Cette ronde des festivals d'été s'est achevée en septembre à Lyon avec le Festival Berlioz, dont on retiendra Les nuits d'été, chantées par Barbara Hendricks, et Béatrice et Bénédict, avec Christiane Eda-Pierre et G. Bacquier.

La saison des concerts a pris un départ en beauté dès la mi-septembre, avec Riccardo Muti dirigeant, aux Champs-Élysées, le Philharmonia de Londres dans la 9e Symphonie de Beethoven et la Symphonie italienne de Mendelssohn, et avec Georg Solti, au Châtelet, à la tête du Chicago Symphony Orchestra, dans la 9e Symphonie de Mahler. L'Orchestre de Paris, sous la direction de son chef, Daniel Barenboïm, inaugure sa saison avec l'intégrale des Symphonies de Beethoven, et le Festival de musique de chambre de Paris choisit son répertoire parmi les gloires consacrées : Bach, Vivaldi, Haendel, Mozart, Beethoven, Berlioz, Brahms et Debussy.

Le pianiste rescapé des geôles uruguayennes, Miguel Angel Estrella, donne le 24 octobre, salle Pleyel, son premier récital parisien et bouleverse son auditoire par son interprétation de la sonate La tempête op. 31 de Beethoven et de la Sonate funèbre de Chopin. Une soirée entière consacrée à Prokofiev fut pour Lorin Maazel l'occasion de déployer toutes les ressources de l'Orchestre national, aux Champs-Élysées, et le retour de Seiji Ozawa, au Théâtre musical de Paris, est fêté comme celui de l'enfant prodigue avec une idyllique Pastorale de Beethoven et un fulgurant Sacre du printemps de Stravinski. Colin Davis galvanise à son tour l'Orchestre de Paris, salle Pleyel, dans deux concerts Mozart-Berlioz.

Rencontre

Il faut mentionner la rencontre de deux monstres sacrés, le pianiste Alfred Brendel et le chef italien Claudio Abbado, avec le concours de l'Orchestre de Paris, salle Pleyel, le 27 janvier, dans un programme qui comprenait deux œuvres de Brahms, le Concerto pour piano n° 1 et la Symphonie no 1. En février, le Concertgebouw d'Amsterdam et son chef Bernard Haitink, salle Pleyel, donnent une inoubliable interprétation de la 9e Symphonie de Bruckner ; une autre grande formation, celle de l'Orchestre de Washington, dirigé par Rostropovitch, salle Pleyel, joue la 5e Symphonie de Chostakovitch et la 2e Symphonie de Schumann.

Rostropovitch revient, en soliste, en mars, pour jouer le Concerto pour violoncelle de Dvorak, avec l'Orchestre de Paris dirigé par Zubin Metha. Il conduit, salle Pleyel, avec en soliste sa femme, Galina Vichnevskaia, un bouleversant War Requiem de Britten. Abbado est en mai aux Champs-Élysées et à Pleyel, à la tête du London Symphony Orchestra, pour diriger Mahler, Strauss, Mozart et Moussorgski. Daniel Barenboïm et l'Orchestre de Paris ouvrent au Châtelet le festival Mozart, avec la Symphonie concertante et le Requiem.

La saison de concerts de l'Athénée a été très suivie. Elle a été marquée par le fascinant retour d'un des derniers grands monstres sacrés du lyrique, la cantatrice turque Leyla Gencer, étonnante de style, d'intelligence, de subtilité, dans un programme extrêmement varié allant de la mélodie au grand air d'opéra. Autres grands interprètes, Galina Vichnevskaia, Grace Bumbry, Hanna Schaer, Frederica von Stade, Gundula Janowitz, entre autres.

Parmi les solistes instrumentaux, de jeunes pianistes ont vu leur talent confirmé : François-René Duchâble, que Karajan fit débuter, Eugen Indjic, Bernard d'Ascoli et surtout Ivo Pogorelich, Yougoslave de 24 ans, lancé dans la carrière internationale grâce à deux disques où il interprète, avec une technique étonnante, un récital Chopin et la Sonate op. 111 de Beethoven, couplée avec les Études symphoniques et la Toccata de Schumann.

Pleyel refait peau neuve

La vieille salle Pleyel, inaugurée le 18 octobre 1927, a fait place à un magnifique auditorium de 2 300 places offert par le Crédit Lyonnais à la Ville de Paris. Cette nouvelle salle Pleyel est inaugurée, le 14 octobre 1981, par l'Orchestre de Paris, sous la direction de Daniel Barenboïm, avec Notations de Boulez et la Neuvième Symphonie de Beethoven. Cet événement est retransmis en direct par TF1. Dans une ravissante symphonie de bleus et de bois clair, le public a découvert un lieu privilégié où l'harmonie et le goût, pour le plaisir de l'œil et le confort, se conjuguent avec la perfection d'une qualité acoustique due à l'acousticien israélien Melzer. Cette rénovation a coûté 35 millions de F, mais elle devrait s'avérer rentable puisque son administrateur, Jean-Pierre Guillard, a passé un contrat de sept ans avec l'Orchestre de Paris qui donnera 70 concerts par an. C'est le plus beau cadeau que l'on pouvait faire aux mélomanes, de plus en plus nombreux.

Lyrique

L'Opéra transplanté, pendant les travaux du Palais Garnier, au Palais des Sports puis aux Champs-Élysées, secoué par des dissensions intérieures, fut bien souvent au-dessous de sa réputation. La Carmen, mise en scène par Maréchal au Palais des Sports, est accueillie plus que fraîchement tant sur le plan scénique que vocal ; par contre, l'adaptation très libre que donne l'ouvrage de Peter Brook, sur les arrangements musicaux de Marius Constant, sous le titre La tragédie de Carmen, aux Bouffes du Nord, remporte un triomphe unanime, et la Carmen montée pour la première fois à Pékin, en janvier, par Jacqueline Brumaire et Pierre Terrasson, et dirigée par Jean Périsson, a un retentissement mondial.