasio et de l'Ente Teatro Cronaca de Naples, donnée au Théâtre des Amandiers de Nanterre, apporte un sang neuf au théâtre lyrique contemporain. Le Grupo d'accion instrumental de Buenos Aires, dans la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, reconstitue dans Hystérie les phases de la crise hystérique telles que Charcot les a décrites. Théâtre musical superbe.

Grand prix de la Ville de Paris

(10 décembre 1981)

Musique : Betsy Jolas.

Grand prix national
(18 décembre 1981)

Musique : Jean-Claude Eloy.

Danse

Une année charnière

Ouvrir un chapitre de danse sur des considérations politiques peut paraître paradoxal, outrecuidant même. Mais les arts ne sont pas des phénomènes abstraits coupés de la vie réelle ; il suffit d'une élection pour que le paysage culturel change.

Ronald Reagan devient président des États-Unis et voici réduits au minimum les crédits consentis à l'avant-garde ; résultat : tous les groupes de danse dits post-modern se trouvent sans ressources. Un vent de panique souffle sur New York, et les compagnies déferlent plus que jamais sur l'Europe, mais surtout sur la France où elles ont trouvé depuis dix ans un terrain d'élection. C'est tant mieux pour notre pays, qui a un retard à combler dans ce domaine.

Viola Farber s'est installée au Centre contemporain d'Anger (CNDC) en remplacement de Nikolaïs ; avec son remarquable sens pédagogique et une rare vitalité, elle a mis en place un cursus d'enseignement pratique et théorique qui devrait donner aux danseurs français une solide formation de base.