Spectacles

Musique

Mise en place de nouvelles orientations

Jack Lang, ministre de la Culture, et Maurice Fleuret révèlent, le 3 février 1982, au cours d'une conférence de presse, les orientations de leur nouvelle politique musicale et annoncent les mesures qu'ils ont adoptées :
– création d'un Conseil supérieur regroupant « les forces vivantes de la musique » ;
– réorganisation de la Direction de la musique en sept départements distincts ;
– construction d'un nouveau Conservatoire supérieur de Paris à La Villette ;
– création d'un orchestre national de jeunes ;
– projet d'une nouvelle salle pour l'Opéra ;
– augmentation de 115 % des crédits accordés aux théâtres lyriques municipaux ; majoration des crédits accordés aux industries françaises (disques, facture instrumentale, éditions musicales) ; un plan (inauguré avec Rameau et Debussy) est prévu sur dix années pour l'édition graphique du patrimoine musical ;
– aides pour les festivals qui constituent, à l'étranger, une image de marque de la musique en France.

Les Hommes

Maurice Fleuret est nommé, le 28 octobre, directeur de la Musique au ministère de la Culture, en remplacement de Jacques Charpentier, qui se voit confier la Direction générale de la musique de la ville de Nice. Maurice Fleuret (50 ans), compositeur, conférencier et critique musical au Nouvel Observateur, fut le promoteur des Journées de musique contemporaine à Paris de 1968 à 1972 et, depuis 1977, il préside aux destinées du Festival de Lille. Sa nomination donnera certainement à la musique contemporaine, dont il est un des ardents défenseurs, une impulsion nouvelle. Il ne faudrait pas que cette orientation se fasse au détriment de notre patrimoine musical, où il reste encore tant d'œuvres à redécouvrir et tant de musiciens négligés à remettre de nouveau en lumière.

Massimo Bogianckino, surintendant du Teatro Communale de Florence, prendra la direction de l'Opéra de Paris en 1983, en remplacement de Bernard Lefort, qui, à la suite de sa gestion fort contestée, ne verra pas son contrat prolongé. On attend beaucoup de l'expérience de cet Italien de 60 ans qui, depuis vingt ans, a présidé aux destinées artistiques de l'Opéra de Rome, puis du Festival de Spolète, enfin de la Scala de Milan, avant de redonner au Mai florentin une impulsion nouvelle.

René Koering, compositeur et producteur à la radio, succède, en janvier, à Alain de Chambure à la tête des programmes de France Musique. Ses ambitions : que toutes les musiques soient présentes sur les antennes et qu'elles ne soient plus encombrées de bavardages inutiles.

Festivals

Comme chaque année, juillet a vu l'éclosion des festivals d'été. À Aix, après un Don Giovanni sans relief, médiocrement chanté, où seule échappait à la grisaille la touchante Donna Elvira d'Isobel Buchanan, le miracle Rossini se renouvelle : Tancredi obtient un très grand succès, avec l'étonnante Marilyn Horne et Katia Ricciarelli, Amenaïde aussi belle à voir qu'à entendre. À Orange, décevante reprise du Trouvère de Verdi et de La flûte enchantée de Mozart, avec les très belles voix de Barbara Hendricks, Wieslaw Ochman et Benjamin Luxon. À Carpentras, une Carmen, intelligemment mise en scène par Jean-Claude Auvray et attachante par la présence de Victoria Cortez. Carmen encore à Nîmes, avec l'interprétation sobre et intelligente de Régine Crespin. Au festival corse des Milleli, Les noces de Figaro avec la charmante Suzanne de Danielle Perriers.

Près de 3 000 personnes acclament au Festival de Perpignan Rostropovitch dans le Concerto de Dvorak, dirigé par Alain Lombard à la tête de l'Orchestre philarmonique de Strasbourg, tandis qu'à Saintes Jean-Claude Malgoire et Philippe Herreweghe font revivre le xviie siècle avec les Leçons de ténèbres de Marc Antoine Charpentier et la révélation des Motets d'Henri Dumont. Parmi les autres festivals, de plus en plus nombreux, il serait injuste d'oublier celui de Lille (Le mariage secret de Cimarosa, donné par le Regio de Turin, et le Stabat Mater de Rossini) ; celui de Toulon, qui s'est consacré à Jean-Sébastien Bach ; celui des Fêtes musicales de Touraine, où la grande Elizabeth Schwarzkopf, fascinante et infatigable, prodigua pendant une semaine ses précieux enseignements.